Dans un bref message, Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, rend hommage à celui qui est un modèle pour lui: «Cher Ivo (…) tu as marqué l’Église comme peu d’autres évêques suisses. Tu étais l’évêque ›de’ et ›pour’ Saint-Gall, mais avec un horizon et un engagement mondiaux. Tu nous as montré l’exemple de ton style synodal, marqué par le Concile Vatican II. Il est plus actuel que jamais ! En tant qu’homme et évêque, tu es pour moi un modèle. Puisses-tu voir Dieu, face à face».
La Conférence des évêques suisses (CES) relève «l’esprit d’ouverture de Mgr Ivo Fürer qui s’est également manifesté dans l’Eglise. Il lui tenait à cœur d’organiser l’Église avec les gens.» »Servir le peuple de Dieu», telle était sa devise épiscopale. Et il a vécu en conséquence. Il témoignait du respect à tous: au sein de l’Église, entre les confessions, entre les religions. Ivo Fürer était «un visionnaire, un diplomate, un penseur et un homme d’Église courageux.»
La CES rappelle en outre qu’en 2002, après un cas d’abus dans le diocèse de Saint-Gall, il avait fondé le comité d’experts contre les abus sexuels dans la pastorale, un «acte pionnier à une époque où ce sujet était encore trop tenu sous le boisseau».
Le secrétaire général de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) Daniel Kosch voit en Ivo Fürer, «un petit homme avec un grand réseau», qui entretenait les contacts les plus divers et les faisait fructifier pour son travail.
Son rapport à la doctrine et à la discipline de l’Église était marqué par une grande fidélité, mais aussi par une intelligence et une ›ruse’ qui lui permettaient d’utiliser et d’élargir des marges de manœuvre en faveur d’une pastorale moderne, estime Daniel Kosch.
Le président de la RKZ salue aussi un partisan du système dual de l’Église en Suisse qui, d’une part, appréciait les possibilités de participation démocratique des laïcs et un système de financement de l’Eglise performant et, d’autre part, était très attentif à ce que les autorités de droit public ecclésiastique respectent son domaine de compétence.
Ivo Fürer a été l’un des fondateurs de l’Institut suisse de sociologie pastorale (SPI) de St-Gall. Avec son co-initiateur Urs Cavelti, il a formé un «duo très efficace», relève Arnd Bünker, le directeur actuel du SPI. Il a été en «quelque sorte un orchestrateur central de nombreux réveils et processus de modernisation dans l’Eglise catholique, non seulement à Saint-Gall, mais dans toute la Suisse». (…) Il a compris que l’Eglise devait également tenir compte des connaissances en sciences sociales lorsqu’elle disait vouloir écouter les ›signes des temps’.
L’ancien rédacteur en chef de la Schweizerische Kirchenzeitung, Rolf Weibel a longtemps cotoyé Ivo Fürer comme membre à temps partiel de la rédaction, qu’il a soutenue en particulier par son expérience de l’Eglise universelle.
«J’ai pu constater avec quelle assurance Ivo Fürer savait se mouvoir au niveau européen, sur le difficile terrain œcuménique et, avant 1989, sur le terrain diplomatique particulièrement difficile.», écrit Rolf Weibel.
Ivo Fürer, malgré tout son sérieux, savait aussi rire de bon cœur, se souvient Rolf Weibel.
Je me souviens toujours de sa fameuse formule «Einerseits…anderseits» (d’un côté et de l’autre) sourit André Kolly, ancien directeur du Centre catholique de radio et télévision, à Lausanne. «Paisible, méthodique, fin diplomate, Ivo Fürer savait faire passer les choses.» Il avait aussi compris l’importance des médias. Une des premières décision du Synode 72, dont il était le grand ordonnateur, a été d’engager des attachés de presse. J’ai été l’un d’eux. «Nous avons été intégrés dans l’équipe de direction et nous avons pu suivre, non seulement tous les débats, mais aussi tout le travail préparatoire.» «Il ne se mettait lui-même pas en avant, mais était toujours disponible. C’est pour moi une belle figure de prêtre et d’évêque», souligne André Kolly.
En tant que secrétaire du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE), Ivo Fürer a été «un grand homme pour l’Eglise en Europe» avant d’exercer une action bénéfique en tant qu’évêque pour le diocèse de Saint-Gall, a relevé le théologien viennois Paul Zulehner qui se souvient d’un ami ›bon et fiable’. (cath.ch/kath.ch/mp)
Maurice Page
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