C’est un choix très fort pour l’Église au Nigéria que le pape François a posé en créant cardinal Mgr Peter Okpaleke. Le Nigérian de 59 ans a un parcours totalement atypique. Quand le pape Benoît XVI décide en 2012 de le nommer évêque d’Ahiara, Peter Okpaleke fait alors face à la fronde des catholiques du diocèse qui n’acceptent pas sa nomination. Cette levée de boucliers est en partie liée à son appartenance ethnique. Contrairement à son prédécesseur qui était de l’ethnie mbaise, majoritaire dans le diocèse, Mgr Okpaleke est issu de l’ethnie ibo, majoritaire dans le sud-est du Nigeria. Une situation que les laïcs et les prêtres du diocèse ne tolèrent pas.
En 2013, Mgr Okpaleke demande de repousser de quelques semaines la date de sa consécration épiscopale en espérant que la situation s’apaise. En vain. Consacré évêque en dehors du diocèse, Mgr Okpaleke ne prendra jamais ses fonctions à Ahiara, et ce malgré les protestations de Rome. Devant cette réalité « lamentable », le pape François lui-même monte au créneau et tape du poing sur la table en 2017 en recevant une délégation du diocèse. « Je pense que, dans ce cas, nous n’avons pas affaire à du tribalisme, mais à une tentative de prise de la vigne du Seigneur », fustige-t-il lors d’une audience durant laquelle il compare les diocésains rebelles aux vignerons homicides dont parle l’Évangile.
Devant la délégation nigériane, il loue la patience de l’évêque humilié. Puis le pontife demande à l’ensemble des prêtres du diocèse de lui écrire sous un mois pour qu’ils réaffirment obéissance au pape et reconnaissent leur évêque. Une requête à laquelle les prêtres se seraient pliés tout en espérant qu’un autre évêque soit nommé, rapportait alors le média Crux.
Finalement, devant l’impasse, le pape François accepte la démission de Mgr Okpaleke. Mais il érige deux ans plus tard un nouveau diocèse, à Ekwulobia, pour l’en nommer évêque.
Le pape François a décidé de créer cardinal l’ancien supérieur des Pères blancs, Mgr Richard Baawobr, aujourd’hui évêque du diocèse de Wa, dans le nord du Ghana. En 2010, il avait été le premier Africain élu à la tête des Missionnaires d’Afrique, société fondée à la fin du XIXe siècle par le cardinal français Charles Lavigerie.
Né au Ghana le 21 juin 1959, Richard Baawobr rejoint les Pères blancs en 1981 après avoir étudié la philosophie au séminaire Saint-Victor de Tamale. De 1981 à 1982, il est à Fribourg, en Suisse, pour son noviciat. Par la suite, de 1982 à 1987, il complète ses études en théologie à l’Institut missionnaire de Londres. C’est dans la capitale britannique qu’il fait ses vœux religieux avant d’être ordonné prêtre un an plus tard, le 18 juillet 1987.
Après avoir exercé son ministère dans une paroisse de République démocratique du Congo, le prêtre part pour Rome afin d’étudier l’exégèse à l’Institut biblique pontifical de Rome. Puis il traverse les Alpes pour se former à Lyon à la spiritualité ignatienne au centre spirituel jésuite du Châtelard. Il y obtient une licence en Écriture sainte et un doctorat en théologie biblique.
Après une expérience en Tanzanie, il est de 1999 à 2004 le directeur de la maison de formation des Pères blancs à Toulouse. Il devient ensuite le premier assistant général des Missionnaires d’Afrique. Durant son mandat, il survit à une thrombose veineuse profonde. En 2010, il est élu Supérieur général des Missionnaires d’Afrique, fonction qu’il endosse jusqu’en 2016. À ce poste, il confie prendre conscience que la mission ne se limite plus désormais à l’Afrique mais aussi à l’Europe, aux Amériques, à l’Asie.
Il est par ailleurs choisi par l’Union des Supérieurs généraux pour participer au Synode sur la Famille d’octobre 2015. En 2016, ce spécialiste de l’islam – il est vice-grand chancelier du PISAI (Institut pontifical d’études arabo-islamiques) – est nommé évêque de Wa, au Ghana. Le pape François le nomme par ailleurs membre et consulteur du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens en juillet 2020. (cath.ch/imedia/hl/mp)
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