Irak: le cardinal Sako met en garde contre un «tsunami» politique

Les blocs politiques irakiens doivent entamer une table de concertation nationale pour mettre fin à l’impasse institutionnelle qui paralyse le pays, avant qu'»un tsunami ne nous emporte tous», a lancé le cardinal Louis Raphael Sako, Patriarche de l’Église chaldéenne.

«La situation est effrayante, aucun retard me peut être toléré. Les dirigeants politiques, mais aussi les autorités religieuses, doivent remédier à la situation, avant qu’un tsunami ne nous emporte tous», a déclaré le cardinal Louis-Raphael Sako, le 31 juillet. Le patriarche de l’Église chaldéenne a utilisé une image extrême et dérangeante pour tirer la sonnette d’alarme sur la nouvelle phase de chaos politique qui règne en Irak, rapporte l’agence Fides.

Parlement occupé

Les militants de la coalition politique dirigée par le leader chiite Moqtada al Sadr ont occupé le Parlement le 31 juillet, où les parlementaires élus lors du scrutin du 10 octobre ne sont pas encore parvenus à un accord sur l’élection d’un nouveau président et la formation d’un nouveau gouvernement.

Les militants des partis chiites pro-iraniens, ont répliqué en organisant, le 3 août, des manifestations et des sit-in permanents dans les environs du Parlement occupé. La situation pourrait dégénérer en de violents affrontements entre milices armées et en un chaos de guerre civile.

Dans son appel, le cardinal irakien a demandé à tous de reconnaître avant tout l’échec du système politique fondé sur la répartition des fonctions politiques et institutionnelles sur une base sectaire. L’approche sectaire et le soi-disant «système de quotas», a souligné le patriarche chaldéen, ont engendré «corruption et injustice». Il est nécessaire de trouver de «nouvelles approches et de nouveaux moyens» pour concevoir un système politique efficace, dans lequel les institutions sont mises au service du peuple, et non d’intérêts partisans.

Impasse politique

Les élections législatives du 10 octobre 2021 avaient vu une nette affirmation de l’alliance électorale dirigée par Muqtada al Sadr, qui avait obtenu 73 des 329 sièges disponibles au Parlement. En revanche, le poids parlementaire des partis chiites pro-iraniens avait été réduit, et ils avaient fortement contesté les résultats.

Après des mois d’impasse politique, au cours desquels des vétos croisés avaient empêché l’élection d’un nouveau président et la formation d’un nouveau gouvernement, la coalition sadriste a retiré ses représentants élus de l’Assemblée parlementaire l’année dernière, mobilisant la masse de ses militants – principalement des chiites des quartiers pauvres de Bagdad et de tout le sud de l’Irak – pour demander de nouvelles élections et empêcher les rivaux chiites pro-iraniens – dirigés par l’ancien premier ministre Nouri al-Maliki – de former un gouvernement.

L’occupation du parlement par les militants sadristes visait précisément à empêcher l’élection du chiite Mohammed al-Sudani, lié à al-Maliki, au poste de Premier ministre. En Irak, la division ethnique-confessionnelle des fonctions institutionnelles, imposée après le renversement du régime de Saddam Hussein, exige que le chef de l’État soit choisi parmi les représentants politiques kurdes, tandis que le président du Parlement doit être un sunnite et le Premier ministre un chiite. (cath.ch/fides/bh)

Bernard Hallet

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