Nigeria: Deux prêtres enlevés dans le diocèse de Sokoto

Deux prêtres ont été enlevés le 25 mai 2022 dans le diocèse de Sokoto, dans l’État de Katsina, au nord du Nigeria, communique le 26 mai le diocèse catholique de Sokoto. L’Etat de Katsina, d’où est originaire le président Muhammadu Buhari, à 95% peuplé de musulmans, subit depuis un certain temps une vague d’enlèvements, de vols de bétail et de meurtres.

Le 25 mai à minuit, des hommes armés ont fait irruption dans le presbytère de l’église catholique St-Patrick, Gidan Maikambo. Le prêtre de la paroisse et son vicaire, les Pères Stephen Ojapa et Oliver Okpara ainsi que deux garçons qui se trouvaient dans la maison, ont été kidnappés.

Pour le moment, aucune information ne permet de savoir où ils se trouvent, note le Père Christopher Omotosho, directeur des communications sociales du diocèse de Sokoto, qui demande de prier pour leur sécurité et leur libération.  

Selon divers rapports, les ravisseurs, qui étaient armés, sont arrivés en grand nombre et n’ont pas été vus en moto, comme c’est habituellement le cas dans les attaques de kidnapping au Nigeria.

Musulmans fanatisés

Le Père Oliver Okpara a été ordonné prêtre en septembre dernier par Mgr Mathew Hassan Kukah, évêque de Sokoto, qui a fait l’objet de récentes menaces pour avoir vivement dénoncé l’assassinat de Deborah Samuel Yakubu, une étudiante chrétienne de l’école Shehu-Shagari, lynchée le 12 mai dernier pour de prétendus «blasphèmes».

L’étudiante a été lapidée par ses camarades musulmans puis brûlée par une dizaine d’entre eux qui l’accusaient d’avoir manqué de respect au prophète Mahomet dans un message posté sur la messagerie WhatsApp. Des fanatiques déchaînés ont incendié et vandalisé plusieurs paroisses du diocèse de Mgr Kukah à Sokoto, suite à sa condamnation du meurtre horrible de Deborah Yakubu par ses camarades musulmans.

Djihadistes et éleveurs

La violence au Nigeria a des causes multiples, dont dans certaines régions, les conséquences du changement climatique, qui aiguise la rivalité entre cultivateurs et éleveurs, qui envahissent les terres cultivées avec leurs troupeaux. Comme les éleveurs peuls sont musulmans et les cultivateurs souvent chrétiens, d’aucuns interprètent ce conflit pour la terre comme un conflit religieux.

Des djihadistes ou des mercenaires d’autres pays, en particulier du Mali, sont également responsables de certaines des atrocités commises dans le nord du Nigeria.

Les atrocités ne visent pas que les chrétiens

«Cependant, il serait erroné de prétendre que les atrocités ne visent que les chrétiens. Cette affirmation est non seulement fausse, mais aussi peu charitable. Les musulmans ont souffert de ces attaques tout autant que les chrétiens. Des États comme le Zamfara, le Yobe et le Katsina sont musulmans à plus de 90 %, pourtant beaucoup d’entre eux ont subi les méfaits de ces bandits. Même le Katsina, l’État du président, qui est à plus de 95% musulman, n’a pas été épargné. En fait, le village du président a été attaqué et d’autres villages ont été complètement incendiés à plusieurs reprises. Et dans le Kaduna, au sud du Katsina, les chrétiens et les musulmans souffrent de la même manière en raison des activités des bandits», confie le Père Blaise Agwon à la Fondation pontificale Aide l’Église en Détresse (ACN). Le directeur du Centre pour le Dialogue, la Réconciliation et la Paix à Jos, capitale de l’État de Plateau, dans la région de la Ceinture Centrale du Nigeria, estime que plus de 20’000 personnes sont mortes jusqu’à présent dans le nord du Nigeria, du fait des activités terroristes et du banditisme local. (cath.ch/sokotodiocese/acn/be)

Jacques Berset

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