«Comment va la liturgie? Je ne sais pas parce que je ne vais pas à la messe en Sicile», a plaisanté l’évêque de Rome en déclenchant les rires de ses hôtes, avant de critiquer vertement les pratiques liturgiques sur l’île. Évoquant des photos de messes siciliennes qu’il avait vues, il a lancé: «Vous avez encore les dentelles… Mais où sommes-nous? 60 ans après le Concile!».
Et le pontife de renchérir face à la vingtaine d’évêques de la région, reléguant la dentelle aux ancêtres: «C’est beau de rendre hommage à sa grand-mère, mais c’est mieux de célébrer sa Mère, sa Sainte Mère l’Église».
Le pape de 85 ans n’a pas épargné non plus les homélies «où l’on parle de tout et de rien», et pendant lesquelles «les gens sortent fumer une cigarette». Et d’assener: «Le peuple veut de la substance». Il a recommandé par ailleurs d’éduquer la piété populaire en la distinguant «de gestes superstitieux».
Au fil de son long discours de près d’une demi-heure, le chef de l’Église catholique a souligné les paradoxes de cette île de la Méditerranée, où cohabitent des gestes «de grande vertu» tout comme «de cruelles atrocités», «une beauté artistique extraordinaire» tout comme «des scènes de négligence gênante». Il a déploré «une situation sociale en régression», citant le dépeuplement, la méfiance vis-à-vis des institutions et le dysfonctionnement des services sociaux.
Dans l’Église en Sicile, le pape François a noté une baisse des vocations au sacerdoce et à la vie consacrée mais surtout «un détachement croissant des jeunes». Éloignement qu’il a attribué à «de vieilles façons d’agir, erronées et même immorales». Sortant à nouveau de son texte, le pape a exprimé sa consternation devant des affaires judiciaires concernant des prêtres, parvenues aux congrégations romaines. «Mais comment est-ce possible qu’on soit arrivé sur ce chemin d’injustice et de malhonnêteté?» s’est-il insurgé.
Dans cette région pauvre, où beaucoup aspirent à un niveau de vie plus élevé, les pasteurs sont appelés à «rester au côté du peuple jusqu’au bout, jusqu’aux extrêmes conséquences», a encore souligné le successeur de Pierre. Il a dénoncé le carriérisme, «qui à la fin déçoit et te laisse seul, perdu» et il a défendu «la fécondité d’un célibat, parfois difficile à vivre mais précieux et riche».
Enfin, sur une note plus positive, le pontife a rendu hommage aux prêtres proches des personnes âgées. Il a cité à ce propos l’exemple d’un prêtre qui avait accompagné son vieux curé dans sa fin de vie: «Il rentrait très fatigué du travail mais la première chose qu’il faisait était de visiter l’ancien et de lui raconter les choses, de le rendre heureux; puis il le mettait au lit, il restait avec lui jusqu’à ce qu’il s’endorme… Ce sont des grands, de très grands gestes!» (cath.ch/imedia/ak/bh)
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