Le charismatique chanoine du Grand-Saint-Bernard, bibliste et guide de montagne, très connu et apprécié dans le canton, fait l’objet d’une plainte pénale pour viol sur mineure, rapporte le 7 avril 2022 le quotidien valaisan Le Nouvelliste.
Selon les informations du journal, la victime, adolescente d’environ 16 ans à l’époque des faits, est désormais une quinquagénaire résidant dans la région. Les faits remonteraient donc à plus de trente ans et sont prescrits.
La congrégation avait révélé le 8 novembre 2021 la paternité de ce chanoine, devenu grand-père il y a deux ans. «Il a parlé de sa paternité avec le supérieur de l’époque. Lui-même et la mère de l’enfant n’avaient pas l’intention de se marier. Ils ont souhaité tous les deux que notre confrère poursuive son ministère», avait détaillé le prévôt Jean-Michel Girard. Dès lors, le confrère a été autorisé à rester dans la communauté. Il n’a pas reconnu l’enfant, mais le voyait régulièrement et a veillé à sa prise en charge.
Ces révélations ont suscité un vif émoi en Valais où le chanoine est connu et apprécié tant par les fidèles que par ses confrères. Pour l’évêque de Sion Jean-Marie Lovey, qui fut longtemps prévôt de la congrégation du Grand-Saint-Bernard, «ces situations sont bouleversantes pour tout le monde». «Pour les victimes, pour les personnes sous enquête, pour leurs connaissances, pour les paroisses et pour les communautés concernées. Moi-même, je le vis comme un choc», a-t-il confié au Nouvelliste.
D’après le journal valaisan, il y aurait plusieurs autres victimes. «Cette dame va parler et ses accusations sont vraies», assène un prêtre valaisan très au fait de l’affaire et qui estime que l’abuseur présumé «minimise».
«Certains de ces manipulateurs et prédateurs s’enferment dans le déni. Des indemnisations financières peuvent être demandées par les victimes et participent à la réparation», a indiqué de son côté Sylvie Perrinjaquet, présidente la Commission indépendante Ecoute-Conciliation-Arbitrage-Réparation (CECAR), vers laquelle la plaignante s’est tournée.
Jean-Michel Girard informe cath.ch que la plainte est parvenue à la communauté via la CECAR en janvier 2022. «L’affaire a été gardée confidentielle, parce que la plaignante voulait gérer elle-même la communication», souligne le chanoine. La diffusion de la nouvelle dans la presse indique qu’une fuite a toutefois eu lieu. Entre-temps, la communauté du Grand-Saint-Bernard a lancé une enquête canonique. Un devoir qui lui revient selon le droit canon. Dans ce genre de cas, si le soupçon d’abus sexuels apparaît vraisemblable, l’affaire est référée à la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), à Rome. Jean-Michel Girard précise que cela a été le cas et que le dossier a déjà été transmis au Vatican. Après examen de l’affaire, la CDF peut autoriser un procès canonique local. Les sanctions peuvent aller jusqu’au renvoi de l’état clérical.
Le prêvot du Grand-Saint-Bernard précise qu’une seule plainte a été déposée et qu’il n’a pas connaissance d’autres cas. Il confirme que la plaignante est en contact avec la communauté. Cette dernière serait prête à entrer en matière sur une éventuelle prise en charge psychologique ou spirituelle. Mais en l’occurrence, la victime «a l’air solide» et ne l’a pas demandé.
Le chanoine affirme que la nouvelle a provoqué un important sentiment de désolation dans la communauté. «Nous en parlons beaucoup entre nous, je pense qu’il est important de communiquer lorsque de tels cas se produisent». Malgré les profondes blessures causées par ces révélations, Jean-Michel Girard est content que la lumière puisse être faite. «C’est un chemin important, à la fois pour que la victime puisse être reconnue dans sa souffrance et que l’auteur entame une remise en question». (cath.ch/nv/mp/rz)
Rédaction
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