«Nous sommes au courant de sa santé… Il était impossible de réaliser ce voyage», confie le patriarche arménien catholique, Sa Béatitude Raphaël Bedros XXI Minassian, après l’annonce, par le ministre du tourisme, de l’annulation du voyage du pape, le 9 mai 2022. Depuis quelques jours, la rumeur d’un report de la visite papale au pays du Cèdre allait bon train. Les mauvaises nouvelles concernant le genou du pontife circulaient et les images récentes du pape François en fauteuil roulant avaient fini de refroidir les plus optimistes.
«Nous comprenons ce changement. Mais nous espérons que cette visite sera réalisée malgré toutes les difficultés et les défis», souligne pour sa part Sa Béatitude Joseph Younan, patriarche syriaque catholique. «Nous voulons qu’il soit vraiment dans une bonne santé pour apporter ses paroles et ses encouragements», poursuit-il, rappelant la figure paternelle du pape et son aura internationale capable de faire bouger les lignes.
Au Liban, près de 80% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté. Et malgré la révolution de 2019 qui avait suscité des espoirs de changement, la situation politique semble sclérosée et les élections législatives du 15 mai soulèvent peu d’enthousiasme.
«Ce report va permettre de laisser passer les élections parlementaires et que le peuple retrouve un peu de sérénité, en sortant des calculs politiques», confie de son côté Mgr César Essayan, l’évêque latin pour le Liban.
La date du voyage du pape François – un mois seulement après les élections – avait interrogé certains chrétiens, dont des évêques, qui trouvaient cette proximité avec le scrutin peu opportune.
«C’est presque une bonne nouvelle que le voyage soit annulé», glisse d’ailleurs un prêtre libanais très actif dans les œuvres sociales à Beyrouth. «Il aurait été récupéré par la mafia», assure-t-il, alors que quelques voix avaient déjà pointé du doigt l’attitude du président Michel Aoun. En avril dernier, c’est lui qui avait officialisé la venue du pape François pour le mois juin, et ce sans attendre que le Saint-Siège communique d’abord, comme le veut le protocole.
Cet ajournement «peut aussi nous permettre de mieux nous préparer à cette visite», veut croire l’évêque latin. Il estime que les responsables des différentes communautés chrétiennes au Liban ont encore du chemin à accomplir pour avancer unis dans cette crise qui conduit le pays à la faillite.
En juillet 2021, de façon exceptionnelle, le pape François avait réuni au Vatican les patriarches et chefs des Églises orientales libanaises pour une journée de prière et de réflexion sur la situation dramatique du pays. Censée provoquer un électrochoc et encourager la communion entre les Églises pour affronter la crise, la journée n’aurait pas été suivie d’effet. (cath.ch/imedia/hl/bh)
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