Les réseaux tels que les Frères musulmans, nés en Egypte, ou la Ligue islamique mondiale (LIM), financée par l’Arabie saoudite, ont moins pris pied en Suisse que dans d’autres pays, note le CSIS. Le centre interfacultaire de l’Université de Fribourg assure que ces acteurs internationaux y ont même perdu de leur influence ces dernières années. Alors même qu’ils ont joué un rôle important dans la création et la mise sur pied de plusieurs mosquées et associations musulmanes.
L’étude inédite du CSIS a exploré le lien entre les relations transnationales et les réseaux locaux, en mettant l’accent sur les communautés musulmanes arabophones en Suisse. La principale conclusion du rapport est que des associations faîtières organisées au niveau cantonal occupent désormais des fonctions de représentation importantes vis-à-vis des milieux politiques, des médias, des Eglises et de la société.
Une grande partie des associations examinées sont nées dans les années 1970 et sont désormais multilingue. Si certaines sont davantage tournées vers l’intérieur, d’autres entretiennent des relations étroites avec les autorités, les écoles et les Eglises. «La grande mosquée de Genève est ainsi fortement imprégnée du contexte politique en Arabie saoudite, mais laisse néanmoins la place à des groupes de femmes et à un enseignement religieux axé sur la réalité de la vie en Suisse», note le CSIS. L’exemple d’une mosquée à Zurich montre aussi une gestion transparente du financement par les Emirats arabes unis, émanant de relations d’hommes d’affaires.
L’étude met en évidence le fort dynamisme des organisations musulmanes en Suisse. Les communautés musulmanes se sont diversifiées bien au-delà des réseaux transnationaux et ont développé des activités, telles que la formation, la direction de mosquées et l’accompagnement spirituel. Les réseaux transnationaux ne trouvent que partiellement leur place dans les dynamiques et les structures locales.
L’étude réfute ainsi la vision générale d’un islam piloté par l’étranger en Suisse et démontre la nécessité d’une analyse minutieuse des relations transnationales, distinguant les dimensions personnelles, idéologiques et institutionnelles. Les débats de société et la politique des cantons en matière de religions ont par ailleurs une grande influence sur les communautés musulmanes. (cath.ch/com/rz)
Raphaël Zbinden
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