César de Bus, un saint catéchiste

Le Français César de Bus, fondateur en 1586 de l’Institut féminin des Filles de la Doctrine de Sainte-Ursule et la congrégation masculine des Pères de la Doctrine, sera canonisé sur la place Saint-Pierre le 15 mai 2022. Toute sa vie, le bienheureux a eu le souci de mettre l’Évangile à la portée des plus humbles.

«Le saint est un modèle à suivre qui nous dit encore quelque chose aujourd’hui, et aussi peut-être un frère qui a fait une expérience de vie qui peut être un encouragement pour nous», confie à I.Média le préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le cardinal Marcello Semeraro. «Je vois en César de Bus un modèle, surtout dans ce qui a été sa particularité, celle de s’occuper de l’annonce de l’Évangile, et l’annonce est la première tâche de l’Église», ajoute-t-il.

César de Bus est né dans la ville de Cavaillon, dans le sud de la France, en Provence, le 3 février 1544. Issu d’une famille noble d’origine italienne, il est le septième de treize enfants. 

En France, les guerres de religion débutent en 1562: César de Bus, en bon aristocrate, passe son adolescence à batailler, mais aussi à participer à des fêtes avec ses camarades. Il fréquente un temps la cour du roi Charles IX à Paris où son frère est général. D’un caractère spontané et jovial, homme de lettres aimant la poésie et le théâtre, il se distingue par son style de vie libertin et insouciant, bien qu’il continue à se rendre à l’église. 

Pourtant, son parcours va passer «d’une vie frivole, d’amusement, […] à une existence de foi et d’adoration vivante dans une époque difficile et dure», estime le cardinal Semeraro lors d’un colloque sur la vie du saint organisé à Rome le 22 avril. Sa conversion n’a pas été brutale mais «un chemin graduel et naturel, le résultat d’une attraction intime et forte dans la grâce», souligne-t-il. Sur cette route de conversion, trois personnes vont accompagner César de Bus.

Les trois soutiens de César de Bus

César fait la rencontre d’une humble paysanne, Antoinette Réveillade, qui se rend fréquemment au domicile de sa famille et prie sans cesse pour lui.

Antoinette lui suggère de rencontrer Louis Guyot, le sacristain de la cathédrale de Cavaillon. Avec Antoinette, cet homme va donner à César des conseils sur la manière de vivre une vie plus proche de Dieu, notamment par la prière, les pèlerinages, les jeûnes et l’attention aux pauvres. 

Une nuit, alors qu’il a quitté une fête et déambule dans les rues d’Avignon, il entend des religieuses du monastère de Sainte-Claire prier. À cet instant, il se dit: «Ces jeunes vierges veillent pour louer Dieu, et toi tu cours pour l’offenser gravement». Le lendemain, il va se confesser auprès du prêtre jésuite Pierre Péquet, qui devient son troisième soutien.

César comprend peu à peu qu’il doit troquer sa robe de gentilhomme contre une mise plus simple s’il veut se consacrer aux pauvres et aux malades de sa région. Le Français reprend ses études, interrompues dans sa jeunesse, et demande à Dieu de le guider. Une nuit, il se sent appelé à suivre et à se consacrer complètement à Dieu, et en août 1582, à l’âge de 38 ans, il est ordonné prêtre. Sa prédication devient connue dans toute la ville et beaucoup viennent l’écouter. 

L’importance du catéchisme et son dévouement à la jeunesse 

En 1586, il se retire à l’ermitage de Saint-Jacques, sur la colline qui domine Cavaillon. De là, il se consacre à ce qu’il ressent comme un appel de Dieu: catéchiser. Inspiré par saint Charles Borromée, il veut faire en sorte que chacun, quel que soit son âge ou son statut, comprenne la parole de Dieu afin de lui annoncer l’Évangile et d’assurer le salut de son âme. 

Il développe pour cela deux méthodes de catéchèse: la «petite doctrine» et la «grande doctrine». La première s’adresse à ceux qui n’ont aucune connaissance de l’Église ou du catholicisme, qui ont besoin de tout apprendre sur la façon de prier, sur les sacrements ou sur la Bible. La seconde est pensée pour ceux qui ont des connaissances mais ont besoin d’approfondir leur foi.  

Pour mener cette mission à bien, César de Bus privilégie le catéchisme des jeunes, ce qui l’oblige à employer un langage simple et accessible. Il a recours aussi à la peinture, au théâtre, à la danse et à la musique, composant même plusieurs chansons qu’il accompagnait à la mandoline. Homme plein de ressources, il fabrique également des chapelets ou peint la passion sur de petits crucifix qu’il distribue ensuite. 

La Congrégation des Pères de la Doctrine chrétienne

Poussé à annoncer l’Évangile même au-delà de ses capacités, il forme des groupes de catéchistes féminins et masculins pour se consacrer à cette importante tâche. En 1592, il fonde l’Institut féminin des Filles de la Doctrine de Sainte-Ursule et la congrégation masculine des Pères de la Doctrine Chrétienne. La congrégation féminine ne survivra pas à la mort de son fondateur, au contraire des «doctrinaires» qui, encore aujourd’hui, poursuivent la mission d’évangélisation impulsée par César de Bus.

À 50 ans, César de Bus devient aveugle et sa santé se dégrade rapidement. Cependant, il reste toujours actif, priant et remplissant ses fonctions de Supérieur de sa Congrégation. Au cours des derniers mois de sa vie, il parle de sa mort comme de sa «Pâque» et en prédit même la date: elle survient dans la nuit du Samedi Saint au Dimanche de Pâques, le 15 avril 1607. Il a alors 63 ans.

Aujourd’hui, sa dépouille se trouve dans l’église de Santa Maria in Monticelli à Rome, où se trouve la maison générale de sa Congrégation. César de Bus a été béatifié par le pape Paul VI le 27 avril 1975, après avoir la reconnaissance de cas de guérison miraculeuse de Pasquale Favino en 1911 et de Maria Bianco en 1943. 

La Congrégation pour les causes des saints a reconnu en 2016 une nouvelle guérison miraculeuse, celle d’un jeune garçon de l’archidiocèse de Salerne-Campagna-Acerno, en Italie du Sud. Le saint, considère-t-elle, l’a guéri d’une grave méningite alors qu’il souffrait également d’une hémorragie cérébrale «avec hydrocéphalie aiguë». Le prédicateur de Cavaillon sera le plus ancien des dix nouveaux saints du 15 mai 2022. «L’œuvre de César de Bus suscite toujours, après trois siècles, notre admiration. Voilà quelqu’un qui a vu juste», s’était exclamé Paul VI lors de la béatification en 1975. (cath.ch/imedia/ic/bh)

Les Pères de la doctrine chrétienne
Le mot d’ordre de cette congrégation est, selon le mot de son fondateur: «Il faut que tout ce qui est en nous catéchise et que notre conduite fasse de nous un catéchisme vivant». Aujourd’hui, elle compte une petite centaine de membres à travers le monde, présents en France, en Italie, au Brésil, en Inde et au Burundi. Si elle fut, à ses débuts, surtout développée dans l’Hexagone, la Révolution française entraîna la fermeture des quelque 60 maisons de la Congrégation, poussant l’ordre à s’installer en Italie. IC

Bernard Hallet

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