Le thème du message de cette année, diffusé le 14 juin, est une citation de la lettre de saint Paul aux Corinthiens: «Jésus-Christ s’est fait pauvre à cause de vous».
«La guerre en Ukraine est venue s’ajouter aux guerres régionales qui, ces dernières années, ont semé mort et destructions», explique le pape François au début de ce message, dans lequel, sans nommer explicitement la Russie, il dénonce «l’intervention directe d’une ›superpuissance’ qui entend imposer sa volonté contre le principe d’autodétermination des peuples».
«Des scènes de tragique mémoire se répètent et, une fois de plus, les chantages réciproques de certains puissants couvrent la voix de l’humanité qui appelle à la paix», s’attriste l’évêque de Rome. En évoquant l’exil des juifs à Babylone raconté dans le célèbre Psaume 137, le pape dénonce les «déportations de milliers de personnes, surtout des garçons et des filles, pour les déraciner et leur imposer une autre identité».
«Des millions de femmes, d’enfants et de personnes âgées sont contraints de braver le danger des bombes en cherchant refuge pour se mettre à l’abri dans les pays voisins, en tant que personnes déplacées», souligne le pape en remarquant que «ceux qui restent dans les zones de conflit vivent chaque jour avec la peur et le manque de nourriture, d’eau, de soins médicaux et surtout d’affection».
La pauvreté s’étend donc, et le pape dresse un parallèle avec la situation vécu il y a près de 2000 ans par l’Apôtre Paul qui avait appelé les chrétiens de Corinthe à venir en aide à la communauté de Jérusalem, qui «se trouvait dans de graves difficultés à cause de la famine qui avait frappé le pays».
«Les chrétiens de Corinthe se montrèrent très sensibles et disponibles» face à cet appel et rassemblaient, chaque premier jour de la semaine, tout ce qu’ils avaient pu économiser. «Comme si le temps ne s’était jamais écoulé depuis lors, chaque dimanche, nous aussi, au cours de la célébration de la sainte Eucharistie, nous accomplissons le même geste en mettant en commun nos offrandes afin que la communauté pourvoit aux besoins des plus pauvres», souligne l’évêque de Rome.
En évoquant «la disponibilité de populations entières qui, ces dernières années, ont ouvert leurs portes pour accueillir les millions de réfugiés des guerres au Moyen-Orient, en Afrique centrale et maintenant en Ukraine», le pape reconnaît la fatigue et les difficultés de beaucoup pour «assurer la continuité du secours». Mais il souligne le devoir chrétien de persévérer au-delà du premier élan initial, car «la générosité envers les pauvres trouve sa motivation la plus forte dans le choix du Fils de Dieu qui a voulu se faire pauvre Lui-même».
Chaque chrétien doit donc ajuster sa relation à l’argent et au patrimoine, et «s’engager pour que personne ne manque du nécessaire. Ce n’est pas l’activisme qui sauve, mais l’attention sincère et généreuse permettant de s’approcher d’un pauvre comme d’un frère qui tend la main», sans se sentir exempté du fait de sa profession ou de son statut.
«Le message de Jésus nous montre la voie et nous fait découvrir qu’il existe une pauvreté qui humilie et tue, et qu’il existe une autre pauvreté, la sienne, qui libère et rend serein», explique le pape.
Le pape conclut son message en évoquant la figure de «Frère Charles de Foucauld, un homme qui, né riche, a tout abandonné pour suivre Jésus et devenir avec lui pauvre et frère de tous». Près d’un mois après l’avoir canonisé, le pape François souligne que «sa vie d’ermite, d’abord à Nazareth puis dans le désert saharien, faite de silence, de prière et de partage, est un témoignage exemplaire de pauvreté chrétienne».
Lors de la conférence de presse de présentation du message, Mgr Rino Fisichella, ancien président du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation – devenu une section du nouveau Dicastère pour l’évangélisation – a repris les appels du pape à demeurer dans «la vigilance de la charité», contre la tentation du »sommeil de l’indifférence».
Critiquant la superficialité ambiante, il a dénoncé «une condition culturelle fruit d’un sécularisme exaspéré qui enferme les personnes à l’intérieur d’une muraille de Chine, excluant le sens des responsabilités sociales, avec l’illusion de vivre une existence heureuse, mais de fait éphémère et sans fondement», a-t-il souligné.
«Les efforts de l’Église doivent s’associer à d’autres efforts de la société civile», a précisé l’archevêque italien, tout en soulignant «la dimension prophétique» de l’engagement de l’Église en faveur des pauvres, qu’il s’agisse de «pauvretés matérielles» ou de «pauvretés existentielles», comme les grandes solitudes qui sont l’un des fruits de la «culture sécularisée».
Le pape François vivra cette année cette Journée avec une messe célébrée le dimanche 13 novembre, et en s’associant à des initiatives organisées qui «atteindront les diverses formes de pauvreté de son diocèse de Rome», a expliqué Mgr Fisichella.
L’an passé, le pape François s’était rendu à Assise en amont de la Journée mondiale des pauvres afin de rencontrer plusieurs centaines de personnes vulnérables venues de toute l’Europe. (cath.ch/imedia/cv/mp)
I.MEDIA
Portail catholique suisse