Dans sa pétition le HDP demandait la création d’une commission de surveillance afin de contrôler les activités des missionnaires chrétiens en Inde. La Cour Suprême estime que l’initiative «n’est pas dans l’intérêt public» et qu’elle «trouble l’harmonie» entre les communautés.
La pétition avait déjà été rejetée l’an dernier par la Haute Cour de Madras, ce qui n’a pas empêché le HDP de la présenter à nouveau devant la Cour Suprême. En rejetant la demande de l’organisation hindoue, la Cour a également averti le HDP qu’une amende sera imposée s’il présentait encore une requête similaire.
La pétition affirmait que des individus « antisociaux et anti-nationaux » convertissent de force des personnes de l’hindouisme à d’autres religions, et en particulier au christianisme. Le pétitionnaire proposait, »afin de renforcer l’unité, la souveraineté et la stabilité de l’Inde, que tous les missionnaires chrétiens soient contrôlés ainsi que leurs revenus. »
Les juges de la Cour Suprême ont répondu que de telles initiatives ressemblent davantage à un coup publicitaire, qu’elles ne visent pas l’intérêt public et qu’elles troublent plutôt l’harmonie entre les communautés.
Dans une affaire distincte introduite par un membre du BJP (Bharatiya Janata Party), le parti du Premier ministre Narendra Modi, la Cour a également décidé que les hindous peuvent bénéficier d’une protection en tant que « minorité » dans les États indiens où la majorité appartient à d’autres groupes religieux. Les hindous sont minoritaires dans six États indiens – Arunachal Pradesh, Manipur, Mizoram, Meghalaya, Nagaland et Punjab – et dans trois territoires de l’Union indienne – Jammu et Cachemire, Ladakh et Lakshadweep.
La décision de la Cour Suprême a été saluée par le père Cedric Prakash, un jésuite basé au Gujarat, dans l’ouest de l’Inde. «Les droits et les libertés constitutionnelles légitimes de tous les citoyens – en particulier les minorités – doivent être soutenus et protégés par le gouvernement et par la justice » a-t-il réagi. La pétition de nationalistes hindous était bancale pour deux principales raisons. «Tout d’abord, il s’agit d’une violation directe de l’article 25 de la Constitution, qui garantit que chaque citoyen indien bénéficie du droit fondamental à la liberté de conscience, d’expression et de religion »,
Deuxièmement, la législation actuelle offre assez de garanties contre les abus ou détournements de la loi par un groupe ou un individu – quelle que soit sa religion.
Selon le Père Prakash les minorités, en particulier les chrétiens et les musulmans, sont diabolisées et dénigrées comme jamais auparavant. Pour lui, des groupes comme Hindu Dharma Parishad sèment la discorde en calomniant les minorités dans la seule intention de détruire la laïcité indienne, et il faut les en empêcher sans délai. (cath.ch/eda/mp)
Maurice Page
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