Avec ces nominations, les cardinaux asiatiques représentent désormais 15% du collège des cardinaux électeurs. I.Media propose des éléments biographiques de ces six cardinaux d’Asie, dont l’un, le Sud-coréen Mgr Lazzaro You, travaille à la Curie romaine.
Mgr William Seng Chye Goh, qui sera âgé de 65 ans au moment du consistoire, est d’ores-et-déjà salué comme le premier cardinal Singapourien de l’histoire. Né le 25 juin 1957 dans la ville-État du Pacifique, il a fait ses études de philosophie au séminaire de Penang en Malaisie, et ses études de théologie au séminaire de Singapour. Ordonné prêtre le 1er mai 1985 pour son archidiocèse d’origine, il a été vicaire paroissial avant de se rendre à Rome pour des études de théologie à l’Université grégorienne. De 1992 à 2005, il a été professeur et formateur au séminaire de Singapour, puis recteur de ce même séminaire. Dans son diocèse, il s’est également investi pour la promotion des vocations.
Le 29 décembre 2012, il a été nommé archevêque coadjuteur de Singapour et quelques mois plus tard, le 20 mai 2013, le pape François l’a nommé archevêque de Singapour. Il choisit pour devise «Qu’ils aient la vie» (Jn10,10). Sa consécration épiscopale, le 22 février 2013, a vu la présence du président de la République de l’époque, Tony Tan Keng Yam et de nombreux dignitaires de l’État, ainsi que des représentants des principales religions du pays (qui compte 37% d’adeptes de la religion chinoise traditionnelle, 20% de chrétiens, 15% de musulmans, 15% de bouddhistes). L’archevêque de Singapour a annoncé vouloir mettre l’accent sur la pastorale des jeunes, mais aussi sur la réforme de l’Église locale, notamment en termes de communication. Un point commun avec le pape argentin.
Mgr Filipe Neri António Sebastião do Rosário Ferrão, 59 ans, est né le 20 janvier 1953 à Aldona, dans l’archidiocèse de Goa (Inde). Après des études de théologie, il a été ordonné prêtre le 28 octobre 1979 à l’âge de 26 ans. Puis il s’est spécialisé en théologie biblique à l’Université urbanienne de Rome, ainsi qu’en catéchèse et en pastorale au Centre international Lumen Vitae de l’Université catholique de Louvain, en Belgique.
Le 20 décembre 1993, Jean Paul II l’a nommé évêque auxiliaire de Goa et Damão. Il a été consacré évêque le 10 avril 1994 dans son diocèse de naissance, en choisissant pour devise épiscopale «Qu’ils soient un» (Jean 17,21). Au niveau de la Conférence des évêques de l’Inde de rite latin, il a présidé la Commission pour les laïcs; et s’est investi sur les thèmes de justice et développement. Il a fait également partie de l’équipe chargée de la visite apostolique demandée par le Saint-Siège auprès des séminaires et des instituts de formation en Inde, en 1998-1999.
Le 12 décembre 2003, il a été nommé archevêque de Goa et Damão, avec le traditionnel titre honorifique de «patriarche des Indes orientales». Mgr Filipe Neri Ferrão parle le konkani – langue indienne –, l’anglais, le portugais, l’italien, le français et l’allemand. Pour la fête de Saint-François Xavier – évangélisateur de Goa, dont la ville a conservé la dépouille – le 3 décembre 2021, le futur cardinal s’est illustré par un sermon sur la corruption des politiciens, qui fit grand bruit.
Le deuxième indien de la liste, Mgr Anthony Poola, 60 ans, est originaire de Chindhukur, dans le district de Kurnool, en Andhra Pradesh, où il est né le 15 novembre 1961. Après ses études au séminaire de Bangalore, il a été ordonné prêtre le 20 février 1992 pour le diocèse de Cuddapah. Entre 1992 et 2001, il a été vicaire puis curé pour diverses paroisses. Puis de 2001 à 2003, il a suivi un Master en pastorale de la santé à la Loyola University de Chicago aux États-Unis. De retour en Inde, il a été quatre ans directeur de l’association de bienfaisance Christian Foundation for Children and Aging.
Le 8 février 2008 il est nommé évêque de Kurnool. En parallèle, Mgr Poola a été douze ans président de l’Andhra Pradesh Social Service Society, ainsi que secrétaire général de la Conférence des évêques de langue Telugu de 2014 à 2020. Le 19 novembre 2020, le pape François l’a nommé archevêque d’Hyderabad, dans l’État voisin, le Télangana. Mgr Pool est très impliqué dans le domaine de l’éducation.
