Silvana Bassetti/ECR
L’autorisation pour l’assainissement et la transformation du bâtiment, délivrée par les autorités, est désormais en force et les travaux ont démarré, annoncent la paroisse du Sacré-Cœur et l’Église catholique romaine-Genève (ECR-GE), partenaires du vaste projet de rénovation. La durée du chantier est estimée à deux ans pour un coût de reconstruction devisé à 21 millions de francs.
Alors que les façades extérieures de l’édifice n’ont pas été endommagées par les flammes et ne subiront pas de modification, le grand défi du projet a été de réinventer l’espace intérieur (environ 4.550 m3), presque entièrement détruit, pour créer un lieu de vie, de collaborations et de ressourcement ouvert sur la cité. Dans une volonté d’ouverture, d’accueil et de dialogue, le futur Sacré-Cœur abritera bien plus qu’une église.
«Nous voulons bâtir une église de notre temps, ouverte à chacune et chacun, un lieu de participation, de collaborations multiples et de synergies fécondes. L’enjeu est aussi de renouveler les modalités d’une présence de l’Église au cœur de la cité et de provoquer la rencontre», expliquent Philippe Fleury, président du conseil de la paroisse francophone du Sacré-Cœur, propriétaire des lieux, et Dominique Pittet, Secrétaire général de l’ECR.
«L’inauguration du chantier est une étape importante, attendue depuis longtemps et c’est avec une grande émotion que nous donnons le coup d’envoi aux opérations d’assainissement et de transformation de ce bâtiment historique », souligne M. Fleury.
La Maison d’Église au Sacré-Cœur sera l’adresse de trois entités distinctes: la paroisse francophone du Sacré-Cœur, la paroisse catholique de langue espagnole (PCLE) de Genève, déjà présente avant l’incendie, et l’ECR-GE. À terme, en effet, les collaboratrices et collaborateurs du Vicariat épiscopal quitteront les locaux de la rue des Granges, en vieille-ville, pour descendre à Plainpalais. L’équipe pastorale et le personnel administratif de l’Église catholique ne seront pas seuls à déménager. De nombreux services pastoraux (les pastorales des jeunes, des familles, du monde du travail…), actuellement disséminés en différents emplacements, emménageront également dans la Maison d’Église, nouveau lieu de travail et de rencontre de la centaine de collaborateurs de l’ECR.
«L’Église est constamment appelée à se réinventer pour répondre aux enjeux des mutations sociales, aux besoins des catholiques et des Genevois dans leur ensemble. Réunir en un seul site les collaborateurs de l’administration, de l’équipe pastorale et de différents services favorisera de multiples synergies, de nouvelles collaborations et initiatives », souligne Dominique Pittet. Les nombreux espaces d’accueil prévus par le nouvel aménagement ouvrent également des perspectives pour organiser de multiples événements, cultuels, spirituels ou culturels.
La rénovation de l’espace liturgique, confiée à l’architecte français Jean-Marie Duthilleul, est au cœur du projet, qui plonge aux racines du mot «Église» pour faire revivre «l’ecclésia», l’assemblée du peuple.
Le nouveau lieu de culte, qui occupera toujours le rez-de-chaussée, s’articulera autour d’un axe sacramentel de part et d’autre duquel les bancs pour les fidèles se feront face, plutôt que d’être alignés les uns derrière les autres comme dans une salle de spectacle. «Cette configuration en amande permettra aux fidèles de faire corps autour du Christ. Elle souligne la dimension communautaire et la pleine participation du Peuple de Dieu aux célébrations», explique l’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal.
La proposition de Jean-Marie Duthilleul a été incluse dans le travail de son collègue Christian Rivola de l’atelier Ribo+, à qui a été confiée la réalisation de l’ensemble du projet. L’autel, le baptistère, l’ambon, table de la Parole, et un olivier naturel, l’arbre biblique par excellence, planté en pleine terre, seront disposés le long de l’axe sacramentel qui se terminera par une croix monumentale.
Le projet porte une vaste ambition: devenir un carrefour vivant au cœur de la ville, un lieu d’accueil, de collaboration et de ressourcement, un lieu pour prier, célébrer, boire un café, se rencontrer.
Située dans un quartier de bureaux et universitaire, la Maison d’Église au Sacré-Cœur s’inscrira en effet dans un désir de rencontre avec les Genevois. C’est dans cette optique, qu’un restaurant ouvert à tous verra le jour côté Place de Neuve, de même que plusieurs salles modulables ouvertes au public et à la location pour des réunions, des conférences, des fêtes, des concerts ou des expositions.
La lumière sera le principe unificateur de cette multiplicité d’espaces et d’activités, explique l’architecte Christian Rivola: «Dans notre réflexion, nous avons voulu donner à ce bâtiment un nouveau centre, physique et spirituel, connecté au ciel et à la terre, grâce à une colonne de lumière qui descendra depuis le toit jusqu’à la crypte, au sous-sol, avec une ouverture vitrée de 120 m2 sur le faîte. Cet axe vertical reliera la terre au ciel et sa lumière inondera l’espace au travers des quatre niveaux de l’édifice».
Plus de 68 % des 21 millions de francs requis pour la rénovation sont aujourd’hui couverts notamment par les assurances et les donations privées. L’aménagement intérieur de la Maison d’Église est devisé quant à lui, à 2,255 millions de francs, pour lesquels l’ECR a démarré en 2021 une campagne de levée de fonds spécifique auprès de donateurs privés (institutions et particuliers). À ce jour, le 50 % de la somme a pu être collecté. Cette campagne est toujours ouverte et s’adresse à toute la collectivité genevoise.
«Nous remercions chaleureusement l’ensemble des institutions et des personnes qui soutiennent ce vaste projet par leur générosité. C’est grâce à leur engagement qu’aujourd’hui nous pouvons donner le coup d’envoi aux travaux pour bâtir la future Maison d’Église, un lieu phare au cœur de la cité», insistent Philippe Fleury et Dominique Pittet. (cath.ch/ecr/bh)
Le Sacré-Coeur en quelques dates
–1859 Construit en 1859, l’édifice qui abrite l’église du Sacré-Cœur est un ancien temple maçonnique.
-1873 Il a été racheté par les catholiques en 1873 pour accueillir la paroisse Saint-Germain, chassée de son église par les catholiques libéraux. C’est à cette date que le temple de la Plaine de Plainpalais devient l’église du Sacré-Cœur.
-1958 En 1958, la communauté catholique de langue espagnole intègre les lieux, aux côtés de la paroisse francophone du Sacré-Cœur.
-2018 Le 19 juillet 2018, l’église est ravagée par les flammes. Les dommages sont immenses.
–Fin 2020 Dépôt de la demande pour l’assainissement et la transformation du bâtiment.
–2022 Mars 2022 début des travaux de rénovation.
–2023-24 ? Inauguration de la Maison d’Église du Sacré-Cœur.
Rédaction
Portail catholique suisse
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