Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion était entouré de Michel Racloz, représentant de l’évêque pour l’Église catholique dans le canton de Vaud, d’Anne Abbruzzi, conseillère synodale [l’autorité exécutive de l’Eglise Evangélique Réformée du canton de Vaud (EERV)] et du directeur adjoint des soins de l’hôpital, Fabrice Crognaletti. L’abbé Vincent Lafargue a conclu les prises de parole en évoquant le travail de l’aumônerie. Il en a précisé les contours à cath.ch.
«Aller à la rencontre de tout humain et de tout l’humain». C’est ainsi que l’abbé Lafargue, aumônier responsable, encore en formation à l’hôpital Riviera Chablais (HRC), a résumé la mission de l’aumônerie en hôpital. Outre cette mission première, le prêtre du diocèse de Sion a ajouté la rencontre de la spiritualité, «quelle qu’elle soit», du patient et «lui offrir, s’il le souhaite, notre foi et nos valeurs chrétiennes». L’aumônerie est en effet œcuménique puisque deux pasteures et un diacre réformés officient également au sein de l’équipe.
«Nous visitons indifféremment chaque patient, quelle que soit sa religion, ses croyances, dans toute la mesure du possible, pour un premier contact cordial d’écoute et de soutien», ajoute le prêtre. Avec la chance, a-t-il insisté, de pouvoir entrer dans toutes les chambres de l’hôpital.
Il précise que l’équipe répond aussi aux demandes spécifiques formulées par les patients, leur famille ou encore le personnel soignant, pour de l’écoute ou des demandes sacramentelles: onction des malades, confession, communion et même baptême en cas d’urgence. «Les demandes des personnes d’autres confessions sont rares, en général les malades contactent eux-mêmes leur aumôniers».
L’abbé Lafargue évoque le fonctionnement normal de l’aumônerie tel qu’il devait se dérouler depuis l’ouverture de l’HRC, à l’automne 2019. Les débuts quelque peu chaotiques de l’hôpital, la pandémie de covid et les conditions extrêmes de travail qu’elle a entraînées, ont révélé la nécessité de se mettre également à l’écoute du personnel soignant. Il a en effet été très éprouvé par la charge de travail et le grand nombre de décès auxquels il a dû faire face sur une période aussi courte.
«Depuis, c’est pour nous une préoccupation systématique lorsque nous nous rendons dans les unités de soin pour visiter les malades. Nous voyons assez vite si un soignant ne va pas bien». Les aumôniers prennent le temps de s’arrêter pour prendre le pouls du service à travers quelques questions au chef de l’unité. L’occasion d’offrir écoute et accompagnement du personnel soignant. «Un ‘tea-time’ a été organisé aux soins intensifs pour le personnel qui souhaite parler en toute confidentialité avec un membre de l’aumônerie», ajoute l’abbé Lafargue.
Comment s’organise le travail avec 240 lits? «Nous nous sommes répartis en fonction des unités de soins. Chacun couvre sa zone et nous nous relayons les demandes confessionnelles particulières, par exemple lorsqu’un malade protestant demande la présence d’un ou d’une pasteure et vice-versa». La collaboration avec ses homologues réformés se déroule bien: «Je n’ai pas l’impression que nous sommes deux Églises, nous tirons à la même corde».
Ce qu’a confirmé Anne Abruzzi, notant le défi qu’a représenté la collaboration avec l’HRC, présent sur deux cantons et impliquant donc la collaboration entre les acteurs, tant du côté catholique que réformé. «Mais le vécu du terrain, la belle collaboration entre les aumôniers et le personnel hospitalier nous encourage à poursuivre dans cette voie». Au 1er janvier 2022, rappelle-t-elle, des forces d’aumônerie ont été affectées à l’Équipe mobile des soins palliatifs du réseau santé Haut Léman. Il s’agissait d’étendre la réponse aux besoins spirituels au-delà de l’hôpital, à domicile.
Un peu plus tôt, Mgr Jean-Marie Lovey a rappelé l’importance pour l’Église d’aller aux périphéries, «donc dans les hôpitaux». «Au cœur du message chrétien, a expliqué l’évêque de Sion, l’identification que Jésus établit est la clé de notre agir: j’étais malade et vous m’avez visité, enseignant que la miséricorde envers eux est la clé du ciel». Souvent, il vaut mieux renoncer aux urgences pour accompagner celui qui est resté sur le bord de la route. «Et c’est bien là le sens de notre visite à cette institution et à ses habitants». (cath.ch/bh)
Une équipe œcuménique
L’aumônerie de l’hôpital Riviera Chablais se compose de huit personnes pour un équivalent plein temps de 3,3 postes. Une présence quotidienne est assurée par l’équipe composée de trois laïcs catholiques, deux pasteures réformées, une diacre réformée et deux prêtres catholiques. «Et via un système de piquets de nuit, nous répondons 24h/24 à toute demande urgente», précise l’abbé Lafargue. L’équipe intervient sur tous les sites de l’HCR: Mottex, providence, Rennaz et bientôt Monthey – la réhabilitation de l’ancien hôpital est bientôt achevée pour l’accueil des patients en réadaptation. Le financement est assuré aux deux tiers par des subventions publiques, à travers les contributions de l’Eglise réformée et de la Fédération ecclésiastique catholique romaine du canton de Vaud (FEDEC-VD), et pour un tiers par l’hôpital de Rennaz (100’000 francs). BH
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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