Aux Camps Voc’ sur les pas de saint Paul

Une vingtaine d’enfants de 10 à 12 ans ont participé aux Camps Voc’ à Ependes (FR), à la fin juillet 2022. A l’occasion d’une marche dans la campagne fribourgeoise, ils ont retracé le périple de saint Paul en Méditerranée, en se penchant sur le thème de l’accueil de l’autre et de la fraternité.

Sous un beau soleil estival, les enfants et leurs accompagnantes et accompagnants, se rassemblent à l’extérieur de la maison de la Reine Berthe, à Ependes. Certains s’attardent encore autour de la table de ping-pong. L’un des garçons du groupe sonne soudain avec enthousiasme la cloche à l’extérieur du bâtiment, signal de la mobilisation et du départ. «Nous avons de la chance avec le temps, nous avons évité les grosses canicules et la pluie», se réjouit David, le cuisinier.

Célébrer Dieu dans la joie

La troupe s’engage en ordre dispersé sur les petites routes au sein de la campagne verdoyante. La marche est au début en descente, à la grande satisfaction des enfants.

L’abbé Joseph Demierre, l’aumônier, mène la procession d’un pas décidé. «Nous avons toujours de la peine à le suivre, s’amuse Catherine Rossier, la responsable du camp. C’est un grand marcheur.» Le prêtre fête pourtant en ce 27 juillet son 71e anniversaire. Il est un vétéran des Camps Voc’, auxquels il participe depuis 43 ans.

L’abbé Joseph Demierre explique le voyage de Paul à Antioche de Syrie. Camps Voc’ 2022 | © Raphaël Zbinden

L’événement d’Ependes s’inscrit dans le programme Festi’Jeux, qui est l’une des propositions des Camps Voc’, organisé par le Centre romand des vocations (CRV). Le but de cette semaine et d’apprendre à mieux connaître la Bible tout en s’amusant. De nombreuses activités ludiques sont proposées, en plein air et à l’intérieur, pour «célébrer Dieu dans la joie», explique Catherine Rossier.

Antioche de Syrie

Le périple du jour, dans la région de la Gérine, fait surtout appel à l’imagination. Il reproduit les principales étapes de saint Paul dans sa mission évangélisatrice autour de la Méditerranée. Les voyages de l’apôtre sont le thème des Camps Voc’ 2022. La colonie de la Reine Berthe figure à la fois son point de départ, Damas, et son point d’arrivée, à Rome, où le saint vécut son martyre.

La troupe se pose tout d’abord dans une petite combe ombragée, en contrebas d’une ferme. Nous sommes à Antioche de Syrie. C’est dans cette ville que l’apôtre avait commencé ses pérégrinations pour soutenir les premières communautés chrétiennes qui s’y étaient constituées. L’abbé Joseph commence par des explications historiques sur la visite de Paul dans la ville. «C’est à Antioche que pour la première fois on a qualifié les adeptes de Jésus de Nazareth de ‘chrétiens’».

Sur les bords de la Gérine (FR). Camps Voc’ 2022 | © Raphaël Zbinden

Les enfants composent ensuite trois groupes, encadrés par les accompagnants, pour approfondir le thème de l’accueil. Ils sont invités à parler de leurs expériences personnelles. «Quand ai-je bien ou mal accueilli une personne? Quand ai-je été bien ou mal été accueilli moi-même?». Bisbilles entre frères et sœurs, sentiment d’être laissé de côté à l’école… les enfants expriment de nombreuses situations les ayant mis face à de délicates questions, dont celle du pardon.

Une fois les échanges terminés, l’aumônier invite donc de «demander pardon pour toutes les fois où l’on n’a pas su accepter les opinions différentes». L’abbé Joseph célèbre aussi la première partie de la messe «fragmentée» qui doit s’achever à Athènes.

«C’est quoi être chrétien?»

Après la Syrie, c’est vers une autre Antioche, celle de Pisidie (dans l’actuelle Turquie), que les marcheurs se dirigent. Après une courte descente, le parcours quitte la voie goudronnée et longe les pentes boisées des rives de la Gérine. Sur ce chemin plus abrupt, il faut prendre garde aux racines et aux roches qui menacent de faire trébucher le «pèlerin». Puis le chemin devient plus plane et accueillant à mesure que l’on arrive au niveau de la rivière.

