Présent à l’audience, I.MEDIA détaille les éléments les plus importants de sa défense et de l’audience.
Avocat italien vivant à Londres, Nicola Squillace a souvent travaillé en étroite collaboration avec Gianluigi Torzi, qui était l’un de ses clients. L’avocat explique que ce dernier l’a appelé en novembre 2018 pour lui annoncer qu’il allait avoir besoin de ses services dans l’opération de récupération du contrôle de l’immeuble du 60, Sloane Avenue pour laquelle la secrétairerie d’État l’avait mandaté.
Nicola Squillace rapporte que Mgr Alberto Perlasca, chef du bureau administratif de la secrétairerie d’État, a envoyé Fabrizio Tirabassi et Enrico Crasso à Londres entre le 20 et le 22 novembre 2018, pour participer aux discussions qui mèneraient à la création de deux contrats afin de rendre au Vatican le contrôle du bâtiment. Au cours de ces trois jours, Nicola Squillace explique avoir élaboré de multiples projets de contrats pour le compte de la société Gutt SA, un fonds appartenant à Gianluigi Torzi utilisé pour ›héberger’ le bien immobilier une fois repris à Raffaele Mincione.
Les contrats finaux ont donné à Gianluigi Torzi le contrôle total de l’immeuble, au dépens de la secrétairerie d’État, puisqu’il s’est trouvé contractuellement en possession des 1.000 actions avec droit de vote, le Saint-Siège obtenant les 30.000 actions restantes sans droit de vote.
Selon les accusations, cette opération aurait permis à Gianluigi Torzi d’extorquer 15 millions d’euros au Vatican pour lui céder finalement ses parts. Nicola Squillace est accusé par la justice du Vatican d’avoir trompé la secrétairerie d’État en travaillant avec Torzi pour lui donner le contrôle du bâtiment. Il est accusé de fraude, de détournement de fonds et de blanchiment d’argent.
L’accusé a commencé l’interrogatoire par une déclaration spontanée dans laquelle par le biais d’une projection les différentes étapes d’élaboration des contrats entre les 20 et 22 novembre 2018. Sept ébauches ont été réalisées avant d’arriver à l’accord-cadre final, qui sera finalement signé par Mgr Perlasca. Squillace affirme que tout a été « discuté point par point » avec les personnes présentes : Fabrizio Tirabassi, Gianluigi Torzi, Enrico Crasso et Manuele Intendente, un autre avocat présent lors des réunions.
Le contrat signé, l’avocat aurait facturé 350.000 £ ses services à la secrétairerie d’État. Il affirme que bien que la secrétairerie d’État n’ait « jamais contesté » ces honoraires, elle ne les a aussi « jamais payés ».
Nicola Squillace affirme que pendant les deux jours de négociation, Tirabassi lui a assuré qu’il tenait Mgr Perlasca, resté à Rome, constamment informé des développements. Squillace se souvient « avec certitude » avoir échangé au moins une fois avec Mgr Perlasca par téléphone au sujet de certains termes sur lesquels il n’était pas d’accord dans les projets de contrat et qu’il affirme avoir pris en compte dans la version finale.
Pendant ces échanges, Nicola Squillace affirme que les représentants de la secrétairerie d’État étaient au courant du transfert des 1.000 parts avec droit de vote à Gianluigi Torzi. Il déclare avoir demandé : « Êtes-vous sûrs que les actions avec droit de vote vont seulement à une [partie] et pas à l’autre ? » Et déclare que Fabrizio Tirabassi lui aurait répondu par l’affirmative, lui assurant qu’ils avaient d’autres « situations » à Londres avec des structures administratives similaires.
Une version des faits qui vient contredire les témoignages de Fabrizio Tirabassi et d’Enrico Crasso, qui ont tous deux nié avoir eu cette connaissance de la cession des 1.000 actions avant la signature des contrats et assurent ne l’avoir réalisé qu’après.
Nicola Squillace affirme avoir toujours pensé que Mgr Perlasca avait la possibilité de signer, notamment le premier accord, dit accord-cadre, qui ne comportait aucune obligation légale, seulement des engagements mutuels, avec un délai exclusif. « Le Saint-Siège pouvait se retirer de cet accord à tout moment », a-t-il déclaré.
Le juge Giuseppe Pignatone a demandé à Nicola Squillace si cela ne posait pas de problème qu’il soit à la fois l’avocat de Torzi et en même temps en charge de protéger les intérêts de la secrétairerie d’État dans les négociations – Crasso et Tirabassi étant venus à Londres sans avocat.
Squillace a estimé qu’il représentait Gutt SA, le fonds de Torzi choisi par la secrétairerie d’État pour l’opération. De plus, il souligne que chaque point a été discuté avec toutes les parties présentes.
Nicola Squillace a déclaré qu’avant que Torzi ne le contacte, son cabinet d’avocats s’était déjà occupé de l’immeuble du 60, Sloane Avenue. Il aurait en effet déjà examiné le bâtiment pour le compte d’une société italienne en février 2018.
En septembre de la même année, l’architecte Luciano Capaldo – un associé de Gianluigi Torzi, qui par la suite, a été collaborateur de la secrétairerie d’État puis a été entendu comme témoin dans l’enquête – leur a présenté un « homme arabe » qui était intéressé par le bâtiment, et dont il ne pouvait révéler l’identité en raison du secret professionnel. Son profil correspond cependant à un certain « cheikh Salah » que Raffaele Mincione, lors d’un précédent interrogatoire, avait expliqué s’être fait présenter en septembre 2018, et qui lui aurait confié être intéressé par l’acquisition du bâtiment avant de disparaître.
Deux audiences sont encore prévues les 14 et 15 juillet, pour terminer les interrogatoires de Fabrizio Tirabassi puis de Nicola Squillace. Ensuite, le procès sera interrompu pendant tout le mois d’août.
À la rentrée, le procès reprendra avec des audiences dédiées aux témoins. Des audiences sont d’ores et déjà prévues les 28, 29 et 30 septembre puis les 12, 13, 14, 19, 21, 27, 29 octobre.
I.MEDIA
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