Aujourd’hui le complexe de la cathédrale de la Trinité – Alexandre Nevski, fondé par la Russie, au XIXe est aux mains de la Société de Palestine orthodoxe hors frontières, une structure indépendante du patriarcat de Moscou.
La remise de la propriété à la Russie avait été promise par l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu en 2020. L’insistance du président Poutine pour prendre possession du site pourrait non seulement déclencher un affrontement diplomatique entre Israël et la Russie, mais risque également de provoquer une vague de critiques de la part de la communauté internationale, relève le site Jforum.fr.
Toujours le 17 avril, l’ambassadeur Alexander Ben Zvi a reçu une convocation au ministère des Affaires étrangères à Moscou pour clarifier les déclarations du ministre des Affaires étrangères Yair Lapid. «Il y a une tentative mal camouflée de profiter de la situation en Ukraine pour détourner l’attention de la communauté internationale de l’un des plus anciens conflits non résolus – celui palestino-israélien », a déclaré le ministère russe.
L’église Alexandre Nevski, également connue sous le nom de cathédrale de la Sainte Trinité, est un élément important pour l’orthodoxie russe en Terre Sainte. Située au cœur du quartier chrétien de Jérusalem, le lieu a fait la une des journaux en 2019, après l’emprisonnement d’un jeune Israélien à Moscou pour possession de cannabis. Afin de le libérer, Benjamin Netanyahou avait promis à Vladimir Poutine la restitution de l’église Alexandre Nevski.
Lors de sa fondation à la fin du XIXe siècle, la propriété de l’église avait été reconnue par l’empire ottoman au «glorieux royaume de Russie». Fort de cette désignation, Moscou a demandé en 2017 qu’Israël lui reconnaisse la propriété du site. En 2020, Benjamin Netanyahu a décidé que le litige de propriété sur le monument chrétien relevait de la catégorie des ›lieux saints’ et ne pouvait donc pas être résolu devant un tribunal.
Cependant, sous la nouvelle administration Bennett, une décision rendue par la Cour suprême a suspendu la reconnaissance finale. Un comité a été mis en place en 2021 pour déterminer la propriété, mais il ne s’est pas encore réuni.
L’impatience russe resurgit avec la guerre en Ukraine. Sergei Stepashin, ancien Premier ministre russe et chef de l’association en charge des actifs russes au Moyen-Orient, a critiqué Israël pour avoir bloqué le dossier. «Nous nous battons pour le retour de ce bien, et c’est très difficile: nous y étions presque. Mais la situation avec l’Ukraine s’est produite, et Israël s’est comporté comme il le fait souvent – jouer avec les deux camps, jouer au ping-pong avec tout le monde », a déclaré le diplomate russe.
La guerre en Ukraine a effectivement transformé le différend local sur la propriété de l’église Alexandre Nevski, en un conflit international. En ce moment transférer cette propriété symbolique aux mains des Russes pourrait entraîner de graves conséquences diplomatiques pour Israël. (cath.ch/Jforum/mp)
Maurice Page
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