Le pape François laisse entendre que la mise en œuvre des orientations du Concile Vatican II a été «peut être plus difficile» en Italie qu’en Amérique latine ou en Afrique, une parole qui semble une critique implicite de l’épiscopat italien, que le pape a régulièrement tancé pour son conservatisme et son goût de l’apparat. Au début de son pontificat, son choix de ne pas élever au cardinalat des titulaires de sièges prestigieux, comme Mgr Francesco Moraglia, le patriarche de Venise, avait été interprété comme une volonté de ne pas promouvoir des prélats de sensibilité traditionnelle.
Le pape souligne néanmoins dans cet entretien les qualités de nombreux prêtres, curés, religieuses et laïcs italiens, et explique qu’il ne souhaite pas mettre en œuvre un turn-over trop rapide au sein de la hiérarchie épiscopale. «Chaque évêque est l’époux de l’Église pour toute la vie», précise-t-il en citant le cardinal Bernardin Gantin, qui fut préfet de la Congrégation pour les évêques sous le pontificat de Jean Paul II.
Le pape a toutefois voulu impulser «le renouvellement de l’Église italienne» en nommant de simples prêtres directement à la tête de grands diocèses, comme récemment à Turin avec le théologien Roberto Repole, ou à Gênes en 2020 avec le franciscain Marco Tasca.
Pour la présidence de la conférence épiscopale, que le cardinal Bassetti, 80 ans, quittera dans les prochains jours, le pape espère trouver un cardinal «qui veuille faire un beau changement». Il exprime aussi son attachement à la figure du cardinal Martini, l’archevêque jésuite de Milan de 1979 à 2002, décédé il y a près de dix ans, et qui fut la figure centrale de l’aile réformiste de l’épiscopat italien durant le pontificat de Jean Paul II.
Concernant la situation politique en Italie, le pape adresse un satisfecit au chef du gouvernement Mario Draghi, «une personne directe et simple» avec qui le rapport est «très bon». Il confie avoir consulté Mario Draghi, qui est membre de l’Académie pontificale des sciences sociales, lorsque celui-ci dirigeait la Banque centrale européenne. «L’Italie est en train de faire un bon travail», assure le pape, qui exprime aussi son admiration pour le président de la République Sergio Mattarella et pour son prédécesseur Giorgio Napolitano.
D’une façon plus polémique, le pape exprime aussi son respect pour Emma Bonino, figure du Parti Radical et militante de l’accès à l’IVG, qui fut une adversaire historique de l’Église italienne. «Je ne partage pas ses idées, mais elle connaît l’Afrique mieux que tous. Face à cette femme, je dis «chapeau«», ajoute le pontife, en français dans le texte.
Suscitant la perplexité d’une partie des catholiques italiens, le pape a à plusieurs reprises exprimé sa sympathie pour cette femme politique atteinte d’un cancer, qu’il avait reçue pour une audience privée à la résidence Sainte-Marthe en novembre 2016. Leur dialogue avait notamment été consacré à l’accueil des migrants. (cath.ch/imedia/cv/bh)
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