«Dans cette obscurité que vous vivez, nous ne pouvons que vous assurer de notre compagnie, de notre prière», a assuré le pape à la délégation d’élus ukrainiens, parmi lesquels le jeune maire de Melitopol, Ivan Fedorov, 33 ans, qui avait enlevé et torturé par les troupes russes du 11 au 16 mars 2022 avant sa libération dans le cadre d’un échange de prisonniers.
Sortant de son texte, le pape a évoqué les «ténèbres obscures de la guerre, de la cruauté». «Nous prions tous, nous prions pour vous et avec vous », a assuré le pape en leur redisant « la chose la plus grande que l’on célèbre aujourd’hui : «Christ est ressuscité » », formule prononcée par le pape en ukrainien.
Ces élus ukrainiens, qui effectuent actuellement une tournée en Europe occidentale, avaient été reçus dans la journée par le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État. Dans un tweet, l’ambassadeur d’Ukraine près le Saint-Siège a exprimé sa satisfaction pour cette rencontre et pour la modification de la prière de la 13e Station du Chemin de Croix du Vendredi Saint au Colisée, remplacée par un temps de silence. Les élus ukrainiens se sont entretenus également avec le pape François avant la messe.
Dans son homélie de la Vigile pascale, qu’il a prononcée en demeurant assis devant l’autel, le pape a souligné le contraste entre «la beauté des nuits illuminées par les étoiles» et «les nuits de la guerre (…) striées par les traînées lumineuses de la mort».
Le pontife a donc invité à suivre l’exemple des femmes de l’Évangile de Matthieu, «pour découvrir avec elles l’aube de la lumière de Dieu qui brille dans les ténèbres du monde». «Trop souvent, nous regardons la vie et la réalité avec les yeux tournés vers le bas», a regretté le pape François. « Pourtant, le Seigneur, en cette nuit, veut nous donner des yeux différents, éclairés par l’espoir que la peur, la douleur et la mort n’auront pas le dernier mot sur nous », a-t-il assuré.
Insistant sur la valeur de l’écoute, il a rappelé que le Christ n’est pas là «lorsque nous pensons l’emprisonner dans nos mots, nos formules et nos habitudes, mais que nous oublions de le chercher dans les coins les plus sombres de la vie, là où il y a ceux qui pleurent, luttent, souffrent et espèrent».
Il faut avoir « le courage de nous laisser pardonner par Dieu, de changer, de rompre avec les œuvres du mal, de nous décider pour Jésus et son amour ». La foi ne doit pas se réduire « à une amulette, faisant de Dieu un beau souvenir du passé. Ne nous attardons pas autour des tombes, mais allons le redécouvrir, Lui, le Vivant », a exhorté le pape.
Il a invité les chrétiens à témoigner de leur foi en la Résurrection «par des gestes de paix en ce temps marqué par les horreurs de la guerre ; par des œuvres de réconciliation dans les relations brisées et de compassion pour ceux qui sont dans le besoin ; par des actions de justice au milieu des inégalités et de vérité au milieu des mensonges».
Jésus est «entré dans le tombeau de notre péché», a répété le pape François. «Des profondeurs les plus sombres de notre mort, il nous a réveillés à la vie et transformé notre deuil en danse », a-t-il insisté. «Avec lui, le mal n’a plus de pouvoir, l’échec ne peut plus nous empêcher de recommencer, la mort devient un passage vers le début d’une nouvelle vie. Parce qu’avec Jésus, le Ressuscité, aucune nuit n’est sans fin ; et même dans les ténèbres les plus épaisses, brille l’étoile du matin », a assuré le pape François.
Environ 5.500 fidèles ont assisté à cette liturgie. En 2020 et en 2021, la vigile pascale avait été célébrée à la basilique Saint-Pierre, devant une assistance réduite à 200 personnes en raison des jauges liées à la pandémie de coronavirus. La tradition des baptêmes d’adultes avait également été suspendue. Cette année, le pape a baptisé sept catéchumènes, provenant d’Italie, des États-Unis, d’Albanie et de Cuba.
Le pape a néanmoins laissé la présidence de cette liturgie au cardinal Re certainement en raison de son état de santé. Souffrant du genou et gêné dans sa marche, le pape François avait déjà renoncé à présider les vêpres et le Te Deum à la basilique Saint-Pierre, le 31 décembre 2021, ainsi qu’une messe pour le 400e anniversaire de la canonisation de saint Ignace à l’église du Gesù, le 12 mars 2022. Mais dans ces deux cas également, il avait assuré la lecture de l’homélie. (cath.ch/imedia/cv/mp)
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