Le pape n’a pas changé d’avis et souhaite toujours se rendre à Moscou. Plus de quatre mois après l’invasion de l’Ukraine, il a de nouveau fait savoir son désir d’aller en Russie «pour essayer d’aider à quelque chose», a-t-il confié au vaticaniste Philip Pullella de l’agence britannique, le 2 juillet. Le journaliste qui a interrogé le pontife durant près de 90 minutes à la résidence Sainte-Marthe indique que ce voyage pourrait se faire en septembre.
Début mai, le pontife argentin avait expliqué dans la presse italienne avoir demandé à Vladimir Poutine s’il pouvait se rendre en Russie, et ce trois semaines après le début de l’offensive. Il confiait alors ne pas avoir eu de réponse du président russe et avait dit sa crainte que «Poutine ne puisse pas et ne veuille pas faire cette rencontre en ce moment».
Dans ce nouvel entretien accordé à Reuters, le pape rappelle qu’il souhaitait «d’abord aller à Moscou» avant de se rendre à Kiev. «Nous avons échangé des messages à ce sujet, parce que je pensais que si le président de la Russie me donnait une petite fenêtre, j’irais là-bas pour servir la cause de la paix», ajoute le pape qui a reçu à trois reprises le président russe au Vatican – la dernière remonte à juillet 2019.
«Et maintenant, il est possible qu’à mon retour du Canada, je puisse aller en Ukraine, c’est possible…», insiste le pontife. Il précise de nouveau que «la première chose est d’aller en Russie». Au sujet d’une telle visite – ce serait une première pour un pape -, des contacts ont eu lieu entre le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov. Le pape assure que le dialogue avec la Russie est resté «très ouvert, très cordial, très diplomatique et dans le sens positif du terme». Et d’assurer: «Pour l’instant tout va bien, la porte est ouverte».
Ces paroles du pontife tranchent avec une certaine dureté apparue au fil des semaines dans la position du Saint-Siège à l’égard de la Russie. Dans les premiers jours du conflit, Rome avait multiplié les appels à la paix sans toutefois pointer du doigt la responsabilité de la Russie. Mais plusieurs gestes et prises de parole sont venus modifier cette posture.
La semaine dernière, le cardinal suisse Kurt Koch a par exemple dénoncé la «guerre d’agression brutale de Poutine» et critiqué vertement l’attitude du patriarche Cyrille. Le responsable du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens a d’ailleurs jugé qu’une rencontre entre le patriarche de Moscou et le pape François resterait sujette à de «graves malentendus» tant que le conflit durerait.
Le pape François avait, début mai, critiqué publiquement l’attitude du chef de l’Église russe, expliquant qu’il ne pouvait pas devenir «l’enfant de chœur de Poutine». Une rencontre entre les deux hommes, prévue en juin à Jérusalem, a été annulée. Mais la possibilité qu’ils se croisent lors du Congrès des Leaders des religions mondiales et traditionnelles au Kazakhstan, qui se tient les 14 et 15 septembre prochains, est toujours sur la table. (cath.ch/imedia/hl/rz)
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