Ces deux nouveaux cardinaux indiens s’ajouteront aux trois de moins de 80 ans déjà créés – Baselios Cleemis Thottunkal, George Alencherry et Oswals Gracias –, portant à cinq le nombre d’Indiens électeurs dans le Collège cardinalice.
Mgr Virgilio Do Carmo Da Silva, 54 ans, sera l’un des cardinaux salésiens du Collège cardinalice. Né le 27 novembre 1967 à Venilale, dans le diocèse de Baucau, au Timor oriental, c’est à l’école des salésiens de Fatumaca que sa vocation a grandi. Après avoir étudié la philosophie et la théologie à Manille aux Philippines, il a fait sa profession perpétuelle le 19 mars 1997 et a été ordonné prêtre le 18 décembre 1998. Dans les premières années de son sacerdoce, il a été notamment formateur des novices et vicaire paroissial. En 2005, il a été envoyé deux ans à Rome pour une licence en spiritualité à l’Université pontificale salésienne.
De retour dans son pays, il a été maître des novices et directeur du lycée technique Don Bosco de Fatumaca. En 2015, le religieux a été choisi comme provincial des salésiens de sa province. Le 30 janvier 2016, le pape François l’a nommé évêque du diocèse de Díli, la capitale timoraise, et trois ans plus tard, le 11 septembre 2019, premier archevêque de Díli, qu’il a élevé en siège métropolitain. Le pasteur a choisi pour devise «L’amour du Christ nous saisit» (2Co5,14).
Le cardinal désigné Da Silva est une voix qui compte dans ce petit pays très pauvre de l’océan indien dont 97% de la population est catholique, et où la politique est chargée de tensions depuis son indépendance en 2002. Il sera le seul cardinal timorais au sein du Collège cardinalice.
Mgr Giorgio Marengo est né le 7 juin 1974 à Cuneo, en Italie, mais comme religieux missionnaire de la Consolata, il vit en Mongolie depuis plus de 20 ans. Ce tout jeune évêque, à peine ordonné en 2020, aura 48 ans au moment du consistoire. Docteur en missiologie, le missionnaire, ancien scout, a fréquenté entre autres l’Université pontificale grégorienne et l’Université pontificale Urbanienne à Rome. Il a fait sa profession perpétuelle le 24 juin 2000 et a été ordonné prêtre le 26 mai 2001. Après son ordination sacerdotale, il est envoyé en Mongolie à Arvaiheer, comme premier missionnaire de la Consalata dans le pays d’Asie centrale. Il devient en 2016 conseiller régional Asie et supérieur pour la Mongolie.
Le 2 avril 2020, le pape François le nomme préfet apostolique d’Oulan-Bator, l’élevant au rang d’évêque. Son ordination épiscopale s’est déroulée à Turin le 8 août, en présence du cardinal Luis Antonio Tagle, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Dans un entretien à Vatican News, le missionnaire a indiqué réaliser un ministère du «chuchotement» dans ce pays de steppes à la plus faible densité de population au monde (2 habitants/km²), qui compte 1300 baptisés sur 3,5 millions d’habitants.
Le cardinal désigné représentera aussi un pays stratégique pour la diplomatie vaticane, situé aux confins de la Russie et de la Chine – deux géants avec lesquels les relations bilatérales sont délicates et dont le pape François souhaite se rapprocher.
L’archevêque sud-coréen Lazzaro You Heung sik, 70 ans, préfet du Dicastère pour le clergé, est l’un des deux grands visages asiatiques de la Curie, avec le cardinal Tagle. Cet archevêque souriant et chaleureux est notamment connu pour son action en faveur d’un rapprochement avec la Corée du Nord, pays qu’il a visité quatre fois en tant que président de la Caritas de Corée.
Évêque de Daejeon de 2005 à 2021, il avait reçu le pape François en visite dans son pays en 2014 et avait participé au Synode des Jeunes en 2018, évoquant lors d’une conférence de presse son rêve de voir le pape visiter les deux Corée en signe de réconciliation.
En 2021, lors de son appel à la tête de la Congrégation pour le Clergé, le président sud-coréen de l’époque, Moon Jae-in, fervent catholique, avait salué ses «efforts extraordinaires pour la paix dans la péninsule coréenne». Il avait présenté cette première nomination d’un Sud-coréen au Vatican comme un honneur «pour la nation tout entière, car elle élève le statut national». Le catholicisme a connu un fort développement en Corée du Sud notamment grâce à son rôle central dans la démocratisation du pays, à la fin des années 1980. (cath.ch/imedia/ak/cv/gr)
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