Pierre Hostettler voulait sans l’avouer «revoir Assise et mourir». Il n’y est pas arrivé, écrit son confrère capucin Bernard Maillard dans un hommage qui sera prochainement publié dans Frères en marche, la revue missionnaire des capucins de Suisse. Atteint dans sa santé depuis deux ans, le Frère Hostettler a tout de même tenté de partir en pèlerinage du 18 au 25 mai 2022 dans la ville du Poverello, étant chargé officiellement de l’animation de ce pèlerinage avec le Frère Marcel Durrer (les capucins font partie de la famille franciscaine). Pierre Hostettler a cependant dû être rapatrié de l’Italie à l’hôpital de Sion au cours du trajet, à cause de la dégradation de son état de santé. Il rendra son dernier souffle dans le chef-lieu valaisan quelques mois plus tard, le 17 juillet.
Pierre Hostettler est né à Genève en 1943, dans une famille d’origine bernoise. Il décroche en 1964 la Maturité fédérale au collège de l’Abbaye de Saint-Maurice (VS). Il rentre au noviciat en novembre 1964 à Lucerne. Il se retrouve en théologie au couvent des Capucins de Sion en 1966. Il est ordonné prêtre à la chapelle du couvent de la capitale valaisanne en 1970 par Mgr Olivier Maradan, évêque missionnaire aux Seychelles.
Ses études théologiques terminées, il est envoyé à Fribourg pour son année de pastorale en septembre 1970 avec trois étapes: il y sera vicaire stagiaire à St-Ursanne, puis aumônier stagiaire aux hôpitaux de Lausanne et finalement au couvent de Romont. Il est envoyé en 1971 à L’Institut catholique de Paris pour y étudier la musicologie liturgique. Il y obtient un certificat de chef de chœur. Il rejoint au terme de ses études le couvent de Fribourg en 1973. Il sera le dernier prédicateur capucin à la cathédrale. Il suivra encore des cours de trombone et de piano au Conservatoire de Genève. Il fera aussi partie de la Landwehr, la fanfare de l’Etat.
Membre de diverses commissions, il s’engage plein d’enthousiasme dans le renouveau conciliaire, écrit Bernard Maillard. Il travaille notamment à l’édition du premier livret de chant liturgie postconciliaire. Il va travailler depuis 1976 dans l’équipe du Foyer franciscain à St-Maurice, lieu de rencontres en Eglise et centre de l’animation franciscaine dont il fut un grand défenseur.
En 1984, il est muté dans la communauté de Genève où il sera toujours engagé dans le ministère, souvent en lien avec la direction de chorales, comme à Notre-Dame de Lausanne et Carouge. De retour à St-Maurice en 2004, après la fermeture de la communauté de Genève, il devient directeur du Foyer franciscain et de l’Hôtellerie franciscaine jusqu’en 2016. Il est aussi chargé des Fraternités franciscaines du Valais puis de Suisse romande et relance les Fraternités du Tiers-Ordre: le Mouvement franciscain laïc et l’Ordre franciscain séculier (OFS) ces dernières années.
De 2016 à 2019, le Frère Hostettler est gardien du couvent de Fribourg, où il donne de son temps au ministère en paroisse, et au service de toutes les communautés religieuses cantonales comme président de l’Ascoref, association des communautés religieuses. En automne 2019, il quitte Fribourg pour la communauté de Sion, assurant le ministère traditionnel des confessions au couvent et des eucharisties dans les communautés religieuses féminines de la ville. Il est Secrétaire régional de 1986 à 1998 ainsi qu’Econome régional en 1994 avant d’être élu Supérieur régional des capucins par deux fois, de 1998 à 2004.
Egalement passionné de sport, et notamment de football, il ne manquait aucun grand match à la TV. Il faisait aussi du ski et a même organisé quelque fois «la Coupe Delavy» rassemblant les prêtres pour un concours. Il se donnait le temps aussi de se retremper dans la nature avec des sorties du pèlerinage d’un jour organisé par le Souffle d’Assise, indique Bernard Maillard.
Compagnon de route de longue date du Frère Hostettler, Marcel Durrer se souvient d’un homme «très engagé, méticuleux et bien préparé». Il évoque aussi son ouverture et sa créativité dans le domaine liturgique, «toujours dans le respect absolu des normes», remarque le capucin basé à Sion. Il avait le talent d’une prédication simple, accessible, qui permettait une bonne compréhension de la Parole de Dieu.
Le Frère Durrer rend également hommage à la grande disponibilité de son confrère, qui répondait toujours présent aux diverses responsabilités et tâches qu’on pouvait lui demander. Il évoque son important rayonnement en Suisse romande dans les domaines de la liturgie et de la musique sacrée. «Il alliait le sens de la tradition et de la modernité», écrit le Frère Maillard. «Il ne s’est jamais fatigué de rendre compte de sa foi et de sa joie de marcher à la suite de François et de Claire d’Assise». (cath.ch/com/rz)
Les funérailles de Pierre Hostettler ont été célébrées le mardi 19 juillet à Sion. La messe anniversaire aura lieu le dimanche 21 août 2022, à 8 heures au couvent des capucins de Sion avec le dépôt de l’urne.
Raphaël Zbinden
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