Suspendu en octobre 2019, Tommaso Di Ruzza, l’ex-directeur de l’AIF, est accusé de détournement de fonds, d’abus de pouvoir et de violation du secret professionnel. Lors de l’audience, il a été interrogé sur son rôle dans l’évaluation de la restructuration de l’immeuble de Londres – jugée défavorable au Saint-Siège par le promoteur de justice – ainsi que sur la validation d’un prêt par l’Institut des Œuvres de Religion (IOR) à la Secrétairerie d’État censé permettre de rééchelonner un prêt onéreux. Des soupçons à propos de la légitimité de ce prêt furent à l’origine du déclenchement de l’investigation sur l’immeuble de Londres.
Comme René Brülhart, son ancien bras droit a affirmé que ses actions n’étaient guidées que par les directives du Substitut Mgr Edgar Peña Parra, du cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin et du pape François en personne. Ce sont ces derniers, a-t-il insisté, qui ont demandé à l’AIF* de traiter avec Gianluigi Torzi, courtier lui aussi mis en cause dans le procès.
Tommaso Di Ruzza a insisté sur l’autonomie et l’indépendance de son institution. Il a réfuté tout contact avec les autres personnes du procès à l’exception de rencontres avec le cardinal Angelo Becciu et Mgr Mauro Carlino, sans rapport avec les affaires examinées par la justice selon lui.
«Il est loin le temps où le Directorium Inquisitorum du frère Nicolas Eymerich, inquisiteur général d’Aragon, expliquait que le principal obstacle à la rapidité des procès est la présence d’une défense», s’est permis de déclarer l’avocat d’Enrico Crasso dans une note d’audience déposée le 26 avril. Il se plaignait de ne pas être en mesure d’avoir accès à l’ordinateur de son client, saisi deux ans auparavant par la Guardia di Finanza.
La remarque n’a pas plu au juge Giuseppe Pignatone. Ce dernier a tenu à défendre son tribunal au début de l’audience, qualifiant cette remarque de «hors de propos» et d’«injustifiée». Conséquence de cette situation, le juge a décidé de renvoyer l’audience d’Enrico Crasso prévue le lendemain à une date ultérieure.
Pour l’heure, seuls quatre des dix accusés ont été entendus par le tribunal du Vatican. La prochaine audience, lors de laquelle sera entendu le cardinal Becciu, se tiendra le 5 mai. Des audiences sont annoncées les 18, 19, 20, 30 et 31 mai ainsi que le 1er juin. (cath.ch/imedia/ic/cd/bh)
* Aujourd’hui Autorité de surveillance et d’information financière (ASIF).
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/proces-de-limmeuble-de-londres-di-ruzza-interroge/