D’impressionnantes festivités ont eu lieu, quatre jours durant, pour célébrer les 70 ans de règne de la reine Elisabeth II, en Grande Bretagne. Londres semblait méconnaissable avec cette foule bigarrée et innombrable, unie dans une sorte de ferveur et de reconnaissance envers leur souveraine. Au soir de la dernière journée, des reportages relevaient combien la force commune ou, mieux encore, la communion de ce peuple en liesse avait marqué ces événements grandioses. A quelques heures d’avion, l’Ukraine, au même moment, continue de subir l’agression illégitime de la Russie, muselant sous le bruit des bombes, la revendication de vivre dans le pays dans la liberté et l’autonomie.
Contraste saisissant! La joie ou la peur! La vie ou la mort! La fête de la Trinité nous propose de contempler le mystère de Dieu. Or, ce mystère n’est pas entièrement hors de notre portée. Toute vie humaine s’expérimente au gré de notre capacité de relations. Qui serions-nous sans les autres? Nous n’existons que par la relation qui est première. Ne sommes-nous pas nés d’une rencontre? N’avons-nous pas grandi avec d’autres? Notre vie trouve son sens lorsqu’elle est en lien avec d’autres et, plus encore, lorsqu’elle est donnée aux autres. Ainsi, nous éprouvons au quotidien la force de l’Amour. Parfois, c’est vrai, l’Amour nous fait souffrir, d’autres fois, ce même Amour nous libère de nous-mêmes.
Pour nous chrétiens, nous ne faisons pas que croire en Dieu. Nous croyons que Dieu s’est fait connaître. Pas qu’un peu, mais entièrement: en Jésus-Christ. Il est le Fils de ce Dieu révélé comme Père. Sa relation avec le Père lui donne d’être tel qu’Il est. En se recevant du Père, Il consent à être Don pour l’humanité jusqu’à l’associer, dans une communion infinie, à la vie divine. Accueillir ce Don de Dieu, cela s’appelle le Salut. La Vérité en manifeste la splendeur. Ainsi la Trinité manifeste ce Don qui est tout Amour.
«C’est l’Esprit-Saint qui attise en nous le désir de se donner.»
L’Abbé Zundel évoque ce mystère avec passion: «La Trinité est l’Amour parfait: distinction relative et identité absolue. La Trinité est une pauvreté éternelle. Le rayon de la connaissance en Dieu ne revient pas sur soi. Il est suspendu entre un double élan: Père et Fils. Chaque personne n’est qu’une relation vivante en l’ouverture infinie d’une extase éternelle ›comme un oiseau qui ne serait que vol’.»[1]
«Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira vers la vérité tout entière.» dit Jésus à ses disciples dans l’Évangile de ce dimanche. Le chemin sur lequel nous conduit l’Esprit est bien celui de notre existence telle qu’elle est. Or, c’est le haut-lieu où l’Amour se découvre comme un appel, une vocation à sortir de soi pour devenir, à notre tour, Don à nos sœurs et à nos frères. L’expérience que nous pouvons faire de la Trinité n’est pas ailleurs.
Ce mystère se livre au bout de notre audace qui nous donne de communier dans la fraternité au bonheur de Dieu. C’est l’Esprit-Saint qui attise en nous le désir de se donner. C’est lui encore qui soutient notre marche pour manifester l’unité déjà réalisée dans le cœur de Dieu.
Bernard Miserez | Vendredi 10 juin 2022
[1] Zundel Maurice, Œuvres complètes, Tome IV, Écrits du Caire, pp 613-614Jn 16, 12-15
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière.
En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même :
mais ce qu’il aura entendu, il le dira ;
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera,
car il recevra ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
L’Esprit reçoit ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître. »
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