Lors de la 76e assemblée plénière de la CEI, qui se tient à proximité de Rome du 23 au 27 mai, le pape François avait pour tâche de trouver un remplaçant au cardinal Bassetti, en fin de mandat. En amont, le pontife avait indiqué, dans un entretien au Corriere della Sera, qu’il entendait nommer un cardinal qui «fasse autorité» et qui soit capable de «faire un bon changement». Une volonté qu’il aurait fermement exprimée à l’épiscopat italien, dont il est le Primat, lors de la séance inaugurale de l’assemblée, selon les comptes-rendus de la presse italienne. Dans la matinée du 24 mai, les évêques italiens ont voté une terna – trois noms de candidats – qu’ils ont proposée au pape François. Celui-ci a choisi l’archevêque de Bologne.
Selon Famiglia Cristiana, les autres noms de la terna présentée au pontife seraient ceux du cardinal Paolo Lojudice, archevêque de Sienne, et de Mgr Antonino Raspanti, évêque d’Acireale et vice-président sortant de la CEI.
Prototype parfait de l’évêque bergoglien, Matteo Zuppi est aujourd’hui le porte-voix d’une des associations de laïcs catholiques les plus influentes de l’Église: la communauté Sant’Egidio. Dans sa jeunesse, dans les années 70, il a en effet été un des premiers membres de cette organisation engagée dans le dialogue interreligieux et la paix – une spécialité de l’association – et y a gagné une réputation de «prêtre de rues».
Dans les années 1990, Matteo Zuppi va donner à Sant’Egidio sa dimension internationale en participant à une médiation au Mozambique, multipliant par la suite les déplacements dans le monde entier à l’occasion des «prières pour la paix» ou pour d’autres médiations. Grâce à ces dernières, il perfectionnera sa maîtrise des langues et se constituera un réseau important au sein de l’Église et en dehors.
Il est repéré et nommé en 2012 évêque auxiliaire de Rome, puis est choisi en 2015 par le pape argentin pour prendre la tête de l’archidiocèse de Bologne. Dans le sillage du pape François, il est très engagé dans le domaine social et humanitaire, une des raisons pour laquelle il a été choisi par le pontife en 2019 pour intégrer le collège cardinalice. Comme un symbole, le pape François lui a confié la paroisse de Sant’Egidio, dans le Trastevere, là où tout a commencé pour lui. (cath.ch/imedia/hl/rz)
Une Assemblée sous la pression des abus sexuels
À lire la presse italienne au lendemain de la première journée de l’Assemblée de la CEI, le pape François a de nouveau parlé avec franchise et vigueur aux évêques italiens. L’an passé déjà, le pontife argentin avait clairement signifié sa déception devant la lenteur de l’épiscopat de la Botte à mettre en place des réformes en matière de synodalité et de formation des séminaristes notamment.
Cette 76e assemblée plénière des évêques italiens se tient, en outre, alors que de plus en plus de groupes de pression demandent à l’Église italienne de faire la lumière sur les abus sexuels commis par des membres du clergé. Après la publication du rapport de la Commission Sauvé en France en octobre 2021 ou bien la création d’une commission d’enquête en Espagne en mars par les parlementaires du pays, de nombreuses voix s’élèvent pour que l’Italie s’engage aussi dans cette voie.
Ainsi, la Coordination contre les abus dans l’Église catholique en Italie (ItalyChurchToo) vient de réclamer publiquement l’ouverture d’une enquête indépendante. Une lettre avait été remise récemment à la CEI ainsi qu’à des membres éminents de la Curie, à commencer par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège ou encore le secrétaire général du Synode des évêques, le cardinal Mario Grech.
Cette semaine, une communication des évêques sur les activités et propositions de lutte contre les abus promues par le Service national de protection des mineurs est attendue, rapporte Il Fatto Quotidiano. Reste à savoir si ces annonces seront à la hauteur des attentes des associations de victimes.
Le jour de la conclusion de l’assemblée de la CEI, vendredi prochain, se tiendra une conférence de presse de la Coordination contre les abus dans l’Église catholique en Italie. L’association souhaite que des «mesures précises et urgentes» soient prises et que la CEI «dissipe les doutes relatifs à la réticence et à la résistance de l’épiscopat italien» face à ce phénomène qui n’a pas encore fait l’objet d’une étude globale dans ce pays. IMEDIA
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