Liberato De Caro, de l’Institut de cristallographie du Conseil national de la recherche de Bari (Italie), a utilisé une méthode de «diffusion des rayons X à grand angle» pour examiner le vieillissement naturel de la cellulose constituant un échantillon du célèbre tissu de lin qui aurait entouré le corps du Christ après sa crucifixion.
Les conclusions se sont révélées compatibles avec l’hypothèse selon laquelle le linge est beaucoup plus vieux que sept siècles. Telle était la date à laquelle étaient parvenu en 1988 trois laboratoires indépendants en utilisant la technique du carbone-14. L’institut italien a, lui, fait remonter la fabrication du tissu au début du premier siècle de notre ère, soit la période où Jésus de Nazareth a été mis à mort en Palestine.
Liberto De Caro utilise depuis une trentaine d’années des techniques de recherche à l’échelle des atomes, notamment par le biais des rayons X. «Il y a trois ans, nous avons mis au point une nouvelle méthode de datation d’échantillons prélevés sur des tissus de lin», explique-t-il dans une interview du 19 avril 2022 au journal américain Catholic National Register.
La nouvelle technique a finalement été appliquée à un échantillon du Suaire de Turin. Les résultats de cette recherche ont été publiés dans la revue internationale Heritage après environ un mois de préparation et de révision, au cours duquel le travail de l’institut a été évalué par trois autres experts indépendants et par le rédacteur en chef de la revue. La recherche a également été mise en évidence sur le site web du Conseil national de la recherche italien.
Selon le chercheur, un premier article publié en 2019 a démontré la fiabilité de la nouvelle technique de datation par rayons X sur une série d’échantillons, prélevés sur des tissus de lin dont l’âge varie de 3000 av. J.-C. à 2000 ap. J.-C. Le scientifique estime que sa méthode est plus fiable que celle au carbone-14 utilisée en 1988, qui se base sur les radiations émises par la matière. «Les échantillons de tissu sont généralement sujets à toutes sortes de contaminations, qui ne peuvent pas toujours être contrôlées et complètement éliminées du spécimen daté».
En 2019, le statisticien italien Benedetto Torrisi dirigeant une équipe multidisciplinaire de scientifiques rassemblés à l’Université de Catane (Italie), avait déjà conclu que la datation du tissu effectuée en 1988 était non valide.
Liberto De Caro relève que la datation de 2000 ans correspond à d’autres découvertes réalisées sur le linceul. Il note en particulier la présence sur le tissu de pollens typiques de la région du Proche-Orient. Ce qui indiquerait que l’artefact est resté pendant longtemps dans cette zone géographique.
Le chercheur italien ne s’exprime cependant pas sur une quelconque authenticité de la relique, soulignant que même une datation conforme à la tradition chrétienne ne serait pas une preuve de la résurrection. Il appelle également de ses vœux des recherches plus approfondies sur la datation, qui pourraient notamment être effectuées «à l’aveugle» par d’autres laboratoires dans le monde. (cath.ch/ncr/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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