Antioche de Pisidie se dévoile au tournant d’un sentier, en tant que berge idyllique entourée de saules, où l’eau claire et calme laisse apercevoir un poisson. Le thème de cette étape est «C’est quoi être chrétien?». Pour donner quelques pistes aux enfants, l’abbé Joseph prononce l’extrait d’Evangile sur le Bon Samaritain.

La marche en forêt a apporté de la fraîcheur. Camps Voc’ 2022 | © Raphaël Zbinden

A nouveau les groupes se forment. «Etre chrétien, c’est appliquer les 10 commandements et croire en Dieu», assure une jeune fille. «C’est pardonner le mal qu’on nous a fait», glisse une autre. Beaucoup d’autres réponses font référence à la fraternité. «Etre chrétien, c’est aider son prochain et accepter les différences», lance un garçon. «C’est respecter les autres comme s’ils étaient nos frères» se risque un autre.

Avant de quitter la ville du Proche-Orient, une tâche est donnée aux enfants: trouver sur la route des objets qui symbolisent pour eux la foi chrétienne. Sur la suite du chemin, les marcheurs s’exécutent en explorant attentivement l’environnement.

Pain, salami et carottes

Les rives de la Gérine, dans la zone du village de Marly, devient vite plus «humanisée». Le petit sentier serpentant entre les arbres s’est changé en une route droite de gravier où le soleil tape dur.

Les marcheurs sont contents d’arriver en Grèce pour la pause de midi. Les villes helléniques où Paul a pu séjourner (Athènes, Corinthe, Philippes…) sont regroupées sur cette large berge caillouteuse, qui s’étend en-dessous d’une petite cascade. L’église de Marly, où la messe doit s’achever, n’est qu’à une centaine de mètres. En cet endroit, les activités plus prosaïques prennent d’abord le dessus: les ricochets, les jets de pierre dans l’eau, le repas de midi, pain, salami et carottes…

«La Création est le plus beau temple du Seigneur»

L’étape grecque est cependant marquée par une série de contretemps. La marche a duré plus de temps que prévu et certaines escales de Paul (telle que Malte) ne seront pas réalisables. De plus, les cloches de l’église se mettent à sonner. Des funérailles s’y déroulent. Qu’à cela ne tienne, Joseph Demierre décide de célébrer la fin de la messe «fragmentée» sur place. «Après tout, la Création est le plus beau temple du Seigneur».

L’abbé Joseph Demierre a terminé la messe sur les bords de la Gérine (FR). Camps Voc’ 2022 | © Raphaël Zbinden

Une grosse pierre en guise d’autel, et les dernières phases de la célébration, dont l’Eucharistie, sont réalisées. Les enfants approchent pour déposer au pied de l’autel leurs objets symboliques. La pierre sur laquelle s’est érigée l’Eglise, une feuille dont le réseau de nervure figure la fraternité humaine, de l’eau, ou encore une mûre trouvée sur le chemin, autant de symboles de la Vie accordée par le Christ. Benjamin a même construit un petit cairn accompagné d’un morceau de bois sur lequel il a écrit au charbon «Dieu est amour».

Semer la foi

La fin de l’après-midi en vue, il est temps de revenir à Ependes. «Encore une journée enrichissante» pour l’abbé Joseph, qui accompagne avec toujours autant de plaisir les enfants aux Camps Voc’, même après des décennies de participation. Mémoire vivante de cette institution, il a tout de même vu, au fil des ans, l’engouement s’éroder. «Quand cela a commencé, à la fin des années 1960, il y avait plus de 500 inscrits, assure-t-il.» Aujourd’hui, il y a environ deux fois moins de participants.

Ce qui ne constitue pas, pour les organisateurs, un motif de découragement. «Quel que soit l’appel que Dieu leur adresse, les enfants trouvent ici la joie de vivre, prier et chanter en communauté, conclut Catherine Rossier. Entendre parler de Dieu et de son amour dans un cadre fraternel et bienveillant, ça change la vie!» (cath.ch/rz)

Raphaël Zbinden

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