Le pape François entend poursuivre sa politique d’ouverture aux femmes des postes à haute responsabilité à la Curie. Après avoir entériné dans la Constitution apostolique Praedicate Evangelium le fait que des laïcs – hommes et femmes – puissent prendre la tête d’un dicastère, le pape brise à nouveau les usages en faisant entrer des femmes dans le comité de nomination des évêques.
Au vaticaniste Philip Pullella qu’il a reçu durant 1h30 dans sa résidence Sainte-Marthe samedi dernier, le pontife a assuré que, «de cette façon, les choses s’ouvrent un peu». Il n’a toutefois pas donné de noms pour des deux femmes qui feront leur entrée au dicastère ni la date de leur arrivée.
Interrogé sur des dicastères qui pourraient être dirigés par un laïc, le pape François a évoqué le dicastère pour la Culture et l’Éducation ainsi que la Bibliothèque vaticane.
L’an passé, le pape François a opéré des nominations féminines importantes, comme celle de Sœur Alessandra Smerilli au poste de numéro deux du dicastère pour le Service du développement humain intégral, celle de Sœur Nathalie Becquart au poste de sous-secrétaire du Synode des évêques ou bien de Sœur Raffaella Petrini, secrétaire générale du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican.
Auparavant d’autres nominations avaient déjà manifesté ce tournant amorcé par l’Argentin, comme celle de Barbara Jatta, en 2016, qui devint la première directrice des Musées du Vatican. Le pontife avait par ailleurs élevé plusieurs femmes à la fonction de sous-secrétaire – Gabriella Gambino et Linda Ghisoni au dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, Sœur Carmen Ros Nortes à la congrégation pour les Instituts de vie consacrée ou Francesca Di Giovanni à la section pour les Relations avec les États de la secrétairerie d’État.
Actuellement dirigé par le cardinal Marc Ouellet, le dicastère pour les Évêques a notamment pour mission de nommer tous les évêques situés dans les territoires qui ne dépendent pas du dicastère pour l’Évangélisation.
Les membres de ce dicastère – jusqu’alors appelé Congrégation pour les évêques – sont au nombre de 25, la très grande majorité étant des cardinaux. Le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin ou le cardinal américain Blase Cupich en font par exemple partie. Le dicastère compte aussi des évêques, comme Mgr Michel Aupetit qui y figure toujours malgré sa démission de l’archevêché de Paris en décembre 2021.
Le travail des membres du dicastère consiste notamment à évaluer le profil des prêtres ou des évêques pour un diocèse dont le siège est vacant. Ils s’appuient pour cela très largement sur le travail effectué par les nonces apostoliques en poste dans les pays. Eux doivent faire remonter pour chaque diocèse des noms à Rome qui formeront la ‘terna›.
Les membres du dicastère se réunissent tous les quinze jours et étudient à chacune des sessions 4 ‘terna›, soit 12 profils. Chaque cas est présenté durant une trentaine de minutes par un des membres du dicastère. L’avis de chacun des membres est ensuite partagé. Sont alors prises en considération les qualités et limites du candidat – foi vivante, capacité d’accompagnement, de gouvernement, spiritualité profonde, qualités humaines, etc. – ainsi que la particularité du diocèse à pourvoir.
L’apport de la voix des femmes dans ce moment stratégique pour la vie des diocèses a très probablement motivé le pape François dans sa décision. Un choix fort qui constitue une véritable rupture pour cette institution fondée en 1588 par le pape Sixte V. Selon les informations, de l’agence I.MEDIA, la possibilité que des femmes puissent avoir voix au chapitre dans ce processus de décision faisait encore sourire certains au sein même du dicastère il y a encore quelques mois.
Une fois la réflexion achevée, le préfet du dicastère présente les conclusions au pape François qui est alors le dernier à trancher parmi les trois noms classés. Pour des diocèses qu’il connaît bien, il peut arriver que le pape demande de se pencher sur un profil qui ne figure pas dans la terna.
Le choix de Rome peut enfin être communiqué au candidat qui, à aucun moment, n’a été mis au courant du processus. Ces dernières années, de plus en plus de prêtres refuseraient de devenir évêque du fait de la pression générée notamment à propos de la gestion par les évêques de cas d’abus. «Cela arrive une fois sur trois ou quatre», confirme un membre du dicastère. (cath.ch/imedia/hl/mp)
I.MEDIA
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