1. Le Vatican voulait à tout prix vendre l’immeuble
L’Italo-britannique a déclaré qu’entre janvier et juin 2018, le Saint-Siège avait fait de plus en plus pression pour qu’il vende l’immeuble de Londres. Comme expliqué la veille, il ne souhaitait pas se séparer de l’immeuble, parce qu’il fallait encore du temps pour développer le bien. Il a laissé entendre que la banque Crédit suisse et l’homme d’affaires Enrico Crasso avaient tenté de récupérer le contrôle du bien immobilier à faible coût pour faire une plus value en le revendant après.
Selon lui, «tout le marché savait» que l’immeuble de Sloane Avenue devait être vendu pour 350 millions de livres sterling, après un investissement supplémentaire de 100 millions de livres sterling.
En juin, Fabrizio Tirabassi lui aurait envoyé un mail lui annonçant qu’il allait envoyer un courtier pour évaluer le bien et le liquider. Considérant que ce dernier n’était pas qualifié, et malgré la pression du Saint-Siège, Raffaele Mincione affirme avoir déclaré qu’il était prêt à céder le bien si un acheteur était prêt à payer la somme attendue – soit 350 millions de livres sterling.
L’architecte Luciano Capaldo – un associé de Gianluigi Torzi, qui par la suite a été collaborateur de la Secrétairerie d’État puis entendu comme témoin dans l’enquête – se serait présenté. Il aurait effectué une «analyse très minutieuse du bien», puis l’aurait mis en contact avec un certain «cheikh Salah» qui était intéressé pour un rachat total de l’immeuble. Cependant, le cheikh n’aurait plus donné de nouvelle par la suite.
2. Ses rapports avec Gianluigi Torzi
Raffaele Mincione a précisé le contexte dans lequel Gianluigi Torzi en serait venu à prendre le contrôle de l’immeuble. Quelques mois avant la réunion du 20 novembre aboutissant au transfert, Gianluigi Torzi l’aurait approché après avoir rencontré Mgr Perlasca et lui aurait déclaré: «Ils ne t’aiment pas au Vatican». Il a affirmé avoir trouvé cette déclaration étrange mais ne pas s’être inquiété.
Le 2 novembre 2018, Raffaele Mincione a reçu un message Whatsapp de Torzi déclarant «Bon compromis!», auquel il a répondu par un «émoji doigts croisés». Il a déclaré ne pas avoir compris ce que voulait dire le courtier molisan.
Entre le 6 et 15 novembre, Gianluigi Torzi aurait «lâché la bombe» en affirmant à l’homme d’affaires: «Je pense t’avoir fait une faveur, je suis devenu le nouveau gestionnaire du fonds». Selon Raffaele Mincione, Gianluigi Torzi prétendait lui éviter «un éventuel conflit au Vatican», où il aurait alors été mal vu. «Une faveur non sollicitée», a insisté le banquier italo-britannique, qui a expliqué ne pas l’avoir cru, considérant que cela ressemblait à des «ragots».
Le 15 novembre, Mgr Perlasca l’a finalement convoqué pour une réunion avec Gianluigi Torzi – ainsi qu’Enrico Crasso et Fabrizio Tirabassi – pour «régler la question». «Je suis certain qu’avec la bonne volonté de chacun, une solution sera trouvée à notre satisfaction mutuelle», lui a écrit Mgr Perlasca. Raffaele Mincione a expliqué avoir alors réalisé par ces mots que Gianluigi Torzi disait vrai.
4. Les négociations à Londres
Raffaele Mincione a affirmé avoir été peu présent du 20 au 22 novembre, lors des trois jours pendant lesquels les contrats passant le contrôle de l’immeuble de sa société (Athena) à celle de Gianluigi Torzi (Gutt) ont été signés à Londres. Il a expliqué avoir confié les négociations à son équipe d’avocats, ne souhaitant pas prendre personnellement l’affaire en main. Il assuré n’avoir rencontré Gianluigi Torzi que brièvement avec les autres envoyés du Saint-Siège, dans son bureau, pour discuter du prix de la transaction.
Le banquier d’affaires a aussi expliqué que, lors des négociations, étaient présents l’avocat Manuele Intendente – que Torzi lui aurait présenté comme «le chef des gendarmes» – ainsi que Fabrizio Tirabassi et Enrico Crasso. Raffaele Mincione a reconnu avoir finalement obtenu 40 millions de livres dans la transaction signée le 22 novembre, une somme selon lui justifiée par les conditions de vente.
5. Ses rapports avec le cardinal Becciu
Raffaele Mincione a nié avoir eu de réels rapports avec le cardinal Angelo Becciu, expliquant ne l’avoir rencontré que pendant «20 à 30 minutes». Il a assuré qu’en général, il avait «toujours été une personne très éloignée de ce qui se passait» et qu’il n’avait pas fait pression dans le cadre de l’investissement angolais.
6. Les prochaines audiences
Les audiences doivent reprendre le 22 juin avec la suite de l’interrogatoire d’Enrico Crasso, qui pourrait se poursuivre le 23 juin. Deux audiences sont ensuite prévues les 7 et 8 juillet afin d’entendre à nouveau Fabrizio Tirabassi. Il s’agit, selon le juge Giuseppe Pignatone, de la fin des interrogatoires – les autres accusés ne s’étant pas présentés – à moins que l’avocat Nicola Squillace, qui affirme rencontrer des difficultés financières pour faire le déplacement, soit en mesure de se présenter les 14 et 15 juillet. (cath.ch/imedia/ic/cd/rz)
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/immeuble-de-londres-raffaele-mincione-ne-voulait-pas-vendre/