Ces statistiques intègrent les cardinaux désignés – qui ne recevront officiellement leurs droits – qu’au moment du consistoire d’août. Ce qui porte à 132 le nombre de cardinaux électeurs sur lequel se base l’analyse qui suit.
En faisant entrer 16 nouveaux cardinaux dans le collège électeur, le pape François poursuit mécaniquement son renouvellement. Sur les 132 appelés à siéger sur les bancs de la chapelle Sixtine en cas de conclave, le pape François en a nommé 83, soit 63% du collège.
Il reste encore 38 cardinaux de moins de 80 ans créés par le pape Benoît XVI (29%) et seulement 11 créés sous le pontificat de Jean Paul II (8%).
Cela signifie aussi que seuls 49 cardinaux (37%) ont vécu au moins un conclave.
Le pape François rajeunit d’un an le collège des cardinaux électeurs avec cette nouvelle promotion qui a la particularité d’être la plus jeune des 8 consistoires convoqués par le pape François depuis le début de son pontificat. Les 16 cardinaux électeurs ont 65,2 ans en moyenne. À titre de comparaison, les cardinaux électeurs du consistoire de 2020 avaient une moyenne d’âge de 66,3 ans et ceux de 2017 de 72 ans. Désormais, les 132 cardinaux électeurs ont en moyenne 71,8 ans.
Le plus jeune cardinal de cette promotion est l’italien Giorgio Marengo qui aura 48 ans au moment du consistoire. Ce missionnaire en Mongolie né le 7 juin 1974 détrône le cardinal Dieudonné Nzapalainga, aujourd’hui 55 ans, qui était entré dans le collège en 2016 à l’âge de 49 ans. Giorgio Marengo est par ailleurs le premier cardinal né dans les années 1970.
Le plus âgé à entrer dans le collège des électeurs est Mgr Fernando Vérgez Alzaga, 77 ans. Cet Espagnol, président de la Commission pontificale pour l’État de la Cité du Vatican et président du gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican, atteindra l’âge de 80 ans le 1er mars 2025 et ne pourra plus élire un pape en cas de conclave.
Certes, l’Europe reste le continent qui pèse encore le plus dans le collège. Avec cinq nouveaux cardinaux européens, elle totalise 56 cardinaux électeurs sur les 132, soit 42% du collège. Mais cette proportion tend à diminuer après chaque consistoire convoqué par le pape François.
À titre de comparaison, le graphique ci-dessous ne comptabilise que les 83 cardinaux électeurs créés par François. On remarque que le pape argentin n’a créé cardinal « que » 37% d’Européens. Pour mémoire, lors du conclave de 2013, le collège cardinalice comptait 52% d’Européens. Le Vieux continent a perdu 10 points en un peu moins de 10 ans.
En revanche, c’est l’Asie qui a connu une plus forte augmentation sous le pontificat de l’Argentin. Le continent représente aujourd’hui 15% du collège électeur alors qu’il ne pesait que 9% lors du dernier conclave. À titre de comparaison, l’Afrique représentait 10% en 2013 et pèse 12% aujourd’hui.
Avec 21 cardinaux électeurs, l’Italie est encore le pays qui compte – de loin – le plus de représentants au sein du collège. Mais sa proportion diminue elle aussi après chaque consistoire. Les Italiens représentent aujourd’hui 16% du collège. Cependant, lors du conclave de 2013, la Péninsule comptait 28 électeurs, soit près d’un quart du collège.
Avec 10 cardinaux, les États-Unis arrivent en deuxième position des pays pourvoyeurs d’électeurs (8%). L’Espagne et ses 8 cardinaux complète le podium. Avec 5 cardinaux, la France et l’Inde se placent juste après le Brésil (6).
Parmi les nouveaux cardinaux figurent des prélats dont les pays n’avaient jamais donné de cardinaux à l’Église catholique. On peut citer le Timor oriental avec Mgr Da Silva, archevêque de Dili, ou bien Singapour avec Mgr William Seng Chye Goh.
C’est aussi la première fois que le Paraguay comptera sur son sol un cardinal, avec Mgr Adalberto Martínez Flores, 70 ans, archevêque d’Asunción. Il existe toutefois depuis 2019 un cardinal de nationalité paraguayenne, en la personne de l’Espagnol Cristóbal López Romero, archevêque de Rabat au Maroc. Il avait auparavant vécu au Paraguay pendant plusieurs années et avait acquis la citoyenneté du pays.
La Mongolie n’avait jamais compté de cardinal non plus. Même s’il n’est pas mongol mais italien, le jeune cardinal désigné Giorgio Marengo vit dans ce pays depuis 20 ans et y restera probablement attaché.
On peut enfin citer parmi les inédits de ce consistoire l’élévation à la pourpre cardinalice du premier dalit de l’histoire. Ainsi, l’archevêque d’Hyderabad (Inde), Mgr Anthony Poola, entre dans le collège des électeurs. Il est issu de la caste des dalits – autrefois appelée «intouchables» – dont les membres sont bien souvent discriminés.
Le pape François a une nouvelle fois manifesté par ce consistoire sa liberté par rapport aux sièges cardinalices traditionnels. En Italie par exemple, le patriarche de Venise et les archevêques actuels de Turin, Naples, Palerme ou encore Gênes n’ont toujours pas reçu la barrette cardinalice.
Dans la même veine, le pape François a fait le choix de ne pas élever l’archevêque de Los Angeles, Mgr José Horacio Gómez, président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, et dont les trois prédécesseurs étaient cardinaux. En revanche, il a créé cardinal Mgr Robert Walter McElroy, évêque de San Diego, diocèse pourtant suffragant de Los Angeles.
Comme depuis le début de son pontificat, le pape François n’a pas choisi de cardinal issu d’Europe centrale – à l’exception du cardinal polonais Konrad Krajewski, créé cardinal en 2018 et qui travaille à Rome en tant qu’aumônier apostolique.
Enfin, certains noms pressentis pour la pourpre n’ont pas été récompensés par le pape argentin. Parmi ces surprises, on retrouve par exemple Mgr Charles Scicluna, archevêque de Malte et secrétaire adjoint de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. En 2018, le pape lui avait notamment demandé d’enquêter sur l’affaire Karadima, au Chili.
Le nom de Mgr Rino Fisichella, président du conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation depuis juin 2010 et chargé de l’organisation du Jubilé de 2025 à Rome ne figure pas non plus dans la liste des 21 cardinaux. Cependant, en fonction des évolutions à venir dans l’organigramme de la Curie romaine, d’autres nominations ne sont pas à exclure. (cath.ch/imedia/ic/hl/gr)
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