Lillian Crowchief, de la nation Siksika – du Sud de l’Alberta – est une survivante des écoles résidentielles. «Je viens d’une famille de onze enfants. Mes parents et mes grands-parents sont tous allés en pensionnat, les trois plus âgées de mes frères et sœurs aussi. Moi je suis allée en école résidentielle de jour», explique-t-elle.
«Je suis ici pour avancer dans ma guérison», confie Lillian. «J’ai 60 ans. C’est la première fois que je vois le pape, et c’est un moment très important pour mon chemin de guérison (…) Mes grands-parents et mes parents sont décédés, et hier quand le pape est allé à Maskwacis, j’y étais, et j’ai senti leur présence, j’étais heureuse d’être là pour eux», ajoute-t-elle en baissant la voix, manifestement émue.
«C’est une bénédiction d’être là avec mon peuple, d’être présente ici comme survivante, d’être ensemble», ajoute Lillian. Elle compte coûte que coûte «poursuivre la guérison».
«Nous sommes ici pour les peuples autochtones», affirme tout de go un couple de retraités d’Edmonton, Sandra et Roger. Ils sont installés sur les sièges de la pelouse centrale, en face du podium. «Il est temps de prendre le juste chemin, il est temps de prendre conscience de ce passé et de se réconcilier», renchérit Roger, engagé au sein de leur paroisse dans la pastorale de réconciliation et le processus d’écoute.
Le voyage du pape? «C’est un bon début», avance-t-il prudemment. «À l’avenir, nous espérons abattre toutes les barrières, et comme notre tee-shirt le dit: Marcher ensemble. Nous ne devons ni mener ni suivre, nous devons marcher ensemble.»
Dans les gradins, une famille de neuf enfants est venue d’Okotoks, en Alberta, à trois heures de route. Eux aussi sont guidés par le mot «réconciliation». «Pas seulement pour les autochtones et les premières nations, mais aussi pour tous ceux qui ont quitté l’Église et se sont éloignés», lance le père de famille.
«Nous avons besoin de nous rassembler dans le Christ», poursuit-il, avant de s’enthousiasmer: «Nous remplissons les stades pour des matchs de football et tout le monde est excité; ici nous le remplissons pour le Christ, avec le pape François, pour apporter la joie et la paix dans le monde, c’est fantastique!»
Mira, originaire du Mexique, vit à Calgary, dans la même province de l’Alberta. Catholique, très attachée à sa foi qui est «le centre de sa vie», elle tenait à être présente «pour la guérison» de son pays d’accueil: «Les gens, ici au Canada, ont vraiment besoin de la bénédiction et de la guérison. Je fais partie de l’Église, donc je me sens engagée dans ce processus».
Une délégation de membres de la communauté Sakjeenj, portant des tee-shirt oranges, sont venus en bus du Manitoba à 15h de route. «Toute ma famille était en école résidentielle», raconte Sofia. «On nous a privés de notre langue, de notre culture, nous nous battons aujourd’hui pour les retrouver». Pour la sexagénaire, être ici, dans la foule, «c’est comme un processus de guérison, pour tout ce que nous avons dû vivre».
À ses côtés, Faith, trentenaire, est fille d’anciens élèves des écoles résidentielles. «Pour moi, confie-t-elle, c’est une guérison intergénérationnelle. J’ai grandi comme catholique au sein de l’Église, je ne connais rien de ma culture, de ma langue. J’ai senti que cela m’avait été enlevé. Maintenant, je suis plus âgée, j’ai des enfants, j’essaie de retrouver mes racines par moi-même.» (cath.ch/imedia/ak/rz)
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