Évangile de dimanche: Qui nous roulera la pierre?

Ces femmes qui se rendent au tombeau de Jésus, au petit matin, portent la question que se pose chaque humain? «Qui nous roulera la pierre?» N’est-il pas vrai que notre vie est quelque fois écrasée par le malheur et l’angoisse? Face à ces événements qui semble tout ravager sur leur passage, la question est de taille. Qui va m’aider, qui va me sortir de là, de cette mort aux mille visages dont la froideur n’a rien de comparable. Des relations blessées, des deuils, des ennuis graves de santé, de la perte de sens de la vie, des familles éclatées… qui nous roulera la pierre?

L’Évangile ne manque pas de réalisme. La Résurrection de Jésus n’est pas un heureux évènement à commémorer. Elle est à vivre comme une expérience, ici et maintenant, pour que la Vie surgisse en nous. Pâques du Christ, passage de la mort à la vie ! Seulement, accueillir la Bonne Nouvelle de Pâques ne va pas sans consentir au mystère du mal et de la mort. En accompagnant ces femmes devant le tombeau, il y a lieu de ressentir comme elles l’effroi et le scandale de la mort de l’Innocent. Aujourd’hui, la terreur générée par cette guerre d’Ukraine donne à voir le mal destructeur et les victimes innombrables, déracinées et désespérées. Qui nous roulera la pierre face à l’innommable? Cette impuissance tenace sclérose parfois notre goût de vivre, notre courage et notre foi.

«Voilà le secret de Pâques: tout devient possible. Même la mort perd son pouvoir sur nous. Le Ressuscité l’a vaincue pour toujours.»

Arrivées au tombeau, ces femmes découvrent la pierre enlevée. Ébahies, saisies d’effroi, devant le mystère de l’absence, «elles passent, sans se rendre compte, d’une absence interdite à une absence offerte qui ouvre sur tous les possibles» comme l’écrit Paul Baudiquey.[1] Voilà le secret de Pâques: tout devient possible. Même la mort perd son pouvoir sur nous. Le Ressuscité l’a vaincue pour toujours.

L’aube pascale annonce un monde nouveau. Pour nous, croyants, tout est dit de notre vie. La vraie vie, celle que la mort ne peut détruire, est révélée en Jésus ressuscité. Cette vie-là n’est pas pour demain d’abord, elle est, aujourd’hui déjà, à notre portée comme l’accomplissement du plus profond de notre désir. Cette vie de plénitude, le Christ nous la donne en partage. L’Amour en est la figure infaillible. Toute notre existence trouve sa vérité dans ce passage de la mort à soi-même pour donner vie à nos proches, aux sœurs et aux frères qui se tiennent sur nos routes.

La Résurrection s’expérimente dans une façon de vivre pleinement, gratuitement et librement. Cette proposition audacieuse nous apprend à assumer notre histoire telle qu’elle est. Elle nous fait tourner le dos à un passé qui peut être lourd et aliénant. La lumière de Pâques ouvre des chemins nouveaux sur lesquels le Ressuscité lui-même nous précède.

Que Pâques ait lieu en chacune et chacun!

Bernard Miserez | Vendredi 15 avril 2022

[1] Baudiquey Paul, Pleins signes, Cerf, 1986


Lc 24, 1-12

Le premier jour de la semaine,
à la pointe de l’aurore,
les femmes se rendirent au tombeau,
portant les aromates qu’elles avaient préparés.
    Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau.
    Elles entrèrent,
mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus.
    Alors qu’elles étaient désemparées,
voici que deux hommes se tinrent devant elles
en habit éblouissant.
    Saisies de crainte,
elles gardaient leur visage incliné vers le sol.
Ils leur dirent :
« Pourquoi cherchez-vous le Vivant
parmi les morts ?
    Il n’est pas ici,
il est ressuscité.
Rappelez-vous ce qu’il vous a dit
quand il était encore en Galilée :
    ›Il faut que le Fils de l’homme
soit livré aux mains des pécheurs,
qu’il soit crucifié
et que, le troisième jour, il ressuscite.’ »

    Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites.
    Revenues du tombeau,
elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres.
    C’étaient Marie Madeleine, Jeanne,
et Marie mère de Jacques ;
les autres femmes qui les accompagnaient
disaient la même chose aux Apôtres.
    Mais ces propos leur semblèrent délirants,
et ils ne les croyaient pas.
    Alors Pierre se leva et courut au tombeau ;
mais en se penchant,
il vit les linges, et eux seuls.
Il s’en retourna chez lui,
tout étonné de ce qui était arrivé.

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