Au lendemain de son arrivée au Canada, le pontife s’est rendu dans la campagne verte de l’Alberta, à une centaine de kilomètres d’Edmonton (Alberta), où quelque 2’000 survivants des pensionnats, parmi lesquels de nombreux aînés et des gardiens du savoir, ont convergé pour le rencontrer.
Le pape a d’abord visité l’église de la communauté catholique locale, Notre-Dame des Sept Douleurs, desservie par un prêtre autochtone, le Père Gary Laboucane. Accompagné par un batteur à main traditionnel, le pontife a ensuite rejoint – en fauteuil roulant – le grand cimetière d’Ermineskin, où il s’est recueilli en silence quelques minutes. Dans ce cimetière qui abrite des tombes marquées et anonymes, reposent très certainement des restes d’anciens élèves de pensionnats, ont informé les organisateurs de l’événement.
Troisième étape sur les lieux: le pape s’est arrêté sur le site du premier bâtiment du grand pensionnat établi sur ces terres. Désormais disparu, l’édifice était commémoré par cinq tipis, quatre pour les nations présentes à Maskwacis (Louis Bull, Montana, Samson et Ermineskin) et le cinquième symbolisant l’entrée de l’école.
Toujours en fauteuil roulant, le pape de 85 ans a poursuivi le chemin jusqu’à une tonnelle en forme de cercle, zone de rassemblement traditionnel – pow wow – autochtone, où l’attendaient ses hôtes. Sous les yeux du pape posté sur un podium, des chefs autochtones ont alors défilé en tenue traditionnelle, coiffés de plumes, entrant par la porte Est et se déplaçant symboliquement selon le mouvement du soleil. Derrière eux, des dizaines de personnes portaient une immense bannière rouge avec les noms de 4’120 enfants autochtones morts au sein des écoles résidentielles.
Après les paroles d’accueil du chef cri Wilton Littlechild, survivant des pensionnats et figure du processus de Vérité et Réconciliation du Canada, le pape François a prononcé son premier discours du voyage, durant lequel il a demandé pardon «avec honte et clarté», pour «le mal commis par de nombreux chrétiens contre les peuples autochtones». Ses paroles, traduites en anglais par un interprète, ont été saluées par plusieurs salves d’applaudissements dans la foule.
En réponse à son discours, s’est élevé un chant indigène traditionnel présenté par les organisateurs comme «un geste d’ouverture et, pour certains, d’acceptation des excuses du Saint-Père». Les participants ont également prié le Notre Père en langue cri.
Et, en geste symbolique très applaudi, le pape a remis des mocassins pour enfant à Marie-Anne Walker-Pelletier, ancien chef de la première nation okanese Saskatchewan. L’évêque de Rome avait reçu ces mocassins des délégations venues le voir en mars dernier, qui lui avaient demandé de les rapporter en personne de l’autre côté de l’Atlantique.
La rencontre s’est conclue par une «danse de guérison», et le pape a revêtu une coiffe traditionnelle. La fin de la matinée a aussi été marquée par le chant déchirant d’une femme, en larmes, qui a voulu exprimer au pape la souffrance de son peuple. Dans l’après-midi, le pape doit se rendre à l’église du Sacré-Cœur des Premiers peuples, la paroisse nationale des autochtones à Edmonton. (cath.ch/imedia/ak/rz)
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