«Je suis ici pour vous dire que je suis proche de vous». Quatre mois après avoir rencontré des migrants dans un camp de réfugiés de Lesbos à l’occasion de son voyage en Grèce, le pape François a adressé les mêmes paroles aux réfugiés accueillis dans le centre «Jean XXIII Laboratoire de la Paix».
En arrivant dans ce lieu, le pape a pris le temps de saluer les personnes accueillies dans ce «laboratoire de la paix» fondé en 1971 par un franciscain. Le centre a pour vocation l’accueil des demandeurs d’asile en promouvant la solidarité, les valeurs de partage et de justice et en offrant une assistance médicale.
Après avoir écouté les témoignages de deux migrants africains, c’est par une déclaration d’amour que le pape a souhaité débuter son discours: «Depuis le jour où je suis allé à Lampedusa (au tout début de son pontificat en 2013, ndlr), je ne vous ai jamais oubliés. Je vous porte toujours dans mon cœur et vous êtes toujours présents dans mes prières».
Citant les Actes des Apôtres, il a ensuite rappelé la vocation particulière de Malte dont la tradition d’accueil remonte au temps de saint Paul. Après avoir fait naufrage, l’apôtre fut recueilli avec «une rare humanité» par la population de l’époque. «Je souhaite à Malte de traiter toujours de cette façon ceux qui débarquent sur ses côtes», a insisté le chef de l’Église catholique.
Le pape a alors souligné le caractère souvent tragique des traversées en Méditerranée. Il a cité le cas d’un naufrage survenu la veille au large de la Libye. Plus largement, il a aussi évoqué le cas des réfugiés fuyant la guerre «sauvage» en Ukraine, mais aussi ceux qui quittent leur terre en Afrique, en Amérique et en Asie. Et de citer plus particulièrement les Rohingyas.
Le pape a mis garde contre un autre naufrage qui pourrait advenir si l’humanité continuait de ne pas voir le drame des migrants: «le naufrage la civilisation». Il a répété par deux fois que les droits fondamentaux de millions de migrants sont régulièrement violés, «parfois malheureusement avec la complicité des autorités».
Pour se prémunir de ce naufrage, les hommes devraient selon lui aborder le phénomène migratoire en «regardant les gens non pas comme des numéros, mais pour ce qu’ils sont», c’est-à-dire, «des visages» et des «histoires», «des frères et des sœurs». Il faudrait dès lors que chacun se mette à la place de ces migrants et s’imagine que «ce pourrait être moi, mon fils, ou ma fille».
La réalité des migrations est un « signe des temps où la civilisation est en jeu ». Et pour les chrétiens, a insisté le pape, «il en va aussi de la fidélité à l’Évangile de Jésus qui a dit: «J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli»».
S’adressant plus particulièrement aux réfugiés, il leur a confié un «rêve». «Puissiez-vous, migrants, après avoir vécu un accueil riche d’humanité et de fraternité, devenir personnellement témoins et animateurs d’accueil et de fraternité», a-t-il lancé.
Car pour le pontife, les blessures du déracinement, une fois cicatrisées, peuvent devenir un patrimoine très précieux» pour l’humanité. Il les a ainsi invités à être aujourd’hui les témoins des «valeurs humaines essentielles pour une vie digne et fraternelle». (cath.ch/imedia/hl/bh)
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