Leader du groupe de pop louange IPSE Worship, Olivier de Bourmont, 50 ans, a vécu un étonnant virage. Licencié par son employeur, cet Angevin a osé, comme musicien, parier sur la musique religieuse. Entretien avec le créateur d’un concept original, habité de confiance en Dieu.
Bernard Litzler pour cath.ch
Pourquoi avez-vous créé ce groupe IPSE Worship?
J’ai toujours voulu faire de la musique. Depuis mon plus jeune âge, je passais des heures au piano, mais aussi à composer dès l’âge de 12 ans. Vers 18 ans, à la guitare et au chant, j’ai donné mes premiers concerts de rock, avec mon frère Vincent à la batterie.
Plus j’avançais en âge, plus je voyais que la musique était essentielle pour moi. Le Vendredi-Saint 2020, je perds mon emploi dans l’industrie automobile… Je dis alors au Seigneur dans mon cœur: «Toi, tu es sur la croix. Moi, je viens de me faire virer. C’est une petite croix comparée à toi, que veux-tu que je fasse?».
Et le Seigneur a répondu à votre prière?
S’en sont suivis des appels marqués. A chaque fois, le psaume 33 venait me rejoindre, comme un écho. Le jour de mon entretien préalable au licenciement, le 29 juin 2020, le psaume du jour, c’est le 33: «Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres…».
Le jour de mon anniversaire, le 11 juillet, encore le psaume 33. Et l’Evangile dit: «Celui qui aura quitté, à cause de mon nom, des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra le centuple, et il aura en héritage la vie éternelle». Le jour où je quitte ma société, le 23 juillet 2020, le psaume 33 encore est là. Ces signes extérieurs m’ont confirmé que ma vocation était de chanter.
«A chaque fois, le psaume 33 venait me rejoindre, comme un écho.»
Et vous avez aussi prié pour cela?
En septembre 2020, dans un groupe de prière du Chemin Neuf, celle qui conduit la prière demande aux personnes désireuses de suivre le Seigneur de s’avancer, et de dire leur prière dans leur cœur. Je m’agenouille et je dis: «Seigneur, tu es mon boss, j’ai une famille et quatre enfants». A 49 ans, ce n’était pas forcément l’âge idéal pour se lancer dans la musique, en plein confinement.
«Peux-tu me confirmer que, par le psaume 33, tu m’appelles à faire un groupe de louange, à annoncer l’Evangile, et en faire mon métier?». Une minute après, un membre du groupe annonce: «Je reçois un psaume». Et il lit le psaume 33. Je sens alors les larmes couler abondamment. C’est clair maintenant et je dis un grand oui!
«Je m’agenouille et je dis: «Seigneur, tu es mon boss, j’ai une famille et quatre enfants»»
Pourquoi ce nom IPSE Worship?
Ça vient de sa racine latine IPSE qui signifie «soi-même». Toute personne est en quête de soi-même, comme en témoigne la philosophie grecque avec le fameux «Connais-toi toi-même». Par la musique, nous souhaitons toucher les cœurs pour ouvrir l’âme à la louange. Notre musique explore cette tonalité de l’intériorité pour nous amener progressivement à reconnaître celui qui habite en nous, le Christ.
Quelles sont les dates-clé de l’histoire votre groupe?
IPSE Worship est né en mode amateur en 2018. Après mon licenciement, j’ai décidé de passer en mode professionnel. Un premier album est sorti, avec un clip en mars 2021, avec pour titre For you are with me (en français, «Car tu es avec moi», psaume 23). Un deuxième album est sorti en juin 2021.
Quel public cherchez-vous à atteindre?
Nous n’avons pas un public cible. Nous composons à l’écoute de l’Esprit Saint, pour rejoindre le cœur du monde, rejoindre tous ceux qui ne connaissent pas le Christ. Nous visons les personnes qui ont soif mais qui, à cause de leur histoire personnelle, se sont éloignées du Christ ou ne le connaissent pas.
«Nous composons à l’écoute de l’Esprit Saint, pour rejoindre le cœur du monde.»
Vous êtes un groupe de concert ou plutôt un groupe de studio?
Les deux. Le studio permet de travailler en profondeur les compositions avec la rigueur d’un architecte pour le choix des sonorités, des arrangements… Il permet de préparer les concerts, qui eux sont le lieu par excellence de la communion. Vivre un concert de louange est une forme de prière contemporaine, qui permet de rejoindre ceux qui sont en recherche spirituelle.
Peut-on vivre professionnellement de la pop louange, aujourd’hui, dans le contexte français?
Un ou deux groupes, comme les Lyonnais de Glorious, en vivent. Mais il y a un changement à opérer car il existe plusieurs obstacles, qui ne sont pas propres uniquement aux artistes chrétiens. Ces barrières empêchent l’émergence d’une génération de musiciens chrétiens professionnels.
Car avec la technologie numérique et les téléchargements, les artistes ne sont pas rétribués à leur juste valeur. Et la laïcité «à la française» éloigne les groupes chrétiens des Victoires de la Musique, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis, par exemple. Il nous faut donc inventer d’autres chemins et faire appel à l’ensemble des chrétiens pour nous soutenir.
Vous avez changé de travail à 49 ans. Vous voyez votre avenir dans la musique?
Oui, à ce jour, dans la confiance dans l’appel qui m’a été fait, je me vois continuer avec IPSE Worship. J’ignore encore selon quelles modalités. Le Seigneur n’intervient jamais avant ou après, mais au moment opportun. C’est un lâcher-prise parfois difficile, mais c’est la condition pour se laisser conduire par le Saint Esprit. (cath.ch/bl)
Un groupe à effectif variable
IPSE Worship est un collectif musical original. Trois membres (Olivier, Alain et Pierre) sont à plein temps. Les autres, des jeunes entre 18 et 25 ans, sont intégrés au projet, leur donnant l’occasion de vivre une expérience artistique et spirituelle de concert de louange. Ainsi actuellement, Noémie (chant), Quitterie (flûte), Luc (basse) et Olivier (deuxième batterie) sont étudiants. Vincent (batterie) et Simon (guitare) travaillent à côté.
Le groupe de base (les trois à plein temps) répète trois à quatre fois par semaine. Et le jeudi, l’ensemble de l’«atelier IPSE» travaille, après avoir commencer par un temps de prière et de louange. BL
Rédaction
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/la-pop-louange-dolivier-de-bourmont-pour-toucher-les-coeurs/