René Brülhart est l’ancien président de l’Autorité d’information financière (AIF), une institution réformée par le pape en décembre 2020 et désormais nommée Autorité de surveillance et d’information financière (ASIF). Le Suisse, âgé de 50 ans, a dirigé cette instance de lutte contre les activités illégales dans le domaine financier et monétaire au Vatican entre 2014 et 2019. Il a aussi été consultant pour les questions financières auprès de la Secrétairerie d’État avant de rejoindre l’AIF et a continué à exercer cette fonction par la suite.
«Je crois fermement que je n’ai commis aucun crime et j’ai été offensé de lire des accusations selon lesquelles j’aurais apporté des avantages à des personnes que je ne connais même pas», a-t-il affirmé lors de sa déclaration spontanée au début de l’audience. L’ancien vice-président du groupe Egmont – le forum international de lutte contre le blanchiment d’argent – est accusé par le tribunal du Vatican d’«abus de pouvoir».
Lors de l’audience, il a cependant principalement été interrogé sur un possible conflit d’intérêt lié à ses deux anciennes fonctions au Vatican. Contestant toutes les allégations à son encontre, le Suisse a déclaré que le pape François en personne était «au courant» de sa double casquette quand il l’a nommé à la présidence de l’AIF et a rappelé que cette entité n’avait pas de mandat concernant les fonds administrés par la Secrétairerie d’État.
Il a aussi assuré n’avoir jamais eu un « rôle exécutif ou opérationnel » dans l’opération de rachat de l’immeuble. Il a expliqué que l’AIF n’avait émis qu’un arbitrage «suggestif» mettant en relief les dangers concernant l’opération de rachat et a rejeté l’entière responsabilité sur la Secrétairerie d’État.
Concernant les cinq millions d’euros que l’intermédiaire Gianluigi Torzi – accusé d’extorsion – s’est vu verser par la Secrétairerie d’État afin qu’il leur cède le contrôle de l’immeuble de Londres, René Brülhart affirme avoir appris la nouvelle de la part de Mgr Mauro Carlino via WhatsApp, et ne pas avoir réussi à le joindre par la suite.
À noter que les échanges avec les différentes parties ont été rendus difficiles par le fait qu’il s’est exprimé en anglais et donc avec l’aide d’une traductrice.
Interrogé longuement lors de la précédente audience, Mgr Carlino a une nouvelle fois été questionné mais aucune véritable nouveauté n’a été apportée. Seul fait notable: une précision émise par la défense concernant un voyage à Londres lié aux négociations avec Gianluigi Torzi. Le promoteur de justice Alessandro Diddi s’était interrogé, lors de l’audience précédente, sur la participation de Mgr Carlino à ce déplacement.
Mgr Carlino a présenté un alibi très précis, expliquant s’être rendu en Campanie pendant cette journée, fériée au Vatican. Ce jour là, il aurait vu un de ses amis, déjeuné avec des religieuses et regardé à la télévision le match de football entre Padoue et sa ville d’origine, Lecce.
Lors de l’audience, le juge Giuseppe Pignatone a une nouvelle fois fait preuve d’un certain agacement face à la lenteur de la procédure et des interrogatoires. Celui de Tommaso Di Ruzza, ancien directeur de l’Autorité d’information financière, qui était prévu lors de cette audience, n’a pu être effectué, faute de temps. « Nous devons finir avant 2050, c’est mon espérance de vie et je suis probablement le plus vieux ici », s’est-t-il même exclamé, provoquant des rires dans la salle des Musées du Vatican aménagée pour le procès.
Pour aller de l’avant, le juge a annoncé un nouveau calendrier d’audiences. Celle prévue le 7 avril pendant laquelle le cardinal Angelo Becciu devait s’exprimer a été annulée en raison de l’indisponibilité des avocats de ce dernier. La prochaine audience aura lieu le 27 avril avec l’interrogatoire de Tommaso Di Ruzza. Le lendemain, 28 avril, ce sera au tour d’Enrico Crasso, principal gestionnaire du patrimoine de la Secrétairerie d’État, d’être interrogé.
Puis viendra la suite de l’interrogatoire du cardinal Becciu les 5 et 18 mai qui portera sur toutes les questions pas encore abordées – notamment celles concernant sa relation avec Cecilia Marogna, jusqu’alors protégée par le secret pontifical. Fabrizio Tirabassi, économe de la Secrétairerie d’État, devra enfin se soumettre à l’interrogatoire le 19 mai. Une audience supplémentaire est aussi prévue le 20 mai. (cath.ch/imedia/ic/cd/bh)
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/proces-de-limmeuble-de-londres-rene-brulhart-interroge/