Le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg a publié le 5 avril 2022, le rapport de synthèse d’une large consultation sur l’Église catholique, réalisée entre octobre 2021 et mars 2022, à travers les diocèses du monde entier, à la demande du pape François.
Cette consultation synodale a lieu à un moment de crises multiples pour l’Église et le monde: abus sexuels, pandémie, guerre en Europe, crise écologique, etc. qui révèlent le besoin urgent d’un renouveau ecclésial. Certains observateurs ont pointé le risque d’une telle démarche: que la consultation diocésaine tourne davantage au sondage d’opinions, au catalogue des doléances, à l’exercice référendaire qu’au discernement communautaire, à la lumière de la Parole de Dieu et dans la prière, relève le rapport.
Dans les contributions parvenues à l’équipe diocésaine, il ressort que l’Église à venir ne peut faire l’économie d’un examen de conscience sur les «pathologies» qui l’affectent. La critique se focalise autour de la figure du prêtre et de l’autorité institutionnelle : cléricalisme, abus de pouvoir, méconnaissance du réel, etc. Pour éviter de tomber dans ces travers, les participants rappellent l’importance de solliciter tous les baptisés (y compris les prêtres) et de les écouter avant de prendre des décisions, note le communiqué du diocèse.
Restaurer la confiance envers l’Église, retrouver le sens de l’Évangile, créer des communautés fraternelles, confessantes et priantes mais surtout accueillantes pour les jeunes et les personnes blessées, oser une parole prophétique, telles sont quelques-unes des attentes qui émergent de cette consultation.
La remise en cause de la conception verticale de la gouvernance dans l’Église, avec des curés ou des prêtres tout puissants, revient de manière récurrente. Il s’agit d’accepter que des baptisés, y compris les femmes, puissent participer à la gouvernance de l’Église, dans ses divers domaines d’activités. Si des voix se sont exprimées en faveur de l’abolition du célibat obligatoire pour les prêtres et l’ordination sacerdotale des femmes, ces revendications ne constituent pas le cœur de la consultation. Il s’agit plutôt de dépasser l’opposition clercs-laïcs
Le besoin de lire et de partager la Parole de Dieu au sein de groupes bibliques plus nombreux émerge également. Dans le même sens, les fidèles de demandent une catéchèse plus exigeante et des homélies mieux préparées et plus nourrissantes.
Le rapport revient aussi sur l’importance des relations œcuméniques et interreligieuses. On note que les collaborations sont assez faciles avec l’Église réformée, mais plus difficiles avec les évangéliques.
Le participants espèrent aussi voir l’Eglise «se mouiller davantage dans les questions de société comme l’écologie, la migration, les inégalités…»
> Retrouvez l’interview de Philippe Becquart auteur de la synthèse du rapport <
Le rapport final d’une trentaine de pages est disponible sur le site du diocèse. Il sera remis prochainement à la Conférence des évêques suisses. Les contributions de tous les diocèses suisses seront présentées lors d’une assemblée synodale nationale, le 30 mai à Einsiedeln. Elles seront enfin envoyées à Rome d’ici le 15 août 2022. Ce processus débouchera sur le Synode sur la synodalité rassemblant des évêques du monde entier, en 2023.
L’équipe diocésaine de coordination ne compte pas s’arrêter là. Cette consultation marque une première étape des transformations pastorales de l’Église diocésaine, explique-t-elle. Elle invite les participants de la consultation à s’approprier la synthèse et à poursuivre les échanges. (cath.ch/com/mp)
Maurice Page
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