Jesus Colina pour I.MEDIA
L’ancien préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral a tenu à présenter ce projet qu’il a accompagné pendant son mandat achevé en décembre. Devant une soixantaine de représentants du monde de la finance, il a expliqué qu’il était nécessaire d’»aider les investisseurs en leur offrant des conseils cohérents avec la foi et la doctrine sociale de l’Église».
«Il y a un grand besoin de déterminer, formuler, découvrir, discerner les valeurs» qui doivent être prises en compte dans le monde des investissements financiers. Pour la doctrine sociale de l’Église, a-t-il souligné, la valeur centrale est la dignité de la personne qui trouve son origine dans le fait que toute personne humaine est créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’objectif des instruments d’investissement financier doit être de «promouvoir la dignité de chaque personne, de toutes les personnes, c’est-à-dire le bien commun».
Dans ce but, Values’ Metrics s’appuie à la fois sur des critères ESG (pour «Environnement, Social, Gouvernance») qui mesurent l’impact environnemental, social et de gouvernance des entreprises et sur des critères ISR (pour «Investissement Durable et Responsable»). Ces outils d’évaluation des investissements se sont largement imposés ces dernières années dans le paysage financier comme des instruments d’analyse éthique, notamment à l’initiative du mouvement «Économie du bien commun», défendu par le Prix Nobel Jean Tirole.
Le concept de Value s’ Metrics est né de l’initiative, entre autres, de Maurizio Grifoni, président de Fon.Te., un fonds de pension pour les employés des entreprises du secteur des services en Italie qui est venu présenter cet instrument au Vatican. Selon lui, avec les problèmes environnementaux, la pandémie et maintenant la peur que suscite la guerre en Ukraine, le monde de la finance comprend de plus en plus qu’il «doit redécouvrir sa capacité régénératrice et non plus spéculative».
La mission de la finance est de «contribuer à créer une économie du bien commun». Cependant, il reconnaît que les critères ESG existant aujourd’hui sont souvent différents voire parfois contradictoires, ce qui crée beaucoup de confusion. Il a notamment évoqué le cas du «greenwashing«, une stratégie de communication trompeuse visant à se donner une image de responsabilité écologique.
Pour Maurizio Grifoni, Values’ Metrics offre à la finance internationale et à ses investisseurs des critères d’évaluation «pour créer une nouvelle économie». «Les investissements doivent tenir compte non seulement des bénéfices, mais aussi de l’impact social et environnemental, afin de promouvoir un modèle de développement véritablement durable, conforme aux principes qui préservent le bien commun vers une écologie intégrale».
Paolo Bersani, associé de Pwc Italia, a de son côté expliqué qu’il est aujourd’hui «nécessaire de donner des références concrètes aux entreprises et aux entrepreneurs pour comprendre comment faire des affaires tout en protégeant le bien commun, en s’inspirant des encycliques du pape».
Les paroles du pontife, «nous amènent à réfléchir à la nécessité de vivre dans un monde plus durable», a noté Carlo d’Asaro Biondo, PDG de Noovle. Les investisseurs doivent dans cette perspective s’efforcer «de respecter certaines règles de vie, notamment l’importance de la sauvegarde de l’environnement, dans le but de garantir un meilleur avenir aux générations futures». (cath.ch/imedia/mp)
I.MEDIA
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