Alors que le Saint-Siège a officialisé le 28 mai 2022 le programme du pape François au Soudan du Sud, Justin Welby, archevêque de Canterbury et chef de l’Église anglicane, a dit son « impatience » de retrouver dans ce pays meurtri le pontife argentin ainsi que le docteur Iain Greenshields, modérateur de l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse pour ce « pèlerinage de paix historique ». Cette visite oecuménique avait été promise en 2019 à l’issue d’une rencontre au Vatican entre les dirigeants sud-soudanais et les responsables d’Églises chrétiennes.
« Nous prions pour que le symbole de notre visite conjointe montre que la réconciliation et le pardon sont possibles », a confié Justin Welby dans un communiqué diffusé sur le site de l’archevêché de Canterbury le 28 mai. « Nous venons en tant que serviteurs et disciples suivant l’appel de Jésus-Christ à être des artisans de paix », a-t-il précisé avant d’ajouter : « Dieu n’a pas oublié le Sud-Soudan ».
De son côté, Iain Greenshields, nouveau modérateur de l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse, a assuré saisir « avec une grande humilité » cette occasion « d’aider nos frères et sœurs du Sud-Soudan dans leur quête de paix, de réconciliation et de justice ». Son communiqué précise que l’Église d’Écosse a été invitée à représenter la famille presbytérienne en raison de son partenariat solide avec l’Église presbytérienne du Sud-Soudan.
Avant d’arriver à Djouba, capitale du Soudan du Sud, les deux responsables religieux rejoindront le pape François en République démocratique du Congo où le pontife achèvera la première partie de sa tournée africaine. Le 5 juillet au matin, ils s’envoleront tous les trois de Kinshasa pour rejoindre Djouba en milieu d’après-midi. Ils rencontreront alors le président Salva Kiir Mayardit et les cinq vice-présidents du pays « pour réfléchir aux engagements » pris lors de la rencontre de 2019 au Vatican, indique l’Église anglicane.
Ensemble, ils visiteront le lendemain des personnes vivant dans un camp de déplacés et animeront une veillée en plein air pour la paix. Dans ce jeune pays fondé en 2011, quelque 400.000 personnes seraient mortes au cours d’une guerre civile déclenchée en 2013 à cause du conflit politique opposant l’actuel président Salva Kiir, de l’ethnie dinka, au vice-président Riek Machar, de l’ethnie nuer. Environ 4 millions de personnes auraient été déplacées.
Ce voyage œcuménique à haute portée diplomatique est inédit dans sa forme. L’idée a germé lors « d’une retraite spirituelle » au Vatican, le 11 avril 2019, réunissant les deux opposants sud-soudanais – le président Salva Kiir et le vice-président Riek Machar – et les responsables chrétiens.
Une image de la rencontre avait particulièrement marqué les esprits : le pape François s’était mis à genoux devant les leaders ennemis et avait embrassé leurs pieds pour les enjoindre à se réconcilier. Justin Welby et le pape François avaient ensuite déclaré être prêts à se rendre ensemble au Soudan du Sud si des avancées significatives étaient observées en matière de paix.
En décembre 2020, le pape, l’archevêque de Canterbury et le modérateur de l’Église d’Ecosse avaient qualifié les « petits progrès » réalisés d’« insuffisants » dans une lettre adressée aux responsables du pays. En juillet dernier, les trois responsables avaient réaffirmé leur vœu de venir ensemble au Soudan du Sud à la condition que les « lourdes promesses » établies en 2019 soient honorées.
« Votre peuple continue de vivre dans la peur et l’incertitude, et n’a pas confiance dans la capacité de sa nation à offrir la justice, la liberté et la prospérité », soulignaient-ils. Et d’affirmer : « il reste beaucoup à faire au Soudan du Sud pour façonner une nation qui reflète le Royaume de Dieu ».
I.MEDIA
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