Afin que ce patrimoine soit conservé dans des conditions adéquates et rendu accessible au public, l’Eglise catholique a remis un important fonds aux Archives d’État de Genève (AEG). La cérémonie a eu lieu à la Fondation Zoubov, en présence de Mauro Poggia, président du Conseil d’État, et de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF)
Constitué de plusieurs milliers de documents en latin et en français, ce fond couvre une période comprise entre 1596 et 1926, dont la plus grande partie concerne le 19e siècle.
Mauro Poggia, président du Conseil d’Etat, a tenu à souligner que «la religion catholique a une place importante, quoique parfois sous-estimée, dans l’histoire genevoise. Nous savons la valeur inestimable de ces documents qui enrichissent le patrimoine de Genève et de ses habitants.»
Mgr Morerod a de son côté souligné que «malgré notre volonté de mettre nos archives à disposition des chercheurs, nous n’avions pas dans le canton de Genève, les ressources et conditions suffisantes. Dès lors, la remise de ces archives à l’Etat va permettre cela, ce dont nous sommes reconnaissants.»
«L’Eglise catholique conservait ses archives dans une des pièces de la rue de Granges, a expliqué à cath.ch Anouk Dunant Gonzenbach, archiviste d’Etat adjointe. Elle a sollicité les archives cantonales afin, d’une part, de les préserver et de l’autre, de les rendre accessible à la recherche.
«La première tâche a été d’en revoir le classement, de les conditionner et d’en établir un inventaire. Grâce à une contribution de la Loterie romande, ce travail a été confiée à une entreprise spécialisée. Ces archives sont désormais exploitables grâce à la rédaction de 775 fiches descriptives intégrées à notre catalogue.»
«Cette remise est un grand enrichissement pour nos archives, elle ouvre des champs nouveaux pour les historiens avec des documents qui n’ont jamais été exploités», relève Anouk Dunant Gonzenbach qui ne cache pas son émotion. «Un tel apport d’une telle valeur historique est plutôt rare.»
Les descriptions des documents sont accessibles en ligne dans la base de données Adhémar et les documents eux-mêmes sont consultables dans la salle de lecture de l’Ancien Arsenal. Mis bout à bout, ils représentent 13 mètres linéaires.
Ces archives conservent toutes sortes de documents surtout du 19e siècle. Ils concernent l’administration et la gestion de l’Église, les rapports des paroisses avec le diocèse, les congrégations, les relations avec l’État ou les autorités locales. «Mais on n’y trouve pas de dossiers personnels», précise l’archiviste adjointe.
Cette collaboration entre le canton de Genève et l’Église catholique dépasse aujourd’hui une histoire le plus souvent conflictuelle au moins jusqu’à la moitié du XXe siècle. (cath.ch/com/mp)
Des relations Eglise-Etat difficiles
Parmi les pièces confiées aux AEG, on trouve entres autres cinq lettres authentifiées de la main de saint François de Sales, évêque de Genève (avec résidence à Annecy NDLR) de 1602 à sa mort en 1622.
On y trouve également nombre de documents relatifs au curé de Genève Jean-François Vuarin (1769-1843). Official puis vicaire général, il a déployé une intense activité visant à redonner sa place au catholicisme dans la Rome protestante. Il a suivi et influencé les négociations qui, entre 1813 et 1816, ont intégré des populations sardes et gessiennes, soit catholiques, au futur canton de Genève. Il a veillé jalousement au respect des droits des catholiques et tenté d’en grappiller de nouveaux sur les cimetières, les congrégations, l’enseignement, menant contre le gouvernement genevois une guerre d’usure, dont son œuvre écrite témoigne abondamment.
Le tournant du 20e siècle
Les fonds liés à Mgr Gaspard Mermillod (1824-1892), curé de Genève, évêque auxiliaire, puis vicaire apostolique de Genève, documentent là-aussi les relations difficiles du canton de Genève avec l’Eglise catholique. Expulsé de Suisse le 17 février 1873. Mgr Mermillod s’installa non loin de la frontière, à Ferney, d’où il poursuivit son ministère. Il devint évêque de Lausanne et Genève en 1883 et cardinal en 1890.
Maurice Page
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