«Les drames de l’histoire nous rappellent combien nous sommes loin d’atteindre notre but, la Nouvelle Jérusalem», reconnaît le pape François dans ce texte. Mais il exhorte à «accueillir le salut du Christ, son Évangile d’amour, afin que les inégalités et les discriminations du monde actuel soient éliminées». L’inclusion des plus vulnérables doit être une priorité, explique le pape argentin, invitant à reconnaître et à valoriser ce que chacun d’entre eux peut apporter au processus de construction de la société.
«L’histoire nous enseigne que la contribution des migrants et des réfugiés a été fondamentale pour la croissance sociale et économique de nos sociétés», insiste le pape, lui-même descendant de migrants piémontais venus tenter leur chance en Argentine dans les années 1930.
«La présence de migrants et de réfugiés représente un grand défi, mais aussi une opportunité de croissance culturelle et spirituelle pour tous. Grâce à eux, nous avons la possibilité de mieux connaître le monde et la beauté de sa diversité».
Le pape a aussi invité à vivre l’expérience du dialogue interreligieux. Découvrir «la richesse contenue dans des religions et des spiritualités qui nous sont inconnues» doit nous pousser à approfondir nos propres convictions.
Il rappelle que «l’arrivée de migrants et de réfugiés catholiques offre une nouvelle énergie à la vie ecclésiale des communautés qui les accueillent. Ils sont souvent porteurs de dynamiques revitalisantes et animateurs de célébrations vibrantes», ce qui donne des occasions de «vivre plus pleinement la catholicité du peuple de Dieu». Il invite particulièrement les jeunes à se mobiliser «pour que le projet de Dieu sur le monde puisse se réaliser et que son Royaume de justice, de fraternité et de paix arrive».
Lors de la conférence de presse, le Père Fabio Baggio, sous-secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral, a reconnu que le défi de l’accueil des migrants pouvait créer des «répercussions sociales», invitant à comprendre les multiples contextes de migration. Dans le cadre de la guerre en Ukraine, comme des autres mouvements de population qui marquent le panorama international actuel, il ne faut jamais «laisser un pays seul» face à ce défi. Tout doit être assumé dans un esprit de «coresponsabilité», a insisté le prêtre italien. La réconciliation et la reconstruction sont des conditions indispensables pour permettre un éventuel retour des réfugiés dans leur pays d’origine.
Pascale Debbané, coordinatrice pour le Moyen-Orient au sein de la Section migrants et réfugiés, a raconté son expérience personnelle de l’émigration au Canada dans les années 1980-90, dans le contexte de la guerre civile au Liban. «Adolescente, je me sentais très coupable de laisser mon pays derrière moi. L’intégration a été un défi pour moi», a-t-elle confié, reconnaissant avoir été «remplie de colère, de tristesse et de frustration».
Elle a alors été aidée par un professeur d’anglais qui l’a invitée à mettre ses émotions par écrit. «Nous n’étions pas de la même religion, mais son empathie à mon égard m’a fait expérimenter la gentillesse et a brisé les frontières des préjugés. À mon tour, j’ai pu partager cette ouverture d’esprit lorsque je suis retournée dans mon pays après la guerre», a-t-elle confié.
«À travers le minutieux travail de conversion personnelle et de transformation de la réalité, j’ai dû pardonner et guérir afin de remplir ma mission de coordinatrice régionale», a-t-elle précisé. «Je suis reconnaissante que la Providence ait trouvé un moyen pour moi d’utiliser mon expérience de migrante pour aider à construire l’avenir d’autres migrants et réfugiés, afin que le plan de Dieu pour le monde se réalise», a assuré Pascale Debbané.
Les migrants constituent un «6e continent», a pour sa part expliqué le cardinal Francesco Montenegro, archevêque émérite d’Agrigente (Sicile). «Il n’est pas possible de demeurer à l’extérieur de cet enjeu. La communauté chrétienne a la responsabilité de vivre aujourd’hui en cherchant à réaliser le projet de Dieu par la justice, la paix et le respect de la dignité de chaque personne», a-t-il martelé.
Le cardinal sicilien, dont l’ancien diocèse couvre l’île de Lampedusa – où débarquent de nombreux migrants – a invité chacun à se mobiliser concrètement pour construire un «monde de justice, de fraternité et de paix». «Prier, c’est dire à Dieu ce que moi je veux faire», a-t-il insisté. (cath.ch/imedia/cv/rz)
Prière du pape au terme de son message:
«Seigneur, fais de nous des porteurs d’espoir afin que, là où sont les ténèbres, règne ta lumière, et que, là où il y a résignation, renaisse la confiance dans l’avenir. Seigneur, fais de nous des instruments de ta justice, afin que, là où il y a exclusion, fleurisse la fraternité, et que, là où il y a de la cupidité, prospère le partage. Seigneur, fais de nous des bâtisseurs de ton Royaume Ensemble avec les migrants et les réfugiés et avec tous les habitants des périphéries. Seigneur, fais-nous apprendre combien il est beau de vivre tous comme des frères et sœurs. Amen.»CV
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