Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a officiellement invité le pape François à se rendre dans sa ville assiégée, le 8 mars 2022. L’invitation a été transmise à la Secrétairerie d’État du Saint-Siège par le nonce apostolique en Ukraine, Mgr Visvaldas Kulbokas. Mais dans un récent entretien accordé au magazine italien Famiglia Cristiana, le diplomate a expliqué pourquoi un tel voyage lui semblait impossible pour l’heure.
«Ce serait beau et d’une grande signification d’avoir le pontife parmi nous mais j’ai longuement réfléchi avec les évêques et, malheureusement, il n’est pas du tout facile d’organiser une visite dans cette situation», a souligné Mgr Visvaldas Kulbokas.
Et d’expliquer: «C’est une chose d’arriver à Kiev avec des précautions et des moyens sûrs, comme certains dirigeants européens l’ont fait pour avoir des réunions confidentielles et essayer de faire avancer les négociations. Une autre consiste à imaginer une visite presque secrète et clandestine du pape. Ce n’est pas possible. Un minimum de trêve serait indispensable tant pour le pape que pour le peuple qui devrait participer à la prière avec lui. Sans ces conditions minimales, actuellement difficiles à atteindre, la sécurité de tous serait mise en péril».
La probabilité d’un voyage à Kiev dans les conditions actuelles est donc très faible. Lors du vol le conduisant à Malte, le pape François a rappelé que deux cardinaux de la Curie se sont rendus en Ukraine pour manifester son soutien: le cardinal Krajewski, aumônier apostolique, et le cardinal Czerny, préfet ad interim du Dicastère pour le service du développement humain intégral.
À noter que, la veille du départ du pape pour Malte, ce dernier a reçu le président de la République de Pologne au Vatican qui l’a invité dans son pays. Une manière selon Andrzej Duda pour que le pape rencontre les centaines de milliers de réfugiés ukrainiens accueillis en Pologne.
Une source diplomatique contactée par I.MEDIA juge toutefois qu’un tel voyage pourrait être mal perçu par le pouvoir et l’orthodoxie russes. Le Saint-Siège romprait avec son attitude qui consiste à rester un médiateur possible pour un dialogue entre les parties ukrainienne et russe.
«Le pape ne peut pas aller visiter une partie de ce conflit sans aller visiter l’autre», glisse cette source. La diplomatie vaticane cherche toujours à respecter cet équilibre ténu. Ainsi, au moment de la guerre des Malouines en 1982, Jean-Paul II s’était rendu à la fois au Royaume Uni, du 28 mai au 2 juin, et en Argentine, du 11 au 12 juin. (cath.ch/imedia/hl/gr)
I.MEDIA
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