La présidence des évêques de France a été reçue en audience par le pape François durant une trentaine de minutes, le 21 avril 2022. Ils ont notamment discuté des suites du rapport de la CIASE et de l’application du Motu proprio Traditionis Custodes. Le pontife leur a aussi glissé s’être informé du débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Elle ne figurait pas au programme de leur discussion, mais la présidentielle française s’est invitée durant leurs échanges. Reçus à 9h au Palais apostolique du Vatican, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, Mgr Dominique Blanchet, Mgr Olivier Leborgne, et le Père Hugues de Woillemont, secrétaire général de la CEF, ont rapporté que le pape avait librement abordé le sujet, au lendemain du débat télévisé opposant les deux finalistes de la présidentielle.
«Il a regardé une analyse du débat ce matin », confie Mgr de Moulins-Beaufort, «preuve qu’il s’intéresse à la situation française». Selon les évêques, le pontife a dit sa préoccupation quant au niveau de l’abstention, et particulièrement celle des jeunes, précise Mgr Leborgne.
Durant l’audience, qui s’est déroulée deux semaines après l’assemblée plénière des évêques à Lourdes, il a été surtout question des suites du rapport de la CIASE publié en octobre 2021. Le pape a rendu très fortement hommage au travail de la CIASE, a relevé Mgr de Moulins-Beaufort.
Au sujet de la rencontre ajournée du pape avec les membres de la commission d’enquête – initialement prévue en décembre dernier -, les évêques ont expliqué que le pontife préférait qu’elle ne se tienne pas «dans l’immédiat». Et d’invoquer notamment une actualité chargée. Par ailleurs, alors que le format initial prévoyait une rencontre avec l’ensemble des membres de la CIASE, d’autres modalités pourraient désormais être envisagées, la commission Sauvé étant arrivée au terme de sa mission il y a déjà plusieurs mois.
Cette rencontre avec le pape devrait alors être l’occasion de présenter aussi le dispositif que la CEF met en place depuis son assemblée plénière de novembre, essentiellement consacrée à la réception du rapport sur les abus dans l’Église en France.
Durant l’audience, le pape et les évêques français n’ont pas évoqué une de leurs demandes formulées en novembre concernant l’envoi par Rome d’une «équipe de visiteurs» pour évaluer les dispositifs de protection des mineurs dans les diocèses français. La présidence a pu cependant échanger la veille avec le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le cardinal Ladaria Ferrer. Il en ressort que la forme que prendra le dispositif n’est pas encore actée, mais qu’il ne s’agirait pas de «visiteurs apostoliques» venant faire une visite disciplinaire. Il se pourrait par ailleurs que cette collaboration puisse se faire directement à Rome. « Ils sont prêts à nous recevoir longuement ici», ont noté les évêques.
Les évêques de France ont enfin abordé avec le pontife la mise en application des dispositions du Motu proprio Traditionis Custodes restreignant les possibilités de célébration de la messe tridentine.
Le pape a rappelé «avec force» que le décret exemptant les prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP) des dispositions du Motu proprio était bien le sien. «Il a beaucoup insisté sur le 2e paragraphe», indiquent les évêques. Celui-ci explique que les membres de la Fraternité Saint-Pierre n’ont la faculté de célébrer la messe et les sacrements selon le Missel de 1962 que dans leurs églises et oratoires propres.
Le pape n’a par ailleurs pas parlé d’une possible extension du décret à d’autres instituts. Rappelant l’autorité de l’évêque dans l’évaluation des situations, il a en outre insisté sur la nécessité que les tous les prêtres acceptent de concélébrer, au «moins pour la messe chrismale». L’initiative de « La Voie romaine », ces mères de prêtres attachées au rite tridentin qui marchent actuellement de Paris à Rome pour demander au pape de revenir sur son Motu proprio n’a pas été évoquée. (cath.ch/imedia/hl/mp)
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