Le pape dénonce les campagnes de diffamation dont il est victime

Dans une lettre manuscrite adressée le 7 avril 2022 au journaliste argentin Gustavo Sylvestre, le pape dénonce les campagnes de désinformation dont il est l’objet dans son pays d’origine. En lui reprochant de ne pas avoir dénoncé frontalement les exactions russes en Ukraine, certains médias argentins ont en effet accusé le pape de complaisance avec Vladimir Poutine. 

Le pape n’échappe pas au climat de polarisation et d’agressivité qui caractérise la vie publique en Argentine. Il s’en agace ouvertement dans une lettre adressée au journaliste Gustavo Sylvestre, célèbre animateur de radio et de télévision dans le pays natal du pape, qui lui avait adressé un courrier de soutien après une campagne de presse agressive à son égard. 

«Dans ces informations, on retrouve toujours certains des péchés dans lesquels les journalistes ont tendance à tomber : désinformation, calomnie, diffamation et coprophilie (qui éprouve un attrait morbide pour les excréments NDLR)», s’agace le pape argentin. «Et on me dit que certains des auteurs d’articles sont payés pour cela. Triste ! Une vocation aussi noble que celle de la communication ainsi salie», écrit le pontife dans la lettre personnelle envoyée au journaliste argentin, qu’il remercie pour sa solidarité et son soutien.

Complexité du contexte politique argentin

Ce message est une réponse à certains éditorialistes des médias liés à la droite argentine et à l’ex-président Mauricio Macri, qui reprochent au pape de rester silencieux par rapport à l’offensive russe en Ukraine. Ces attaques s’inscrivent dans le contexte politique spécifique de l’Argentine, où la droite et les milieux d’affaires considèrent le pape comme un allié du président de gauche actuel, Alberto Fernandez.

Entre 2007 et 2013, les relations entre le cardinal Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires, et Mauricio Macri, alors maire de Buenos Aires, étaient notoirement glaciales. Elles le sont restées après leurs élections respectives au Siège de Pierre et à la présidence de l’Argentine, Mauricio Macri ayant dirigé le pays de 2015 à 2019, avant le retour de la gauche au pouvoir.

Inversement, les relations autrefois difficiles entre le cardinal Bergoglio et Cristina Kirchner, présidente de 2007 à 2015 et vice-présidente depuis 2019, ont pris une tournure plus chaleureuse après l’élection du premier pape argentin. Ce changement de ton a suscité étonnement et agacement dans le camp conservateur, traditionnellement plus proche de l’Église. Dans son pays d’origine, les attaques contre le pape proviennent plus souvent de la droite, alors qu’il est plutôt populaire dans le monde associatif et syndical.

Soutien des évêques au pape François

Au nom de la conférence épiscopale, l’évêque de Nueve de Julio, Mgr Ariel Torrado Mosconi, a été chargé de prendre la défense du pape François: «u’ignore les raisons étranges, les intérêts ou les préjugés pour lesquels une grande partie des médias se sont focalisés sur les déclarations ou les silences du pape concernant la guerre en Ukraine», a-t-il écrit en exprimant son étonnement de lire que «dans certains cas, ils le désignent même comme complice des crimes et des atrocités qui y sont commis».

«Dans chacune de ses interventions sur le sujet, le Saint-Père a été on ne peut plus clair et n’a pas utilisé d’euphémismes : «crime», «atrocité», «barbarie», «sacrilège» sont des mots crus. Ils atteignent les esprits et les cœurs de la majorité bien plus que certains langages alambiqués et tendancieux de tant de «faiseurs d’opinion» du moment», assure-t-il. L’évêque argentin regrette donc que «ces opinions et condamnations du Saint-Père soient réduites au silence, biaisées ou manipulées ». 

Dans sa lettre à Gustavo Sylvestre, le pape évoque aussi, d’une façon relativement évasive, l’hypothèse d’un voyage en Argentine. « Certainement, j’aimerais visiter l’Argentine, surtout quand je me souviens de la visite ratée de novembre 2017», explique-t-il, en précisant que ce report était lié aux échéances électorales au Chili, qui l’avaient poussé à privilégier la visite de ce pays en janvier 2018. « Dieu dira quand je pourrai faire ce voyage », assure le pape.

I.MEDIA a compilé dans un dossier chronologique les diverses interventions et actions du pape François à propos de la guerre en Ukraine. (cath.ch/imedia/ cv/mp)

I.MEDIA

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