Eva Meienberg kath.ch / traduction adaptation Maurice Page
Comment vécu la Rencontre mondiale des familles au sein de la délégation suisse?
Andrea Ricci : Nous avons participé à des conférences, par exemple sur la sexualité ou les défis de la vie de couple. Nous avons assisté à une messe en allemand et nous avons pu échanger avec d’autres délégués de l’espace germanophone. J’ai été particulièrement touchée par l’adoration eucharistique, c’était très émouvant, vivant et plein d’espoir.
Sur quoi avez-vous échangé?
Lara Frasconi: Le thème principal de l’échange était la vocation à la famille. Cela signifie ne jamais perdre de vue la famille, même lorsque des problèmes surgissent.
A. Ricci : J’ai été encouragée par les différentes présentations, car j’y ai entendu dire que la famille était un élément important: elle ne doit pas être parfaite. Et avec la vocation familiale, on donne un sens à la famille.
C’était quelque chose de nouveau pour vous?
L. Frasconi: La nouveauté était que l’on parle de la famille d’une nouvelle manière dans l’Église catholique. Jusqu’à présent, la famille était glorifiée. On ne parlait guère des problèmes. Des familles du monde entier ont été invitées à la rencontre et ont parlé ouvertement de la tromperie, de la dépendance au jeu ou de la mort dans la famille. Les familles ont raconté des détails très intimes et ont montré que l’appel leur avait permis de trouver ou de retrouver un chemin.
Des critiques ont reproché aux témoignages d’être trop extraordinaires, trop pieux et aussi trop missionnaires. Qu’en pensez-vous?
A. Ricci: Un couple a perdu trois enfants lors d’une promenade parce qu’un homme ivre leur a foncé dessus. Le couple a raconté que dès le lendemain, il avait pardonné à l’agresseur. Qu’il renouvelait chaque jour ce pardon. J’ai également eu l’impression que c’était sacré. Qui est capable de cela?
Un tel exemple place la barre très haut, presque inaccessible…
L. Frasconi: Parmi les témoignages, il y avait des exemples extrêmes. Mais nous avons aussi entendu l’histoire d’une femme congolaise qui s’était séparée de son mari parce qu’elle ne supportait plus ses infidélités. Que cette femme ait trouvé le courage de se séparer et ait dénoncé publiquement ses infidélités via les médias sociaux, je trouve cela courageux et très impressionnant. D’autant plus que cette femme vient d’un pays africain, d’une société patriarcale. Son mari avait même une fonction politique importante.
Finalement le mari est revenu vers son mariage et, avec le soutien de psychologues et de l’Église, ils ont tous deux réussi à se remettre ensemble. Que le pape François permette à cette femme de raconter cette histoire dans l’Église catholique, j’ai trouvé cela sensationnel.
Considérez-vous aussi votre famille comme une vocation?
L. Frasconi: Pour moi, la famille est plutôt une mission que j’accomplis jusqu’à la fin de notre vie, avec toutes les pierres sur le chemin et tous les beaux côtés que la vie de famille apporte.
Quelle aide concrète avez-vous reçue lors de la rencontre?
A. Ricci : Nous avons fait connaissance avec la Goodlove Foundation. La fondation veut aider les parents à faire comprendre à leurs enfants en pleine croissance que le sexe doit être vécu en relation avec l’amour et la relation. Que la sexualité n’est pas un simple produit de consommation. Mais Goodlove ne veut pas dire que la sexualité ne sert qu’à faire des enfants.
La préparation au mariage a aussi été un sujet d’échanges
A. Ricci : Elle a été un thème dans la mesure où il est nécessaire de mieux former les prêtres à la préparation au mariage. Souvent, les prêtres qui ont une expérience de vie ont plus de succès que ceux qui ont une formation exclusivement théologique.
L. Frasconi : Le pape François a dit que les jeunes avaient peur de se marier. La foi peut aider à surmonter cette peur. Il a encouragé les jeunes à se marier.
Avez-vous eu besoin de courage pour vous marier?
L. Frasconi : Oui, j’ai eu besoin de courage. Je voyais le mariage comme un sceau. Une fois le mariage scellé, il n’y a plus de retour en arrière possible. Lorsque l’on se marie, on s’engage différemment que lorsque l’on vit simplement ensemble. On s’engage envers soi-même, envers la société et aussi envers quelque chose de plus grand. Cette responsabilité, je l’ai ressentie.
Avez-vous suivi un cours de préparation au mariage à l’époque?
L. Frasconi : Oui, nous nous sommes mariés en 2004, et avant cela, nous avons suivi un cours. Au préalable, nous avions des doutes et nous nous demandions ce que le curé allait bien pouvoir nous dire. Mais nous avons été agréablement surpris. Le curé était jeune et parlait notre langue. Les entretiens ont été un échange décontracté, même avec d’autres couples. Et le curé nous a vraiment écoutés et a pris nos craintes au sérieux. Nous nous sommes sentis compris. Le cours nous a encouragés sur le chemin du mariage. (cath.ch/kath.ch/mp)
Andrea Ricci a été conseiller de paroisse à Münsingen BE. Lui et sa femme Lara Frasconi ont participé avec leur fils cadet (10 ans) à la Rencontre mondiale des familles à Rome du 22 au 26 juin. Ils faisaient partie d’une délégation trilingue de la Suisse.
Rédaction
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