Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. C’est en prononçant ces mots que les chrétiens se signent et affirment leur monothéisme trinitaire. Neuf jours après l’Ascension du Christ auprès du Père, l’Esprit-Saint se manifeste aux disciples. Mystérieusement, à travers un bruit «comme le souffle d’un violent vent» (Actes 2:2). Ce don de Dieu fait aux hommes était une promesse du Christ: «le consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit» (Jean 14:26). L’Esprit-Saint étant une «force» devant guider la foi des croyants, il a fallu interpréter ses préceptes dans le texte biblique. Aussi, dans sa Somme théologique, saint-Thomas d’Aquin a formalisé les sept dons de l’Esprit-Saint, que le croyant reçoit: la sagesse, l’intelligence, la science, la force, le conseil, la pitié et la crainte.
Dans les Écritures, plusieurs images et symboles sont employés pour dépeindre cet «Esprit de Dieu». Il est à la fois la colombe descendue sur le Christ lors de son baptême dans le Jourdain, la main divine et ses rayons de lumière, ou encore les sept langues de feu, clin d’œil aux sept dons de Dieu. Plus subtilement, le Saint Esprit est aussi symbolisé par les traces sensibles de son passage: «Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit.» (Jean 3:8). Enfin, certains symboles, tels que l’énergie, l’eau vive, la charité, la force, ou encore le don, restent complexes à figurer, car trop abstraits.
Difficilement identifiable de par sa nature invisible, le Saint-Esprit est sous-représenté dans l’art. Selon l’historien de l’art chrétien, François Bœspflug, sa représentation est «dépourvue d’un solide fondement théologique», c’est pourquoi «il ne fait pas icône». Aussi, sa figuration s’est principalement standardisée autour des images de la colombe, des langues de feu de la Pentecôte, ou encore de la main divine.
Au Moyen-Âge, un modèle iconographique de la Trinité représentant trois hommes avait réussi à se populariser: la trinité dite «triandrique». La tradition byzantine représentait la Trinité sous la forme symbolique de trois anges reçus à la table d’Abraham, appelée Philoxénie d’Abraham. La fameuse Trinité de Roublev (vers 1410) en est l’exemple le plus connu. Mais en 1745, le pape Benoît XIV interdit la représentation du Saint-Esprit, séparément du Père et du Fils. Et en 1928, un décret du Saint-Office (ancêtre de la Congrégation pour la Doctrine de la foi) met fin à tout anthropomorphisme pour représenter l’Esprit.
«Toute l’économie du salut, du point de vue chrétien, est orientée vers la christophanie», soit la manifestation du Christ», note François Boespflug. Aussi, la dernière identité de la Trinité ne saurait, théologiquement, «concurrencer» ses deux co-identités consubstantielles. Cependant, elle se présente comme le liant, révélateur et actant de la foi. «L’Esprit prépare les hommes, les prévient par sa grâce, pour les attirer vers le Christ», enseigne le Catéchisme de l’Eglise Catholique. Le mystère de L’Esprit-Saint se terre au donc cœur de l’intimité de la foi du croyant. Et les sacrements du baptême et de la confirmation en matérialisent l’union. (cath.ch/jds)
Jessica Da Silva
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