Des dizaines de jeunes hommes armés montés sur des motocyclettes sont arrivés dans le village de Roboh, dans l’Etat de Kaduna, vers 7h du matin, alors que les services religieux avaient débuté. Ils se sont dirigés vers l’église catholique du lieu, où ils ont tué trois fidèles, rapporte le quotidien nigérian Vanguard. Ils ont également emmené avec eux 36 personnes, principalement des fidèles baptistes. Les terroristes ont également pillé des magasins et des maisons.
Selon Reuben Buhari, ancien chargé de communication du gouverneur de Kaduna, il ne s’agissait pas de la première attaque contre le village. Un premier assaut avait eu lieu en avril 2020 et un autre en janvier 2022. Des personnes avaient alors déjà été kidnappées et des maisons brûlées. Reuben Buhari remarque que «les attaques des kidnappeurs contre les communautés rurales se poursuivent sans relâche. La plupart ne sont pas annoncées, ni signalées».
Les habitants de Roboh avaient décidé de commencer les offices religieux de dimanche plus tôt que d’habitude, afin de pouvoir éviter les attaques. Mais ces précautions n’ont apparemment pas été suffisantes. Confrontées aux enlèvements de leurs proches, les familles se saignent aux quatre veines pour payer les rançons. Mais une fois les sommes versées, les kidnappeurs reviennent souvent pour tuer ou enlever d’autres personnes, racontent des témoins.
Les autorités locales ont fermement condamné les attaques et engagé une opération pour retrouver les coupables et libérer les otages. Les forces de l’ordre sont cependant peu nombreuses et sous-armées dans cette région. Elles ne peuvent souvent assurer correctement la sécurité des populations.
L’identité des assaillants de Roboh n’est pour l’instant pas connue. Des groupes de l’ethnie pastorale Fulani, à majorité musulmane, sont soupçonnés d’une grande partie de ces raids sur des communautés sédentaires et agricoles, parfois chrétiennes. Au Nigeria les motifs religieux, ethniques et économiques se superposent dans les conflits.
Ces violences sont récurrentes depuis des années dans l’Etat de Kaduna. Mais elles semblent s’étendre à d’autres parties du Nigeria. Le dimanche de Pentecôte 5 juin 2022, une attaque contre une église catholique a ainsi coûté la vie à 40 fidèles dans la ville d’Owo. Cette région de l’Etat d’Ondo, au sud-ouest du pays, était jusque-là largement épargnée par le terrorisme. (cath.ch/vanguard/ag/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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