Le résultat est intéressant à détailler en fonction de leur proximité avec le culte. Plus on pratique, plus on vote Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, analyse le quotidien La Croix. Ainsi, les catholiques non pratiquants ont voté à 45 % pour la candidate d’extrême droite. Une proportion qui chute à 42 % pour les pratiquants (niveau équivalant à la moyenne nationale) et à 39 % pour les pratiquants réguliers (trois points en dessous de la moyenne).
Si l’on compare ces résultats à ceux de la même étude réalisée en 2017 pour La Croix et Le Pèlerin, on note une progression du vote catholique pour la candidate RN, à peu près équivalente à celle de l’ensemble de l’électorat.
«Longtemps, les catholiques pratiquants ont représenté la catégorie la plus réfractaire au vote pour le FN puis le RN, analyse Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop. Cette spécificité s’était progressivement étiolée et maintenant disparaît.» Avec 39 % pour Marine Le Pen chez les pratiquants réguliers, on reste certes environ trois points en dessous du score national. Mais la dynamique est forte dans cette catégorie, de + 10 points en cinq ans (29% en 2017).
Si l’on compare ces résultats à ceux du premier tour, le 10 avril dernier, on voit que l’effet Éric Zemmour a joué fortement pour expliquer le taux élevé de suffrages pour l’extrême droite chez les catholiques pratiquants.
Le candidat du parti Reconquête ! a fait une percée dans cet électorat. Éric Zemmour a atteint 16 % chez les catholiques pratiquants, un score bien plus élevé que les 7 % obtenus chez les non-pratiquants ou pour l’ensemble des votants. Cette candidature très identitaire a clairement fait campagne en s’appuyant sur des réseaux catholiques conservateurs (Les Éveilleurs).
Ce n’est pas le cas de Marine Le Pen qui se présentait comme la «candidate du peuple» et qui provoque toujours une réticence chez les catholiques pratiquants. Jérôme Fourquet juge toutefois cette réticence fragile. «Le vote Éric Zemmour a servi de sas pour amener des électeurs pratiquants vers l’extrême droite et qui ont ensuite voté Le Pen au second tour.»
Autre enseignement de cette enquête, les musulmans qui avaient massivement voté à 69% pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour, ont voté à 85 % pour Emmanuel Macron le 24 avril.
Entre les deux catégories, catholique et musulmane, le vote des protestants exprime une diversité relative, avec une nette majorité de 65 % pour Emmanuel Macron mais un vote Le Pen qui progresse de 11 points en cinq ans, passant de 24 % à 35 %. (cath.ch/lcx/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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