Rome: la renaissance du «Jugement dernier» à la chapelle Sixtine (241193)

La fresque rénovée de Michel-Ange bientôt visible pour le public

Rome, 24novembre(APIC) «Le jugement dernier» de Michel-Ange peint au-dessus de l’autel de la chapelle Sixtine à Rome, a été en partie dévoilé lundi

à la presse. Le grand public devra toutefois attendre le printemps pour redécouvrir la fresque. Après ceux de la voûte, les travaux de nettoyage du

«Jugement dernier» doivent bientôt s’achever, pour redonner tout son éclat

au joyau du Vatican.

Les restaurateurs ont voulu montrer l’avancée des travaux, et promis de

nombreuses révélations telle que la disparition de certaines «culottes»

couvrant le sexe de personnages nus. La fresque de 20 mètres sur 10 est la

dernière des fresques de Michel-Ange dans la chapelle à être restaurée. Les

travaux effectués au plafond avaient été achevés en 1990; ceux du «Jugement

dernier» commencés sitôt après. Aujourd’hui, seuls 5% des travaux restent

encore à faire, avant de permettre les ultimes vérifications, a dit le responsable de l’équipe Gianluigi Colalucci.

Financés par les Japonais mais exécutés par les Italiens, les travaux de

restauration devraient se terminer au printemps. Pour faire patienter, une

exposition présentée ce mois-ci retrace l’histoire de l’oeuvre et la méthode utilisée. Pour la rénovation, notamment… il a fallu d’abord procéder

aux premiers tests de nettoyage, entre autres sur le bleu des ciels. Les

photos en fluorescence U.V. et à l’infrarouge sur toute la superficie ont

été faites de nuit avec des expositions de plus d’une heure. Le relevé photogrammétrique était acquis depuis fin 1897.

Un mythe s’effondre

La voûte avait pu être divisée en plusieurs zones. Fabrizio Mancinelli,

directeur du Département d’art bizantin, médiéval et moderne explique qu’il

était difficile d’opérer de la même manière pour «Le Jugement dernier». Ces

180,21 m2 de surface peinte entre 1538 et 1541 étaient couverts d’une couche sombre et vitreuse composée de poudre de silice, de noir de fumée avec

des acides gras non saturés en longues traînées, de protéines animales…

c’est-à-dire de colle et d’huile de lin.

Le mythe d’un Michel-Ange qui aurait peint ces voiles sombres pour des

raisons métaphysiques s’effondre. Tout comme cette idée prêtée au pape Clément VII d’imposer cette obscurité en souvenir de la mise à sac de Rome en

1527.

Plusieurs tentatives de nettoyage des fresques ont sans doute été faites. Mais on ne conserve aucune trace de datation. Au 16e siècle, l’entretien se transforma en censure, après le Concile de Trente. Daniele da Volterra fut surnommé le «brachettone» pour avoir recouvert en 1565 de culottes certains personnages. Ses «apports» seront conservés. Mais pas ceux rajoutés grossièrement les siècles suivants, a précisé Fabrizio Mancinelli.

«Les «culottes» les plus anciennes seront conservées car elles demeurent

des documents historiques».

Au 18e siècle, Vincenzo Canuccini fit un essai de nettoyage. Les risques

furent jugés trop élevés… Plus rien ne fut tenté jusqu’à ces dernières

années. La fresque fut peinte selon Biagetti en 450 jours. La technique employée a été comme pour la voûte, celle de la «bonne fresque»: un papier

dessiné plaqué sur l’enduit frais avant d’être peint. Les figures du second

plan ne faisaient pas partie du papier. Etant donné les dimensions de l’ensemble, Michel-Ange y dessinait seulement les figures principales.

Une rénovation… une technique

Pour le nettoyage, il s’est agi de conserver un léger voile d’apport extérieur, afin d’équilibrer au maximum le résultat de ce nettoyage. Le procédé consiste en un premier lavage préliminaire avec seulement de l’eau distillée, puis des traitements successifs de bicarbonate de soude et d’ammonium à 24 heures de distance, réalisés à travers des feuilles de papier japonais. Le traitement dure environ 6 minutes, après quoi la feuille est retirée et la partie est nettoyée.

Cette méthode a donné de très bons résultats sur les visages. Pour le

nettoyage des ciels, pour lesquels Michel-Ange avait utilisé un pigment

spécial, on a adopté une méthode légèrement différente: l’application de la

solution dure moins et l’enlèvement de la substance étrangère se fait au

tampon. Une éponge trempée d’eau pressée sur la surface peinte, qui retient

ainsi la saleté contenue dans le pigment sans créer de frottement.

C’est ainsi que le nettoyage des ciels a été confié à un seul restaurateur. Avec ce système utilisé pour les ciels, on a pu nettoyer les parties

à sec. Mais quand elles étaient couvertes de retouches, cela exigeait un

retrait préliminaire de ces ultimes coups de pinceau. Toute l’eau utilisée

dans les opérations de nettoyage a été préalablement stérilisée. Le débat

sur l’intérêt de procéder à ce nettoyage tourne ainsi court à la vision de

cette oeuvre retrouvée. De cette véritable renaissance. (apic/dch/pr)

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