Le Mexique, qui reste l’un des plus grands pays catholiques du monde, est particulièrement éprouvé par les scandales d’abus et par une violence endémique.
Né en 1959 et ordonné prêtre en 1984 pour l’archidiocèse de Malte, Mgr Spiteri est entré au service de la diplomatie du Saint-Siège en 1988. Il a été notamment nonce apostolique au Sri Lanka de 2009 à 2013, puis en Côte d’Ivoire de 2013 à 2018. En 2016, une photo de sa visite dans la ville de Fresco, où il avait été transporté dans une chaise à porteurs, avait suscité une controverse médiatique quant à l’image perçue comme néo-coloniale, alors que le maire de la ville avait simplement évoqué un «geste de considération» pour son hôte.
Depuis 2018, Mgr Spiteri était nonce apostolique au Liban, pays dans lequel avait été envisagé une visite du pape François les 12 et 13 juin 2022. Le projet, prématurément annoncé par les autorités libanaises alors que le Saint-Siège n’avait pas encore communiqué sur le sujet, a été reporté à une date ultérieure en raison de la santé du pape, mais aussi, vraisemblablement, du risque d’instrumentalisation de sa visite par les politiciens locaux.
Les quatre ans de service de Mgr Spiteri au Liban se sont déroulés dans un contexte douloureux pour le pays du Cèdre, confronté à une grave crise économique et financière, à un enlisement politique et à l’explosion du 4 août 2020 qui a dévasté le port de Beyrouth.
Au Mexique, Mgr Spiteri sera confronté à d’autres problématiques, notamment les migrations d’Amérique centrale qui convergent vers la frontière avec les États-Unis, et la violence endémique qui n’épargne pas l’Église. L’assassinat le 20 juin 2022 de deux jésuites par un trafiquant de drogue dans le Chihuahua a suscité une vive émotion dans le pays.
«L’indignation de notre peuple est en train d’ouvrir une porte pour la paix», a déclaré la Conférence des évêques du Mexique le 4 juillet, en invitant à célébrer des messes à l’intention des prêtres assassinés et des autres victimes de la violence, dans tout le pays, le 10 juillet prochain.
Durant la décennie écoulée, une trentaine de prêtres ont été assassinés. Pour la seule année 2021, environ 30’000 meurtres ont été recensés dans l’ensemble du pays. Le président Andrès Manuel Lopez Obrador est vivement critiqué pour le manque d’efficacité de son administration face au trafic de drogue.
L’Église mexicaine a par ailleurs été très secouée, depuis 2010, par les révélations sur les abus et les crimes commis par le fondateur des Légionnaires du Christ, le prêtre Marcial Maciel Degollado (1920-2008), figure centrale du catholicisme mexicain au XXe siècle. Une partie de la population, notamment au sein de la jeunesse, a pris ses distances vis-à-vis de l’Église catholique en raison de ces scandales.
Le Mexique demeure tout de même l’un des plus grands pays catholiques du monde, avec un nombre de vocations sacerdotales considérable: le seul diocèse de Guadalajara a ainsi ordonné 70 nouveaux prêtres en juin 2022. Le pays a reçu la visite des trois derniers papes au XXIe siècle, avec les venues de Jean Paul II en 1979, 1990, 1993, 1999 et 2002, Benoît XVI en 2012 et François en 2016.
La piété populaire est demeurée forte. Le sanctuaire de Notre-Dame-de-Guadalupe, haut lieu de piété mariale dont le rayonnement s’étend sur toutes les Amériques, est considéré comme le deuxième lieu de pèlerinage catholique au monde, après le Vatican. Avant la pandémie, près de 20 millions de visiteurs s’y rendaient chaque année.
La nonciature au Mexique était vacante depuis le 15 novembre 2021, date de la nomination du nonce précédent, Mgr Franco Coppola, comme nonce en Belgique. (cath.ch/imedia/cv/mp)
Maurice Page
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