En mai 2016, l’arrivée du Frère Francesco Patton à la tête de la Custodie avait créé la surprise. Auparavant, le franciscain n’avait en effet jamais fait de longs séjours en Terre Sainte. Entré chez les Frères mineurs en 1983, il appartenait à la province d’Italie du nord.
Six ans plus tard, la Custodie a choisi de reconduire ce diplômé en sciences de la communication après un processus de nomination singulier: le Custode est approuvé par le Saint-Siège après consultation des Frères de la Custodie et sur présentation du gouvernement de l’Ordre.
«Le renouvellement du Custode dans sa charge, c’est le choix de la sécurité», analyse Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef du magazine Terre Sainte. «Dans une période politico-religieuse qui n’est pas simple, il est au fait des dossiers», confie-t-elle à I.MEDIA.
Durant son premier mandat, le Frère Patton a pu prendre la mesure de la complexité des réalités politiques et religieuses en Terre Sainte, ainsi que de la spécificité de la Custodie qui y est implantée depuis huit siècles. Il a d’ailleurs conduit en 2017 les célébrations des 800 ans de la présence franciscaine et, deux ans plus tard, des 800 ans de la rencontre entre saint François et le sultan al-Malik al-Kamil à Damiette, en Égypte.
À Jérusalem, il a poursuivi les efforts de son prédécesseur – Pierbattista Pizzaballa, aujourd’hui patriarche latin de Jérusalem – pour favoriser les relations entre les différentes confessions chrétiennes. En 2017, le Frère Patton a accompagné la fin des travaux de restauration du Tombeau du Christ dans le Saint-Sépulcre puis a lancé, avec les Arméniens et les Grecs-Orthodoxes, une nouvelle phase de travaux dans ce haut lieu de la foi chrétienne. Les travaux de restauration des pavés de la basilique ont effectivement commencé en mars dernier, signe que la coopération entre les communautés chrétiennes à Jérusalem est active.
Comme toutes les communautés religieuses en Terre Sainte, le Frère Patton a dû faire face à la pandémie de Covid-19 qui a mis un coup d’arrêt brutal au tourisme religieux et fragilisé les finances de la Custodie. «En interne, il n’est pas impossible que ses frères attendent quelques évolutions. La crise économique rencontrée par les communautés religieuses qui touche aussi sévèrement la Custodie va certainement infléchir nombre de décisions à venir», estime Marie-Armelle Beaulieu.
Élu pour un deuxième mandat de trois ans, le Frère Patton pourrait encore être réélu en 2025 une troisième et dernière fois pour un triennat.
Comme le souligne le magazine Terre Sainte, les Custodes ont presque toujours été de nationalité italienne. Ce n’est que dans de très rares cas que des Frères d’autres nationalités ont été choisis: le Frère Martin d’Aragon (1375), le Frère Gherardo d’Aquitaine (1392) et le Frère Mauro (1501, espagnol).
La Custodie de Terre sainte, officiellement reconnue par le pape Clément VI en 1342, a pour siège central le couvent de Saint-Sauveur à Jérusalem, que les franciscains ont acquis en 1560. Desservie par quelque 280 religieux, elle est présente en Israël, en Palestine, en Jordanie, en Syrie, au Liban, en Égypte, ainsi que dans les îles de Rhodes (Grèce) et de Chypre. A ce titre, le Frère Patton avait accueilli le pape François lors de son voyage à Chypre en décembre dernier.
Sa principale charge est la garde des lieux saints, qui lui ont été confiés dès son origine par le Saint-Siège. Elle veille à l’entretien des sanctuaires, des basiliques et des églises, ainsi qu’à l’entretien des couvents où elle réside. Elle s’occupe en outre de l’accueil, du service des pèlerins et gère une dizaine d’écoles. (cath.ch/imedia/hl/rz)
I.MEDIA
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