Vendredi, une famille russe et une famille ukrainienne doivent lire la méditation de la 13e station du Chemin de croix. «Parle dans le silence de la mort et de la division et apprends-nous à faire la paix, à être frères et sœurs, à reconstruire ce que les bombes auraient voulu détruire», supplieront-elles.
L’ambassadeur d’Ukraine près le Saint-Siège, Andrii Yurash, s’est le premier fendu d’un tweet le 12 avril 2022 dans lequel il exprime sa préoccupation concernant ce projet. «L’ambassade d’Ukraine auprès du Saint-Siège comprend et partage l’inquiétude générale en Ukraine et dans de nombreuses autres communautés à propos de l’idée de réunir des femmes ukrainiennes et russes pour porter la croix lors du Chemin de Croix de vendredi au Colisée», écrit l’ambassadeur ukrainien.
«Nous travaillons actuellement sur la question en essayant d’expliquer les difficultés de sa mise en œuvre et les conséquences possibles», ajoute celui qui a été nommé ambassadeur près le Saint-Siège le 3 mars dernier et qui a présenté ses lettres de créance au pape François le 7 avril.
«Une telle idée est inopportune, ambiguë, et telle qu’elle ne tient pas compte du contexte de l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine», a déclaré l’archevêque majeur de l’Église gréco-catholique, S.B. Sviatoslav Shevchuk, dans un communiqué publié le 12 avril. Selon lui, «les textes et les gestes de la treizième station de ce chemin de croix sont incohérents et même offensants» dans le contexte actuel.
Le prélat ukrainien a déclaré avoir transmis au Vatican les nombreuses réactions négatives de « nombreux évêques, prêtres, moines, religieuses et laïcs » qui considère que de tels gestes ne seront possibles «que lorsque la guerre sera terminée et que les coupables de crimes contre l’humanité seront justement condamnés».
Le nonce apostolique en Ukraine, Mgr Visvaldas Kulbokas, a confirmé à la presse ukrainienne avoir transmis ces réactions négatives au Vatican le 12 avril, déclarant qu’il partageait l’idée que «la réconciliation doit venir quand l’agression est terminée». Il a cependant souligné le fait que la prière n’était pas un acte politique.
Le représentant du pontife a laissé entendre qu’il était toujours possible que le Saint-Siège en vienne à changer la forme de ce «signe». «Attendons de voir la version finale», a-t-il conclu. L’ambassadeur ukrainien près le Saint-Siège a mis en avant l’intervention du nonce sur Twitter, exhortant le Saint-Siège à écouter «ses nombreux arguments».
Réagissant à cette sortie, le prêtre jésuite Antonio Spadaro, un proche du pape, a expliqué sur la chaîne italienne Rainews24 que le pape François était «un pasteur» qui «annonçait l’Évangile». «Il n’est pas un parti politique […] Nous avons besoin de quelqu’un qui donne un signe prophétique en ce moment», a ajouté le responsable de la revue La Civiltà Cattolica. (cath.ch/imedia/hl/ag/bh)
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